Le Pdg de l’AFP, Emmanuel Hoog, vient d’être reconduit pour trois ans par les membres du Conseil d’administration réunis le jeudi 4 avril. 13 voix pour, 2 abstentions, un score sans appel. Monsieur Hoog était arrivé à l’AFP, quasi-contraint, sous l’ère Sarkozy, il est maintenu sous la présidence Hollande par une réélection de maréchal en un seul tour.
Un homme « connu sur la place de Paris »
Sur ses relations, Le Monde daté du 3 mars nous apprend que M. Hoog « compte de nombreux amis dans les cercles du pouvoir… » dont, entre autres, Aquilino Morelle, conseiller du président Hollande, « avec qui il passe fréquemment ses vacances ». Ajoutons par ailleurs qu’il a de très bonnes relations au Ministère de la Culture.
Toujours selon le journaliste du Monde, M. Hoog avait d’autres jokers dans son jeu pour asseoir sa réélection : il connaît Denis Kessler, conseiller medias du Château et il a « travaillé » au cabinet de Laurent Fabius et à Bercy.
Bref, pour le quotidien vespéral, le Pdg bénéficiait de tous les atouts pour réussir. Sauf que le débat n’a pas eu lieu notamment sur les aspects financiers.
Un bilan plus que contesté et très contestable
La complaisance ne peut tout cacher. Côté bilan, l’article du Monde comme ceux des autres médias ayant relayé la seule parole de M. Hoog, les arguments sont un peu moins détaillés sinon pas du tout. Les intentions du Pdg envoyées au personnel et aux administrateurs, bouquet de suffisance et de banalités sous couvert de « volonté de dialogue et d’écoute », viennent se heurter à la réalité :
- tentatives de passage en force sur des projets néfastes pour la rédaction comme les réductions du maillage de la couverture française et la suppression du desk Afrique francophone contre lesquels le personnel toutes catégories de l’AFP s’est mobilisé,
- 23 procédures prudhommales en cours,
- non-respect des accords signés,
- scission de la rédaction par un déménagement toujours incompréhensible aux yeux des salariés.
Sans oublier le pathétique et ridicule chantage de son début de mandat ni l’omerta entourant l’affaire des photos volées sur Twitpic dont le coût pourrait avoisiner les 1.200.000 dollars.
Il suffisait pourtant d’interroger les élus du personnel ou de lire les lettres ouvertes de certains services pour apprendre que la gestion de M. Hoog, qui a écopé durant son mandat d’une motion de défiance et de plusieurs dizaines d’heures de grève, est vivement contestée dans la maison.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la trésorerie est passée de 35 millions d’euros à son arrivée à 9 millions en 2012. Quant à la dette, selon le CE, elle atteint en 2012, 36 millions d’euros. En un mandat, Emmanuel Hoog a fait fondre la trésorerie de près de 75%.
Mais qu’importent les faits et les chiffres puisque pour les administrateurs M. Hoog devait être impérativement réélu. Pour les ministres de tutelle aussi. Le personnel jugera.
Trois ans pour quoi faire ?
Les patrons de presse, de plus en plus exigeants avec l’Agence à tel point qu’ils ont menacé de se désabonner, et le vote unanime des représentants de l’Etat et des patrons de presse en faveur de M. Hoog est lourd de signification. Quelles consignes ont été données aux représentants de l’Etat alors que le COM (contrat d’objectifs et de moyens) est encore en négociation ?
Contre l’impéritie de l’Etat qui pratique l’austérité budgétaire obligeant l’AFP à emprunter pour payer les salaires, tout en laissant M. Hoog faire ses dépenses somptuaires et plomber la trésorerie, le SNJ-CGT continue d’exiger un financement pérenne sans lequel l’indépendance de l’Agence serait en danger.
La Commission financière doit jouer son rôle en se penchant attentivement sur les comptes de l’AFP.
Montreuil, le 5 avril 2013