I. Du côté des journalistes, des médiacrates et de leurs œuvres
- La révolte des femmes journalistes s’étend – Mi-janvier, 77 femmes journalistes du Parisien ont candidaté collectivement à un poste de direction du journal pour protester contre l’absence de femmes à la tête du journal. Ce coup d’éclat symbolique a depuis fait des émules dans plusieurs rédactions françaises : des dénonciations similaires ont eu lieu à Ouest France et La Provence d’après Libération. Enfin, dans une tribune, 66 femmes journalistes à L’Obs ont dénoncé une direction de la rédaction « exclusivement masculine et [une] rédaction en chef ne [comptant] que deux femmes, pour quatre hommes », ainsi que l’inégalité flagrante des salaires entre hommes et femmes. Acrimed apporte évidemment son soutien à cette cause.
- Une France complotiste ? Emballement médiatique autour d’un sondage douteux – La France est complotiste ! C’est le message envoyé par un sondage – et les commentaires médiatiques afférents – réalisé par l’institut IFOP pour Conspiracy watch, un « observatoire du conspirationnisme ». Alors que les médias dominants et généralistes glosaient à n’en plus pouvoir sur cette France complotiste, usant parfois de biais dans la présentation même des résultats, un autre observatoire, celui des sondages, a révélé les nombreuses failles de cette étude. À commencer par sa méthode, l’enquête en ligne. Une voie qui représente « la pire méthode qui soit en matière d’enquête par sondage. » Notamment parce que « l’impossibilité de vérifier réellement les qualités des sondés (sexe, âge, csp, etc.) autorise tous les doutes sur la représentativité des échantillons déjà mise à mal par leur caractère spontané. » Les questions posées, les réponses proposées, l’absence de définition claire de complotisme figurent également parmi les critiques émises par l’Observatoire des sondages à l’encontre de cette étude. Cette analyse critique en deux parties est à lire ici et là.
- Retour chahuté de Frédéric Haziza sur LCP – Accusé d’agression sexuelle par une journaliste de LCP, Frédéric Haziza avait été suspendu, en fin d’année, de la chaîne. « LCP-AN l’avait suspendu le 21 novembre et ouvert une enquête interne après une plainte d’une journaliste de la chaîne, Astrid de Villaines, pour agression sexuelle » relate Le Monde. Mais, début 2018, Frédéric Haziza a finalement été réintégré. La rédaction de la chaîne a alors exprimé son mécontentement par le vote d’une motion de défiance contre la direction, incarnée par Marie-Eve Malouines et Éric Moniot. Suite à la réintégration de Frédéric Haziza, Le Monde et France Info se sont retirés de l’émission de LCP-AN, « Questions d’info », présentée par Haziza.
- Le Média est lancé – Le Média, une web télévision « engagée en faveur des causes sociales et écologiques », a été lancé le 15 janvier dernier. Acrimed était invitée à la soirée de lancement, le 11 octobre 2017. Le nouveau titre présente un journal télévisé tous les soirs de semaine et publie des articles sur son site. Nous reviendrons prochainement sur cette initiative.
- Une déprogrammation très politique à France 3 Lyon – La troisième partie d’une enquête consacrée au bilan du président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez a été annulée au dernier moment par la direction de France 3 Lyon. D’après Libération, « ce choix de dernière minute a donné lieu le lendemain, (...) à une conférence de rédaction matinale “assez houleuse”, aux dires d’un salarié, au cours de laquelle la rédaction en chef a reconnu un “coup de fil de Laurent Wauquiez, très énervé” au sujet du deuxième épisode portant sur la gestion financière de la collectivité ». En réaction, les salariés de France 3 Lyon ont voté massivement une motion de défiance à l’encontre de la rédaction en chef et de la direction. Selon Le Parisien, la semaine suivante, la direction a finalement décidé de reprogrammer le reportage en question, mais en l’accompagnant d’un droit de réponse de Laurent Wauquiez...
- La Voix du Nord refuse désormais la relecture des entretiens politiques – Dans un éditorial paru mi-janvier, le rédacteur en chef du quotidien régional La Voix du Nord a annoncé que son journal refuserait désormais la relecture des interviews de personnalités politiques : « Si certains des interviewés jouent le jeu en corrigeant à la marge des aspects techniques, la relecture est devenue un exercice de réécriture pour la plupart. Dernièrement, on nous a renvoyé un texte totalement “caviardé”, coupant des réponses qui avaient été faites et ajoutant des questions qui n’avaient pas été posées ! La pratique de l’interview nécessite qu’on bouscule un peu les intéressés sans les piéger. La spontanéité de leurs réponses est un élément important. À quoi bon publier des propos polis, lissés, rabotés, aseptisés par des communicants ? » Une décision sans doute très saine pour la qualité du débat politique. D’autant plus que, d’après un billet de France culture, cet exercice de relecture systématique serait une fâcheuse spécificité française, et n’aurait donc rien d’une fatalité.
