Que Manuel Valls et ses partisans, ainsi que d’autres candidats à la présidentielle (et leurs partisans), aient opposé le « réalisme » de leurs propositions à « l’utopisme » de celles de Benoît Hamon relève d’un débat public et de confrontations partisanes sur lesquels la critique des médias telles que nous la concevons n’a rien à dire. Mais que cette opposition (dont le simplisme frappe par son indigence) soit reprise et validée, voire amplifiée, par une cohorte quasi-unanime de journalistes et d’éditorialistes, mérite que l’on s’y attarde : parce que, en reprenant l’argumentaire des adversaires d’un candidat, le procès médiatique en « utopisme » contribue à tenter de le disqualifier. Et peu nous importe, en l’occurrence, de savoir quel est le « bon » candidat, doté du « bon » programme : quand l’éditocratie est, à quelques nuances près, frappée d’unanimité, sa mobilisation met à nu la place qu’elle occupe et le rôle qu’elle joue : délimiter soigneusement le périmètre du « cercle de la raison », du dicible et du pensable.
Avant le premier tour de la « primaire de gauche »
Focalisés sur l’affrontement programmé – par les sondages – entre Arnaud Montebourg et Manuel Valls, les éditorialistes et les « grands » journalistes politiques n’ont guère jugé nécessaire de concéder un peu de leur temps à Benoît Hamon avant le premier tour (le 22 janvier). À noter tout de même, ce commentaire (précurseur) de Jean-Michel Aphatie dans un billet de blog publié le 11 janvier :
Dans cet océan de faiblesses, Benoît Hamon apparaît comme un homme fort. D’abord, il respire la sincérité, et il est un peu le seul, en développant les positions dont il a peu varié au fil des ans. Ensuite, il témoigne d’une certaine originalité, ce qui est toujours bien vu dans un électorat socialiste qui développe depuis ses origines une aptitude particulière aux rêves et aux chimères. Pour autant, ceci ne suffit pas à transformer Benoît Hamon en candidat crédible. Ni ses expériences politiques passées, ni même ce qu’il a montré de sa psychologie, ne permettent de le regarder comme un chef, un patron, c’est à dire un futur président de la République. Sa cote de sympathie actuelle, qui semble réelle, résulte plus de l’hypocrisie et de l’insignifiance de ses concurrents que d’une adhésion nette et franche à ses idées ou à sa personnalité.
Quelques jours plus tard, à l’occasion du débat organisé le 19 janvier entre les candidats à la primaire, le même Jean-Michel Aphatie, mais sur Twitter cette fois, analysait finement les propositions économiques de Benoît Hamon :
Une « analyse » reprise et complétée par Bruno Jeudy, de Paris Match et BFM-TV :
Deux éditocrates, une même idée : Benoît Hamon est le candidat du « rêve » et des « chimères » ; son programme est irréaliste car non-finançable. Ce que n’avait pas manqué de relever Christophe Barbier, de L’Express et BFM-TV, quelques jours plus tôt :
Et que ne manquera pas de relever, dans un style à peine différent, David Doukhan, le 20 janvier sur Europe 1, qui titre « Débat : la gauche réaliste contre la gauche utopiste » et commente : « Avec ce troisième débat, les concurrents ont enfin eu leur grande explication, car c’est bien de la fracture entre une gauche réaliste et visionnaire d’un côté, et une vision idéaliste et égalitaire de l’autre, dont il a été question. »
Quatre commentateurs seulement : cela pourrait laisser la place, que ceux-ci aient raison ou tort, à des commentaires divergents. Mais non : le décor est planté dès la fin de ce prologue.
Le soir du premier tour
Le dimanche 22 janvier, lorsque les premiers résultats sont annoncés (Benoît Hamon est en tête devant Manuel Valls), c’est à un véritable festival que l’on assiste sur les différents plateaux de télévision. Les experts, dont les bavardages font office d’arguments, sont unanimes à déplorer une éventuelle victoire de Benoît Hamon et s’improvisent docteurs ès Parti socialiste. Comme s’ils étaient des consultants, voire des membres, de ce parti.
