Le 21 janvier, Le Monde vendait son pied de page de Une à Gallimard pour une pub… des « mémoires provisoires » [1] du ministre de l’Économie Bruno Le Maire :
Peut-être que le « quotidien de référence », faisant fi des qu’en dira-t-on, fait le pari de l’avant-garde littéraire. C’est que, comme nous le précise le célèbre critique Bruno Jeudy dans Paris Match, « le ministre-écrivain renoue avec un genre [le récit du pouvoir] dans lequel sa plume excelle. » Excusez du peu ! À moins que, dans les pas de leur consœur du Point – dont la citation d’attachée de presse est placardée sur la pub de Gallimard – la rédaction du Monde mette en valeur un outil privilégié pour « nous amene[r] dans les coulisses du pouvoir et nous aide[r] à comprendre un monde secoué de manière irréversible »...
Mais gageons plutôt que c’est un autre critère qui est entré en jeu – que nous pourrions résumer plus simplement : l’argent n’a pas d’odeur. Et si à l’actif, la régie publicitaire du Monde obtient rétribution pécuniaire de la cession d’une partie de la Une du titre – avec ou sans droit de regard de la rédaction ? – au passif, elle contribue à faire du quotidien un journal-sandwich pour ministre en fonction. Bilan ? Un Monde exemplaire.
Maxime Friot
Post-scriptum : Profitons-en pour alerter Le Monde sur le fait que Gérald Darmanin publie le 3 février son « Manifeste pour la laïcité » [2]. Histoire de s’assurer que le service marketing du journal lui trouve un petite place en pleine page de Une : pas de jaloux !