- Grève à France Info et à L’Équipe – Les attachés de production de France Info, des travailleurs de l’ombre qui préparent les émissions, ont entamé une grève illimitée depuis le 17 janvier 2018. « Face à l’évolution de leur métier dans le contexte d’une chaîne d’info continue, ils demandent la création d’un nouveau statut reconnaissant leur travail » relate Télérama. Concrètement, « les attaché(e)s de production de la station réclament donc deux choses : la création d’un nouveau métier spécifique à leurs fonctions, celui de “programmateur d’info”, de même niveau de qualification que les chargés de programme ; et une homogénéisation des salaires (les plus faibles tournent autour de 1 400 euros net). » Une grève a aussi éclaté au sein des salariés du Groupe L’Équipe (L’Équipe, France football, Vélo magazine) contre une énième plan de suppressions de poste. Nous avons consacré un article à cette grève.
- Licenciement politique programmé du directeur de la rédaction de L’Obs – Une couverture de L’Obs critiquant la politique migratoire d’Emmanuel Macron pourrait coûter sa place au directeur de la rédaction Matthieu Croissandeau. C’est du moins la rumeur insistante relayée par de nombreux médias fin janvier. Parmi eux, Libération révèle que « la nouvelle patronne de L’Obs, Dominique Levy-Saragossi, a rencontré plusieurs journalistes susceptibles de remplacer Croissandeau. Le retour de Claude Askolovitch, qui fait actuellement la revue de presse matinale sur France Inter, est une possibilité largement évoquée dans les couloirs du magazine. » Après les réactions indignées de plusieurs ministres contre cette couverture représentant Emmanuel Macron derrière du fil barbelé, le fondateur du journal a lui aussi critiqué publiquement cette une dans une mise au point publiée sur le site de L’Obs. En réponse, Matthieu Croissandeau a lui aussi dû publier une mise au point dans laquelle il justifie le recours du magazine à un visuel provocateur. Ironie de l’histoire, Matthieu Croissandeau était déjà fragilisé depuis la large adoption d’une motion de défiance contre lui par la rédaction du journal en 2016. Le motif de cette motion de défiance ? Le licenciement politique – déjà… – de celle qui était alors directrice adjointe de la rédaction du journal, Aude Lancelin [2].
- Emmanuel Macron part en guerre contre (certaines) fausses informations – Revoilà les « fake news » sur le devant de la scène... française, cette fois. Le président de la République Emmanuel Macron a en effet déclaré vouloir « faire évoluer notre dispositif juridique pour protéger la vie démocratique de ces fausses nouvelles » en particulier lors des périodes électorales. Comment ? En passant par la justice : « En cas de propagation d’une fausse nouvelle, il sera possible de saisir le juge à travers une nouvelle action en référé permettant le cas échéant de supprimer le contenu mis en cause, de déréférencer le site, de fermer le compte utilisateur concerné, voire de bloquer l’accès au site Internet » a déclaré le Président de la République selon Le Monde. Le gouvernement souhaite aussi renforcer le rôle de chien de garde du paysage médiatique que tient le CSA, dont les pouvoirs « seraient accrus pour lutter contre toute tentative de déstabilisation par des services de télévision contrôlés ou influencés par des États étrangers. » – une référence implicite à RT France, l’antenne française de la chaîne publique russe Russia Today. De nouveaux outils juridiques qui permettraient« de refuser de conclure des conventions avec de tels services », de « suspendre ou annuler » ces conventions « en prenant en compte tous les contenus édités par ces services, y compris sur Internet. » Cette initiative pose de multiples questions, à commencer par son utilité. Le Monde rappelle en effet qu’en France, la loi de 1881 sur la liberté de la presse punit déjà « la publication, la diffusion ou la reproduction, par quelque moyen que ce soit, de nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées ou mensongèrement attribuées à des tiers lorsque, faite de mauvaise foi, elle aura troublé la paix publique, ou aura été susceptible de la troubler. » Par ailleurs, ce bel élan démocratique souffre d’un angle mort. Certainement par oubli, le président de la République n’a en effet pas abordé la question des « fausses nouvelles » produites par des médias très respectables. De son côté, la Commission européenne a annoncé elle aussi vouloir mettre en place « une stratégie pour lutter contre les fake news depuis Bruxelles. » selon Euractiv.