Sur BFM-TV, Christophe Barbier s’improvise ainsi conseiller politique de Manuel Valls :
Valls a une seule chance, c’est de mobiliser tous ceux qui ne sont pas allés voter dimanche. […] Cette gauche-là elle peut être mobilisée par Manuel Valls s’il montre qu’avec Benoît Hamon, s’il démontre qu’avec Benoît Hamon, la gauche va vers un désastre électoral et que surtout le programme de Benoît Hamon ne tient pas la route. Ils ont été dépassés par la gauche plus jeune, plus radicale, plus utopiste aussi de Benoît Hamon. [2]
Toujours sur BFM-TV, Anna Cabana, qui officie également au Journal du Dimanche, est tout aussi catégorique :
Alors c’est pas la gauche dont on pense qu’elle va gouverner, c’est pas la gauche qu’on veut porter à la présidentielle. Ils ont choisi une gauche qui ne va pas gagner, c’est comme ça qu’on peut lire ce scrutin. [3].
Ruth Elkrief complète l’analyse de ses collègues de plateau, en inventant des citations de Benoît Hamon :
Moi, ce qui me frappe, c’est qu’il dit : « Je mets en avant la question sociale, la question écologique. Et qu’est-ce que je refuse ? Je refuse la question régalienne, la question de l’identité, la question de la religion et la question du terrorisme. » […] Et c’est ce qu’il dit, alors même que sort un livre dont on va beaucoup parler, qui s’appelle La France soumise et qui démontre qu’il y a un problème d’un islam politique qui veut miner les fondements de notre république laïque et égalitaire notamment entre les femmes et les hommes. [4]
Trois déplorations : un « désastre électoral » annoncé, « une gauche qui ne va pas gagner » et un candidat qui refuse(rait) de parler de « la question du terrorisme ». Trois déplorations d’experts en réalisme, spécialistes réputés du Parti socialiste, qui s’inquiètent d’un éventuel « irréalisme » et d’une éventuelle défaite du PS à la présidentielle. Au nom et au bénéfice de qui ?
Ces inquiétudes indignées ne sont pas particulières à BFM-TV. Un petit tour, le même soir, sur France 2, confirme en effet que l’éventuelle victoire de Benoît Hamon provoque partout les mêmes accès de révolte, bien qu’ils soient d’intensité variable, comme permet de le vérifier un Franz-Olivier Giesbert au meilleur de sa forme :
Hamon c’est quelqu’un qu’on peut qualifier de social-populiste. Vous le voyez, vous, au deuxième tour ? C’est impossible ! Vous le voyez même arriver avec un score raisonnable au 1er tour de l’élection présidentielle ? C’est absolument impossible, en face il y a la montagne Mélenchon qui est pratiquement indestructible. Vous voyez Benoît Hamon pour prendre des voix sur le terrain de Mélenchon ? Mais faut être dingue ! [5]
Et de poursuivre, avec une assimilation du « social-populisme » de Benoît Hamon à « une sorte de trumpisme de gauche » :
On va mettre des murs partout, le souverainisme, un programme économique surréaliste… Hamon c’est exactement la ligne. On met des frontières, on reconstruit des frontières et un programme économique totalement surréaliste sinon dadaïste. [6]
Il faut dire que Laurent Delahousse lui avait tendu la perche, même s’il ne pouvait pas imaginer que Giesbert irait aussi loin :
Franz-Olivier Giesbert, est-ce que le Parti socialiste va réussir à échapper à cette crise annoncée avec cette primaire ? La fracture est réelle, d’un côté il y a une gauche de frondeurs, d’utopistes diront certains… Et, de l’autre côté, on a Manuel Valls, héritier du quinquennat, qui souhaite évoluer vers quoi ? [7]
Voilà qui ouvrait grand la porte au procès en « utopisme », que Franz-Olivier Giesbert ponctuera d’une métaphore… audacieuse :
C’est à un suicide auquel on assiste au PS, une grande partie du PS… partie dans un monde de Bisounours, parle de réformes sans mettre d’argent derrière. [8]
Pour Bruno Jeudy, point de suicide ni de Bisounours, mais plus sobrement une « descente aux enfers » :
Du côté d’Arnaud Leparmentier, du Monde, la première position de Benoît Hamon, symptôme d’une « corbynisation » est rien moins qu’un « drame » :
Marquons une pause. Loin de nous l’idée de priver les commentateurs de leur droit de commenter et donc de critiquer. Mais on est en droit de s’inquiéter quand ils chassent en meute, commentent à sens unique sans informer et multiplient des interventions qui semblent directement inspirées des stratégies de communication et des « éléments de langage » des adversaires du candidat socialiste. Où l’on voit que le journalisme de commentaire est un proche cousin du journalisme de propagande, surtout quand il émane non d’un média ou d’un journaliste de parti-pris particulier, mais d’une cohorte de donneurs de leçons qui ressassent les mêmes « idées ». Des pratiques qui méritent d’être critiquées sans avoir à soutenir Benoît Hamon plus qu’un autre.
