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Les médias et Attac

Enquêtes sur Attac ? Bernard Cassen quitte la présidence

par Henri Maler,

Quand "Le Monde" et "Libération" rendent compte du départ de Bernard Cassen de la présidence d’Attac, les commentaires obliques déforment l’information et éludent les questions posée à la presse.

Dans Le Monde daté du 23 mai 2002, un article de Caroline Monnot dont le titre et les deux premiers paragraphes résument l’objet :

Titre : « Bernard Cassen annonce son départ de la présidence d’Attac »

Début : « Bernard Cassen ne se représente pas à la tête d’Attac, l’association pour la taxation des transactions financières et l’aide au citoyen. A l’issue d’une longue intervention, le président d’Attac a ainsi fait savoir, mardi 21 mai, aux membres fondateurs de l’association qu’il ne solliciterait pas de nouveau mandat lors de l’assemblée générale qui doit procéder au renouvellement des instances dirigeantes, le 30 novembre. Pour autant, le numéro un d’Attac ne s’en est pas tenu là.Une fois la séance formellement levée, il a, au nom du Monde diplomatique cette fois, membre fondateur de l’association, proposé que l’économiste Jacques Nikonoff lui succède et que Michèle Dessenne, ancienne du cabinet de Guy Hascoët, ancien secrétaire d’Etat (Vert) à l’économie solidaire, prenne en charge le secrétariat général, aujourd’hui assuré par Pierre Tartakowsky. »

Dans Libération daté du jeudi 23 mai 2002, un article de Christian Losson et Paul Quinio, dont le sur-titre le titre et le premier paragraphe résument sans ambiguïté le parti-pris :

Titre : « Le patron Bernard Cassen se retire et veut placer les siens. Putsch à Attac »

Début :
« Ce fut un joli tour de passe-passe. "Tel un magicien, il a sorti un lapin de son chapeau", résume un témoin. La petite chronique interne d’Attac retiendra que le 21 mai, devant le collège des fondateurs, Bernard Cassen, grand manitou de l’association de contestation de la mondialisation, née en 1998, a fait triple coup. Un : à la tribune, il a annoncé qu’il ne rempilerait pas à la présidence le 30 novembre. Deux : il a intronisé, au nom du Monde diplomatique, membre fondateur et dont il est le directeur général, son successeur, Jacques Nikonoff. Trois : il en a profité pour appeler au remplacement du secrétaire général, Pierre Tartakowsky, Michelle Dessenne, membre du cabinet de Guy Hascoët, ex-secrétaire d’Etat à l’Economie solidaire ...

Quoi que l’on pense des propositions de Bernard Cassen, de leur forme et leur contenu, ces deux articles soulèvent une nouvelle fois le double problème de la place qu’Attac accorde à la médiatisation de ses activités et de sa vie interne et de la façon dont certains journalistes interviennent dans la vie interne d’Attac.

Sur ce dernier point, force est de constater que les auteurs de l’article de Libération ont fait très fort, en publiant complaisamment les réactions - sur lesquelles il ne n’est pas dans notre rôle de nous prononcer - aux propositions de Bernard Cassen : ils ont choisi parmi les plus hostiles celles qui étaient le plus brutales : dans quel but ?

Caroline Monnot, dans Le Monde, se prononce beaucoup plus indirectement. Mieux : elle n’omet pas de mentionner, tel propos de Cassen qui mérite attention :
« Et il brocarde à l’avance tout décryptage des changements envisagés à la tête de l’association, dénonçant une certaine "presse qui, en personnalisant ce qui est une entreprise inédit, n’a strictement rien compris ou n’a pas envie de comprendre nos objectifs et nos modes de fonctionnement". »

Malheureusement la citation - totalement omise par les journalistes de Libération - est incomplète. Voici le passage ... un peu plus précis. Bernard Cassen :
« Je viens, à cet égard, de lire, dans l’éditorial du numéro du Nouvel Economiste daté du 17 mai, une phrase qui situe bien le niveau de nos responsabilités. Un certain Yannick Le Bourdonnec y écrit que " les grèves qui ont secoué la FNAC, Maxi-Livres ou encore McDonald’s au cours de ces derniers mois ont mis au grand jour cette sourde et rude contestation à laquelle les penseurs d’Attac s’emploient à donner un contenu idéologique ".Voilà qui est fort bien vu et qui me confirme dans mon opinion que c’est la presse économique et financière, française et étrangère, qui rend le mieux compte de la réalité d’Attac. Il va de soi que cette presse nous est hostile, mais, à destination de son lectorat de décideurs, elle saisit parfaitement l’essentiel : le potentiel de remise en cause de l’ordre libéral que nous représentons. On ne peut malheureusement pas en dire autant de médias ou de journalistes que certains croient naïvement proches de nous, et qui sont incapables de décoller du superficiel, qui se complaisent dans le " people " en supputant qui, chez nous, est proche de tel ou tel parti ou dirigeant, qui s’oppose à qui, etc. En un mot d’une presse qui, en personnalisant ce qui est une entreprise collective inédite, n’a strictement rien compris ou n’a pas envie de comprendre nos objectifs et notre mode de fonctionnement." »

Cela mérite réflexion ...

 
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