II. Du côté des entreprises médiatiques et de leurs propriétaires
- L’audiovisuel public bientôt dirigé par une seule personne ? – Tout à sa volonté de « réformer » l’audiovisuel public français qui lui fait « honte » [3], Emmanuel Macron a livré quelques pistes concernant sa « gouvernance ». D’après Le Journal du dimanche, « l’un des points clés du projet de loi actuellement en préparation porte en effet sur le mode de nomination des PDG. Actuellement désignés par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), ceux-ci pourraient à l’avenir être nommés – sur le modèle britannique – par le conseil d’administration ou le conseil de surveillance d’une holding chapeautant les sociétés de télévision ou de radio publiques (Radio France, France Télévisions, l’INA ou encore France Médias Monde). » Une seule et même personne dirigerait donc tout le secteur public de l’audiovisuel : « Dans cette hypothèse, le “super-PDG” appelé à prendre les rênes d’un audiovisuel public rassemblé sous une même bannière jouerait les premiers rôles » ajoute le JDD.
- Suppression non financée de la pub dans les programmes pour enfants à la télévision publique – La publicité sur les programmes destinés aux enfants de moins de 12 ans est interdite depuis le 1er janvier sur les chaînes du service public. Cette loi attendue depuis longtemps est présentée comme une mesure de santé publique car la publicité à destination des enfants « exerce une forte influence sur leurs choix en matière de jouets, de produits de divertissements, de nourriture et encourage notamment des préférences alimentaires nocives pour leur santé ainsi que la dépendance aux marques. » Nous pourrions nous contenter d’applaudir cette interdiction mais elle n’est pas sans conséquence pour les chaînes du service public. Comme le rappelle Fernando Malverde, journaliste à France 3 et élu CGT au CCE de France Télévisions, dans un entretien avec Acrimed, cette mesure fait perdre 20 millions d’euros de ressources financières à l’audiovisuel public. Si le premier texte de loi proposé en juillet 2015 avait bien prévu de compenser ces pertes financières par la création d’une taxe additionnelle sur le tabac, cette disposition est supprimée dès octobre 2015. Les chaînes privées, qui diffusent les deux tiers des programmes jeunesse sont, pour leur part, épargnées par cette interdiction au motif qu’elles dépendent uniquement des ressources publicitaires et que ce manque à gagner pourrait mener à la disparition des programmes jeunesse. Soutenue par de nombreux parlementaires, la loi vise donc à réaffirmer l’« exemplarité du service public ». Il ne faut pourtant pas en déduire, que la “jeunesse” suivant les programmes des chaînes privées est la proie captive des annonceurs : Corinne Bouchoux, rapporteure du texte, rassure les parents inquiets en précisant dans son rapport que « les auditions menées […] ont également permis de mettre en évidence la forte mobilisation des diffuseurs et des annonceurs afin de promouvoir une autorégulation professionnelle du secteur », et que le CSA veille en produisant chaque année un rapport et des recommandations. Nous voilà (presque) convaincus.
