Jeudi 29 septembre, Direct matin publiait, comme dans chacune de ses éditions, un encart « historique » sur des événements passés s’étant déroulés à la même date. Cette fois, le quotidien gratuit entendait revenir (entre autres) sur l’histoire espagnole, et plus précisément sur la date du 29 septembre 1936.
Problème : en quelques phrases, Direct matin réécrit l’histoire, comme l’a noté Marina Seder Colomina dans une publication sur les réseaux sociaux [1].
Le 29 septembre, Franco n’a pas été « élu à la tête de l’État » puisque l’Espagne est toujours, à cette date, une république avec un gouvernement élu par le peuple espagnol. Le président de la république était Manuel Azaña, et le premier ministre Francisco Largo Caballero.
En fait, Franco a été placé à la tête des militaires qui se sont soulevés contre la République lors du coup d’état du 18 juillet 1936. Cela a été acté par l’état-major putschiste par décret le 1er octobre 1936. L’autre partie de l’armée était restée fidèle à la république, même si de nombreux militaires républicains ont été emprisonnés ou tués.
L’autorité de Franco n’était « pas encore totale » ? Et pour cause ! Franco a pris le pouvoir en Espagne après trois ans d’une guerre sanglante, avec le soutien de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste.
Elle se « renforcera au fil des ans » ? Oui, au prix d’une répression féroce et du meurtre de ses opposants politiques dans l’armée comme dans la société espagnole. Et s’il a « gardé le pouvoir jusqu’à sa mort » c’est bien parce qu’il a mis en place un régime autocratique et dictatorial.
À prétendre faire de « l’histoire » en quelques lignes, on en arrive à la réécrire, jusqu’à « oublier » des « détails » qui n’en sont pas. « Ce texte est inacceptable, c’est un manque de respect pour toutes les personnes assassinées et opprimées par la dictature fasciste qui a touché l’Espagne pendant 40 ans » s’est indignée Marina Seder Colomina. À juste titre.
On ne pourra en outre s’empêcher de relever que quelques lignes plus bas, Direct matin rappelle que c’est le 29 septembre 1964 que le personnage de bande dessinée Mafalda faisait sa première apparition dans un journal argentin. L’équipe de Direct matin aurait sans doute mieux fait de s’inspirer de quelques planches de Mafalda, une fillette d’une lucidité déconcertante, qui n’a jamais hésité à dénoncer, elle, les dictatures [2].
Frédéric Lemaire