Entre les deux tours de la « primaire de gauche »
Entre le 22 et le 29 janvier, les éditorialistes vont ainsi rivaliser de formules-choc pour poursuivre l’entreprise de délégitimation de « l’utopiste » Benoît Hamon, opposé au « réaliste » Manuel Valls. Avec, comme on va le voir, un pluralisme confondant [9] :
– Laurent Joffrin résume l’alternative dans un éditorial de Libération : « D’un côté une social-démocratie avant tout réaliste, de l’autre un socialisme renouvelé et en partie utopique. La gauche qui gère contre la gauche qui rêve ».
– Vincent Giret, du Monde, décrète sur Franceinfo que « la gauche a décidé de se faire un shoot d’utopie et de rêve. Puisque c’est perdu, alors on se fait plaisir ».
– Didier Rose, dans les Dernière Nouvelles d’Alsace, fait dans l’originalité : « Hamon-Valls, c’est l’utopiste contre l’hyperréaliste » [10].
– Sylvain Courage, pour L’Obs, entérine l’opposition qu’il construit lui-même, sous le titre « Primaire à gauche : Hamon contre Valls, la schizophrénie des deux gauches », entre la gauche de la raison et la gauche du cœur : « Benoît Hamon, revenu universel, visa humanitaire et "VIe République" en étendard, flatte l’affect socialiste ».
– Bernard Stéphan, dans La Montagne, oppose – c’est le titre – « Le réel et le rêve » : « Si les électeurs veulent la gauche du réel, capable d’aller au second tour de l’élection présidentielle, ils voteront Manuel Valls. S’ils veulent rêver, avoir une candidature de témoignage, ils voteront Benoît Hamon. »
– Françoise Fressoz, dans Le Monde, entérine l’opposition dans le titre lui-même (« Primaire à gauche : « sérieux » et « utopistes » dans le même bateau ») et distingue finement deux socialismes : « l’un, résolument utopique, qui n’aime rien tant que l’opposition ; l’autre réaliste, qui prétend gouverner et accepte, à des degrés divers, la confrontation avec le réel ».
– Une opposition également mise en scène sur BFM TV le 24 janvier, lorsque Ruth Elkrief a interviewé successivement les deux qualifiés pour le deuxième tour :
- Original parmi les originaux, Christophe Barbier a entonné le même refrain dans un éditorial dont le titre est explicite (« Le revenu universel de Benoît Hamon, boulevard de l’utopie ») :
Il s’agit en fait de parachever la Révolution française : longtemps après la destruction des privilèges de la noblesse, le temps est venu d’une société où chacun est doté de l’attribut suprême des aristocrates, l’oisiveté. Le revenu universel, c’est le lendemain qui chante après la nuit du 4 août.
Et de poursuivre cette opportune analogie historique par cette évocation nuancée :
Épuisée, la social-démocratie enfante donc deux gauches de la modernité. Celle d’Emmanuel Macron, d’abord, qui n’est pas sociale-libérale, mais libérale-sociale, puisqu’il s’agit de créer des richesses pour ensuite les dépenser afin d’améliorer la justice dans la société. Pour que cela fonctionne, il faut travailler plus et plus nombreux. Celle de Benoît Hamon, ensuite, qui donne un peu à tous pour que personne n’ait rien, offre à ceux qui le veulent de travailler moins sans gagner moins et établit la justice sociale en taxant le capital. Ces deux gauches sont bel et bien irréconciliables.