- Mathieu Gallet démis de la présidence de radio France – Le président de Radio France était accusé d’avoir passé des contrats de communication et de conseil (pour un montant de 400 000 euros) sans appel d’offre lorsqu’il était encore président de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Mi-janvier, il a finalement été condamné à 20 000 euros d’amende et un an de prison avec sursis. Dans le jugement dévoilé par Libération, on peut notamment lire que « tous les témoignages convergent vers une volonté constante de Mathieu Gallet de se détacher des obligations en matière de marchés publics (...). Mathieu Gallet était suffisamment au fait des choses en ce domaine pour agir sciemment comme il l’a fait. » Ce dernier a annoncé faire appel de cette décision. Si la décision d’un éventuel limogeage de Mathieu Gallet appartient légalement au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), trois ministres (la ministre de la culture Françoise Nyssen, le ministre de l’économie Bruno Lemaire et la ministre de la justice Nicole Belloubet) ont appelé publiquement à sa démission, au nom de « l’exemplarité » du service public. Le président de Radio France a été entendu par le CSA le 29 janvier, qui a donné sa décision définitive deux jours plus tard : Mathieu Gallet a été démis de ses fonctions. C’est la première fois que le CSA utilise ce pouvoir. Selon Le Monde, « le CSA doit désormais nommer un successeur, un processus qui prendra plusieurs mois. En attendant, c’est le doyen des administrateurs de Radio France nommés par le CSA qui assurera l’intérim à la tête du groupe public. Il s’agit de Jean-Luc Vergne, 69 ans, ancien DRH de plusieurs grands groupes (Sanofi, Elf Aquitaine, PSA, BPCE), qui n’avait pas d’expérience de l’audiovisuel avant d’intégrer le conseil d’administration de Radio France, fin 2016. » Le CSA n’en a peut-être pas terminé avec Mathieu Gallet, car d’après Le Canard enchaîné du 31 janvier, il a menacé de défendre son cas jusqu’au Conseil d’Etat. Quoi qu’il en soit, cet événement aura au moins permis d’illustrer l’inutilité crasse d’un « Comité d’éthique » de Radio France aux abonnés absents pendant toute l’affaire…
- France Télévision renouvelle (chèrement) ses logos – Dans une dépêche de l’AFP publiée fin janvier, France Télévisions a annoncé une refonte de tous ses logos, en précisant que « la conception de cette nouvelle charte graphique, confiée aux agences Movement (habillage) et Joosnabhan (stratégie de la marque), a coûté 90 000 euros, ainsi que 50 000 pour les droits d’utilisation ». Mais d’après Le Canard enchaîné du 31 janvier, la facture devrait plutôt monter à plus de 500 000 euros : « Le groupe a simplement oublié de citer l’appel d’offres, lancé en avril 2017, pour le “déploiement” [du nouveau logo] (...) Et encore, ledit “déploiement” ne concerne que les antennes et les sites Internet. Il faudra passer à nouveau à la caisse pour repeindre les camions, les façades et les gadgets des 5 chaînes nationales, des 24 stations locales de France 3, sans oublier les 9 antennes d’outre-mer. » Ainsi, le prix réel de cette opération ne pourra être évalué clairement qu’a posteriori...
- Presstalis, au bord de la faillite, menace toute la presse papier – Presstalis, qui distribue les quotidiens nationaux et 75 % des magazines dans les kiosques, est en grave difficultés financières. À tel point que l’entreprise a décidé unilatéralement de conserver 25 % des revenus des éditeurs de journaux qu’elle distribue pour faire face à sa carence de trésorerie. En réponse, nombre de petits éditeurs, qui ne figurent pas ou n’ont pas un grand poids au sein du conseil d’administration de l’entreprise, ont annoncé leur mécontentement. Ainsi, Canard PC s’est fendu d’un article expliquant qu’« être privé du jour au lendemain d’un quart de son chiffre d’affaires est un coup très dur. » Il ajoute que cette situation « crée un déséquilibre extrêmement difficile à absorber et beaucoup de petits titres risquent de ne pas s’en relever. » D’où vient le problème ? Libération explique qu’en « plongeant à grande vitesse, le marché de la presse papier rend son équation financière impossible » en prenant l’exemple d’un « camion plein de journaux ou à moitié plein coûte la même chose. » Libération explique dans un autre article que « les ventes des journaux membres de Presstalis vont être taxées chaque mois à hauteur de 2,25 % jusqu’en juin 2022 », ajoutant que « cette contribution n’est que la première étape d’un plan de transformation de la société Presstalis, qui pourrait passer par des suppressions de postes et des cessions d’actifs, et être accompagné d’une intervention financière de l’État. »
- Avant les élections européennes, le gouvernement manipule le temps d’antenne des partis – Le projet de loi relatif à l’organisation des élections européennes de mai 2019, présenté au conseil des ministre début janvier, propose de changer la répartition du temps d’antenne des spots de campagne des différentes formations politiques dans les médias audiovisuels. Jusqu’ici, les deux tiers du temps d’antenne global dévolu à ces spots étaient réservés aux partis ayant un groupe à l’Assemblée nationale et/ou au Sénat. D’après Marianne, « plutôt que de chercher à atténuer ce déséquilibre, le gouvernement d’Édouard Philippe a choisi… de l’accentuer. Comme l’a remarqué La Lettre A, ce projet de loi prévoit en effet que ces deux heures réservées aux partis parlementaires seront désormais réparties… au prorata, selon le poids des groupes parlementaires. Ce qui avantagera mécaniquement les coalitions qui disposent des plus gros groupes parlementaires, la République en Marche-MoDem et Les Républicains. Selon nos calculs, LREM, allié au MoDem, passerait ainsi de 20 minutes à… 51 minutes de temps de propagande dans l’audiovisuel public. Soit une augmentation de temps de propagande de 155 %, grâce à leurs 382 parlementaires. (...) Les Républicains passeraient eux de 20 à 32 minutes d’antenne. » D’après le même calcul, le Front national passerait de 5 à 29 minutes, tandis que la France insoumise passerait de 20 à 2 minutes de temps d’antenne...
