Bruno Roger-Petit, éditorialiste multicartes [1], ne se contente pas de donner chaque jour son avis à propos d’un « fait d’actualité » sur le site de Challenges [2] et d’intervenir régulièrement sur Europe 1 et i-Télé pour « débattre de politique » [3]. Il est aussi un éminent (?) spécialiste de football, ce qui lui vaut d’être régulièrement invité, entre autres, dans « 13h foot » (également sur i-Télé), et même d’avoir sa propre émission (« #BRP ») sur la chaîne Sport365.
Bruno Roger-Petit est également un adepte de Twitter. Celles et ceux qui « suivent » l’éditorialiste ont donc la chance de pouvoir bénéficier de ses nombreuses fulgurances (en 140 signes) à propos de l’actualité politique et sociale, mais aussi footballistique.
Le mercredi 15 juin, la France disputait son deuxième match de l’Euro de football, face à l’Albanie. Bruno Roger-Petit, comme à son habitude, s’est fendu de quelques tweets, forcément avisés. Pour celles et ceux qui n’auraient pas regardé la partie, il faut savoir que l’équipe de France n’a pas brillé durant l’essentiel du match, ce que n’a pas manqué de remarquer le spécialiste « BRP » en ironisant à propos des footballeurs tricolores. Et après environ 60 minutes de jeu, nous avons même eu droit à un pronostic :
Ou pas.
La suite est en effet désormais connue. Non seulement les Albanais n’ont pas inscrit de « but en contre » à la 80e minute, mais c’est l’équipe de France qui a marqué à deux reprises (à la 90e et à la 95e minute).
L’histoire aurait pu s’arrêter là, et nous n’en aurions pas voulu à Bruno Roger-Petit d’avoir commis une erreur : cela peut arriver à tout le monde.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Car le lendemain matin, quelle n’a pas été notre surprise en découvrant, sur le compte Twitter de « BRP », ceci :
Comprendre : Bruno Roger-Petit se moque, sur un ton hautain, du titre d’un article du Monde. Un « miracle », la victoire de l’équipe de France ? Pas du tout ! Il s’agit d’un « résultat logique » que le spécialiste « BRP » avait évidemment vu venir, lui qui « sait lire un match ».
N’est-ce pourtant pas un certain Roger-Petit Bruno qui « sentait » que l’Albanie allait « inscrire un but en contre » quelques minutes avant la fin du match ? [4] Pris d’un doute, nous sommes allés vérifier sur le fil de son compte Twitter. Et là, surprise (?) : certains tweets ont disparu, dont celui que nous avons reproduit ci-dessus.
« Miracle » !
Cet épisode peut sembler anodin. Mais il témoigne pourtant de la malhonnêteté effrontée d’un éditorialiste capable, alors qu’il a commis une erreur, non seulement de tenter d’en faire disparaître toute trace, mais aussi (et surtout !) de se poser ensuite en donneur de leçons au lieu de faire profil bas.
Et le cas de Bruno Roger-Petit n’est pas isolé : on pense ici par exemple, dans un autre genre, au cas récent de François Lenglet pris en flagrant délit de mensonge, pour ne pas dire de diffamation, lors du dernier DPDA : vidéo effacée du site de France Télévisions et « mise au point » en lieu et place d’excuses.
Pseudo-expertise, mauvaise foi et arrogance : ainsi va la vie de l’éditocratie.
Julien Salingue