Fin juillet est sorti le « traditionnel » numéro d’été des Inrocks « spécial sexe » :
On peut lire dans l’éditorial de ce « numéro spécial », entre autres, ce qui suit : « Ce numéro est une façon pour nous de rappeler notre volonté de regarder toujours un peu à côté, là où la lumière est faible, là où les repères sont flous, là où le tout-est-possible règne en maître. [...] Parce que l’érotisme se glisse sur les chemins de traverse, en décalage permanent par rapport à une certaine “norme” en laquelle nous n’avons jamais cru. »
Pas normé, Les Inrocks ? On ne demande qu’à y croire… Après vérification [1], voici donc l’intégralité des « Unes » « spécial sexe » (depuis 2005) [2] :
Soit, si l’on compte l’édition de 2017, 19 personnes figurant sur 13 « Unes », parmi lesquelles 17 femmes et... 2 hommes.
Ainsi, et sans préjuger de la diversité des contenus, force est de remarquer que pour Les Inrocks, parler de sexe en étant « en décalage permanent » par rapport à la « norme », c’est tout de même mettre à la « Une », dans près de 90% des cas, des femmes nues et/ou dans des poses lascives, et jamais seulement un (ou des) homme(s). Des femmes nues aux corps blancs et sveltes : on suppose que c’est également par rejet de la norme que l’hebdomadaire ne donne à voir qu’une représentation calibrée, homogène et ainsi parfaitement exclusive des corps féminins.
Aux Inrocks, on ne croit peut-être pas à la « norme », mais on semble manquer cruellement d’imagination et on croit visiblement à certains clichés et à leurs vertus commerciales.
Julien Salingue et Pauline Perrenot
Post-scriptum : interrogé sur France inter à propos de ce déséquilibre hommes/femmes, Pierre Siankowski, directeur de la rédaction des Inrocks, s’est fendu de la réponse suivante : « On peut se dire que pourquoi pas l’an prochain, on se retrouve avec un homme nu de face en couv’ ». C’est bien noté.