- La convergence télécom/médias fait douter SFR – L’entreprise télécom du milliardaire Patrick Drahi a changé partiellement son fusil d’épaule en annonçant mi-janvier l’abandon de ses droits sportifs (Champion’s League et Europe League). D’après Le Figaro, « l’opérateur télécom n’a pas réussi à démontrer que l’addition des droits audiovisuels attractifs pouvait à la fois augmenter le revenu et diminuer le taux de désabonnement des abonnés à des forfaits de téléphonie siglés SFR. » Il s’agit d’un échec pour la convergence télécom/médias, une stratégie des opérateurs visant à remplir les infrastructures de télécommunications (les « tuyaux ») avec leurs propres contenus médiatiques. Toujours d’après Le Figaro, l’opération permettrait de réaliser 600 millions d’euros d’économie, « ce qui lui permettra de montrer un profil financier plus favorable auprès des investisseurs. » Un bol d’air frais pour la maison mère Altice, encore au bord du gouffre en novembre dernier [4]...
- Médiapart entre au capital de Marsactu – Le site indépendant Marsactu, spécialisé sur les enquêtes et la politique marseillaise, a réussi une levée de fonds de 121 300 euros début janvier. Selon Le Figaro, cette opération a notamment abouti à l’entrée d’un autre média en ligne indépendant, Mediapart, au capital de Marsactu, à hauteur de 12 %. D’après un communiqué du site marseillais cité par le Figaro, « Il s’agit de la consolidation d’un partenariat qui se concentrait jusqu’à présent sur des productions éditoriales communes ponctuelles ».
- Mediawan devient le premier producteur de fiction télé en France – Le fond d’investissement de Xavier Niel, Matthieu Pigasse (déjà propriétaires du Groupe Le Monde) et de Pierre-Antoine Capton, Mediawan, a racheté mi-janvier trois société de production télévisée : Mon voisin productions, Makever et le pôle télévision d’EuropaCorp. D’après Le Monde, « L’ensemble de ces acquisitions, d’un montant qui avoisinerait les 40 millions d’euros, devrait se finaliser au premier trimestre. (...) Il devient ainsi le leader français dans l’univers de la fiction devant le groupe Lagardère (en termes d’heures de fictions produites en “prime time”). »
- La Marseillaise prêt à supprimer la moitié de ses effectifs – Le quotidien régional La Marseillaise, historiquement proche du Parti communiste, est en difficulté depuis des années. D’après France 3, la direction du quotidien a présenté fin janvier « un nouveau plan social aux syndicats prévoyant la suppression de 44 emplois sur 85 ». Pour le représentant du SNJ-CGT, l’ampleur de cette saignée fait émerger des doutes « sur la pérennité du journal ». La Marseillaise est actuellement en redressement judiciaire, pour la deuxième fois en trois ans…
- Challenges condamné pour infraction au secret des affaires – L’hebdomadaire économique Challenges a été condamné mi-janvier par le tribunal de commerce pour avoir révélé dans un article qu’un administrateur judiciaire avait été nommé dans une grande entreprise. D’après le Canard enchaîné du 31 janvier, Challenges a dû retirer l’information de son site et ne peut plus rien publier sur le sujet « sous astreinte de 10 000 euros par infraction constatée ». L’hebdomadaire satirique s’interroge sur le bien fondé de cette condamnation : « Certes, les procédures de conciliation et de mandat ad hoc revêtent un caractère confidentiel… pour les parties prenantes ! En quoi cela engage-t-il un journal ? La divulgation de cette information contribue à “l’information du public sur une question d’intérêt général”, a plaidé Challenges, rappelant que les difficultés financières de la société avaient déjà fait l’objet de nombreux articles. Où débute et où s’arrête le secret des affaires ? » Challenges a fait appel de cette condamnation.
Jérémie Fabre, Benjamin Lagues et Elsa Tremel, grâce au travail d’observation collective des adhérent·es d’Acrimed