– Pour Nicolas Beytout, de L’Opinion, Benoît Hamon n’est pas seulement un « rêveur » ou un « utopiste », mais un « prestidigitateur » :
Abracadabra : avec Benoît Hamon, les vieilles ficelles démagogiques sont ressorties et les recettes éculées réactivées. La réduction du temps de travail n‘a pas marché, la socialisation progressive par la redistribution des revenus a asphyxié l’économie, la fiscalité a écrasé l’initiative ? Pas grave : grâce à la magie du verbe, ce qui a échoué hier fonctionnera demain et le candidat du passé se transformera en homme neuf.
– Ivan Rioufol, du Figaro, tout en reprenant le raisonnement de ses confrères, ajoute sa petite touche personnelle (« Benoît Hamon, ou la victoire des autruches ») en accusant Benoît Hamon d’être « acquis à l’islam politique » :
Manuel Valls, qui arrive deuxième à l’issue du premier tour poussif (il a obtenu 31% des voix, contre 36% à son adversaire), a raison de prédire la défaite assurée de cette gauche utopique, immature, acquise à l’islam politique. Le gauchisme culturel, majoritairement soutenu par ceux, peu nombreux, qui se sont mobilisés hier (1,6 million de votants), est voué à l’échec. […] Hamon est la caricature du dirigeant hors-sol et démagogique, avec notamment son revenu pour tous à 750 euros par mois, sa politique construite sur l’imposition fiscale alourdie et son électoralisme en direction des minorités.
– Jean-Marc Sylvestre, ancien spécialiste de l’économie sur TF1 et LCI, désormais réfugié sur le site Atlantico, ne s’est pas borné à entériner l’opposition (résumée dans le titre : « Hamon-Valls, Le dialogue impossible entre l‘Utopie et la réalité »). Il a agité la menace du pire et sonné l’alarme :
Benoît Hamon, une fois de plus, propose de s’affranchir de la réalité européenne en passant outre les règles budgétaires et notamment la maitrise des déficits. Il est d’un laxisme presque supérieur à ce que propose Jean-Luc Mélenchon. Hamon ne veut pas comprendre que l’Union européenne nous sert à mutualiser le coût des dettes. […] S’affranchir des règles budgétaires et du code européen, reviendrait à quitter le club et ses avantages. Projet irréaliste, voire impossible. Dans l’histoire, les utopies ont très souvent tué les démocraties. La responsabilité du politique est donc de respecter la réalité, relever les défis que cette réalité impose. Si on ne respecte pas la réalité, elle se venge à chaque fois et c’est le peuple qui en paie le prix.
– Mais une fois encore, c’est Franz-Olivier Giesbert qui décroche la palme de la « formule choc », dans un éditorial publié sur le site du Point [11] la veille du second tour de la « primaire » :
À noter, enfin, quelques tweets bien inspirés pendant le débat opposant Benoît Hamon et Manuel Valls le 25 janvier :
Nous ne savions pas que le très droitier Éric Brunet, fidèle supporter de Nicolas Sarkozy, dont il avait prédit la victoire en 2012, puis lors de la primaire de la droite en décembre 2016, participerait à la « primaire de gauche ». Mais de toute évidence, entre le 22 et le 29 janvier, tout bon éditocrate devait, sinon afficher son soutien à Manuel Valls, du moins critiquer vertement Benoît Hamon jusqu’au second tour du scrutin.
Après le second tour
Et le soir de ce second tour fut l’occasion de rejouer le même spectacle, avec de nouveau des plateaux de télévision peuplés d’éditorialistes et de journalistes politiques visiblement désespérés par la victoire de Benoît Hamon, d’Anna Cabana (« L’inexpérience tient lieu de brevet de modernité ») à Hervé Gattegno (« Hamon a réussi l’exploit de défendre une politique qui n’apparaît pas très sérieuse d’une façon sérieuse ») en passant par Ruth Elkrief (« Il y a une part de revanche, Benoît Hamon, c’est l’un des licenciés, des frondeurs de ce quinquennat ») [12] et Nathalie Saint-Cricq, pour qui le courant politique représenté par Benoît Hamon est une gauche « idéaliste et irréaliste ». « Pédagogie » ou matraquage ?
