Les propos tenus ce mercredi 24 janvier 2018 par le député Robin Reda à destination de Yaël Braun-Pivet [1], la présidente de la Commission des lois, ont, à juste titre, retenu l’attention et suscité la réprobation de nombreux médias.
D’autres paroles, prononcées par Yaël Braun-Pivet au cours de cette séance, méritent aussi d’être relevées :
« Je termine [on la voit prendre son téléphone portable] sur ce point par, voilà, en fait je suis un petit peu énervée parce que j’ai eu un SMS tout à l’heure d’un média qui me demandait de suspendre la Commission des lois pour que l’un des deux rapporteurs puisse aller en plateau, et je trouve cela particulièrement scandaleux et je tenais à vous le dire. »
Nous savions que des médias dominants et leurs annonceurs ont le pouvoir de définir les horaires de compétitions sportives pour maximiser les audiences et vendre « du temps de cerveau humain disponible ».
Nous apprenons désormais qu’un représentant d’un média peut se sentir légitime de se comporter comme s’il était le DRH de la Commission des lois de l’Assemblée nationale.
À quand l’ordre du jour de l’Assemblée nationale fixé par les directeurs des programmes des principales chaines de télévision ?
En avril 1963, lors d’un journal télévisé, le ministre de l’information venait présenter la nouvelle formule du journal télévisé de la seule chaîne de télévision existant alors en France. Force est de constater que, 55 ans plus tard, la « définition » des relations entre les médias et le pouvoir politique est toujours un enjeu de luttes. Avec la création de plusieurs dizaines de chaines de télévision et après plusieurs décennies de mise en scène médiatique de la vie politique, les grands médias ont plus que fait évoluer en leur faveur leur position face à des gouvernants devenus avides de notoriété et de communication audiovisuelle. Tant et si bien que des éditocrates peuvent désormais impudemment suggérer de court-circuiter le fonctionnement institutionnel pour assurer la qualité et la continuité du spectacle !
Denis Souchon