« De nombreux lecteurs se plaignent de la place qu’occupe la publicité dans nos colonnes. La contradiction entre les textes du Monde diplomatique analysant de façon très critique la " pieuvre publicitaire " et la publication de pages entières d’annonces payantes existe, inutile de le nier. Notre objectif demeure de ne pas multiplier ces pages, de s’en tenir - comme nous l’avons fait et continuerons à le faire - à des recettes publicitaires non supérieures à 5 % de notre chiffre d’affaires (la moyenne de la presse généraliste est plus proche de 40 %), de refuser que notre dernière page soit proposée aux annonceurs, autant de " contraintes ", coûteuses, que la plupart des autres journaux ne s’imposent pas. Sensibles aux observations critiques de nos lecteurs, qui rejoignent le sentiment de certains d’entre nous, nous venons même de décider de ne plus proposer aux annonceurs la double page centrale. cette décision prendra effet à partir du numéro de mai.
La difficulté, c’est que, mois par mois, nos recettes publicitaires sont souvent très inférieures à 5 % aux alentours de l’été et donc sensiblement supérieures à ce seuil à l’automne (et ces derniers mois). Mais, globalement, le cap des 5 % reste tenu.
Pourrait-on vivre sans publicité, en augmentant le prix du numéro d’environ 15 %, ce qui rendrait Le Monde diplomatique assez cher ? En l’état actuel des choses, oui. Toutefois, ce serait sans marge de manœuvre financière, c’est-à-dire dans une situation relativement précaire si notre diffusion cessait de progresser (+ 11 % en 2001). Compte tenu de notre orientation rédactionnelle, les grands groupes industriels, médiatiques ou financiers ne nous feraient en effet guère de cadeau. Et d’ailleurs, dans cette hypothèse, nous ne leur en demanderions aucun.
Voilà donc les termes du choix que nous avons fait. Ils n’ont jamais compromis notre indépendance : les pages de publicité pour SFR (Vivendi) ou pour Renault ne nous empêcheront pas de publier comme nous l’avons fait des articles sur la (dure) condition des ouvriers de ...Renault Douai, les villes étouffées par l’automobile, la défense du bien public et de l’ " exception culturelle " contre les dirigeants d’entreprise qui accaparent l’un et dénigrent l’autre."