Ce sont ces commentaires à sens unique que le SNJ-CGT a relevés dans un communiqué :
La soirée électorale de la primaire du Parti socialiste a été un moment inoubliable de télévision sur France 2, BFM ou i-Télé. Comme ce fut le cas lors du premier tour, il était difficile pour les éditocrates de cacher leur dépit, voire leur colère, devant la claire victoire de Benoît Hamon face à Manuel Valls.
Le pluralisme a été une nouvelle fois l’oublié des plateaux de télévision. Quasiment les mêmes têtes, toutes issues du « cercle de la raison » libérale nous sont offertes à chaque fois et les mêmes arguments sont déversés sans grand risque d’être contredits. Dans une expression rageuse ou vulgaire (Franz-Olivier Giesbert, Jean-Luc Mano, Eric Brunet), de droite libérale et/ou souverainiste plus ou moins outrancière (Agnès Verdier-Molinié, Natacha Polony, Nicolas Beytout), les commentateurs invités vont tous dans le même sens : ridiculiser, délégitimer tout projet politique de changement. […]
C’est insupportable pour le téléspectateur qui, lui, tente de comprendre la situation politique du moment, celle où tous les instituts de sondage (une fois de plus) sont désavoués par les électeurs, celle où tous les favoris sont balayés. Comment s’étonner que des commentateurs et des journalistes soient associés aux élites et à un système rejeté ?
Une pensée particulière pour Arnaud Leparmentier, décidément très chagriné par la « corbynisation » de la gauche française, comme il l’a fait savoir par un tweet quelque temps avant la proclamation des résultats :
Reste à savoir si une « bad news » est pire qu’une « fake news »…
Depuis lors, le chœur des éditocrates, qui ont pris acte de la victoire de Benoît Hamon (et de « leur » défaite ?), s’est mis à entonner un refrain à peine différent : il est temps pour Benoît Hamon de devenir « raisonnable » et d’endosser le « costume présidentiel ». Exemple parmi bien d’autres avec cet article de Bruno Roger-Petit, publié sur le site de Challenges, qui relate notamment la visite du candidat socialiste au Premier Ministre Bernard Cazeneuve :
Après son entrevue à Matignon, lundi après-midi, le candidat socialiste a jeté quelques mots aux journalistes présents. Un petit micro avait été posé là. Nu. Dépouillé. Squelettique. Sans majesté. Benoît Hamon s’est placé là, et a bafouillé une déclaration improvisée. On était bien loin de la représentation que l’on peut se faire d’un candidat crédible à la présidence de la République. Quand Bernard Cazeneuve, s’est à son tour adressé aux journalistes, un pupitre a été dressé pour l’occasion. Et le Premier ministre a lu ici une déclaration rédigée à la virgule près. En majesté. En autorité. En responsabilité. Le pouvoir, le vrai, c’était Cazeneuve. Le touriste, c’était Hamon. L’incarnation du pouvoir, c’est un métier. Et pour le moment, ce n’est pas celui de Benoît Hamon, qui a sans doute beaucoup à apprendre du soutien Hollande. Nul n’en doute.
Après avoir fait campagne contre Benoît Hamon en lui faisant un procès en « utopie » et en « irréalisme », la meute aurait-elle décidé de désormais lui donner des conseils pour qu’il progresse dans les sondages ? Décidément, tout est permis en éditocratie…
On l’aura compris : il est hors de question que nous opposions à la propagande médiatique notre propre contre-propagande (et que nous accordions notre soutien tacite ou explicite à Benoît Hamon ou à tel autre candidat). Seul nous importe – ici à travers le « cas » Hamon – le rôle de caste de l’éditocratie quand elle écrase sous le poids de ses partis-pris politiques convergents, grossièrement déguisés en expertises, le débat démocratique qu’elle prétend animer.
Julien Salingue (avec Henri Maler)