Fin avril 2015, Delphine Ernotte-Cunci a été nommée à la direction de France Télévisions dans des conditions dont l’opacité a été maximale et dont la régularité est des plus douteuses [1]. Désormais aux commandes, elle est, en principe, en mesure de mettre en application son « Projet stratégique pour France Télévisions : un projet qui s’évalue en fonction des objectifs qu’il propose et des moyens dont il dispose.
1. En guise de préambule : Des contraintes étouffantes
Le « projet » de Delphine Ernotte est un projet sous contraintes. Le contrôle du CSA et la double tutelle du ministère de la Culture et du ministère des Finances (le second l’emportant sur le premier) sont assumés sans discussion. Malgré les critiques et les interventions publiques de la Présidente, le sous-financement du groupe est de facto entériné. Sa fragilisation en raison de la prolifération des chaînes de la TNT, libéralement attribuées au secteur privé sans concession nouvelle au secteur public (et au secteur associatif) n’est pas mis en cause. La soumission des programmes aux producteurs privés est toujours de mise. On ne devient pas présidente de France Télévisions sans accepter de se soumettre à ces contraintes étouffantes… en tentant, au mieux, de les aménager. On ne retiendra ici que quelques aspects de ces aménagements, parmi les plus saillants (en renvoyant en annexe à quelques remarques sur le contenu de l’information et des programmes)
Déjà structurellement sous financée, la télévision publique est déstabilisée, fragilisée et constamment déficitaire depuis l’arrêt de la publicité après 20h décidée en 2008 par Sarkozy. Supprimer la publicité ? Oui. Mais pas dans ces conditions, disions-nous alors.
Avant son interdiction, la ressource publicitaire représentait près de 800 millions d’€ sur un budget d’environ 2,8 milliards d’€ ! La promesse d’une prétendue compensation budgétaire « à l’euro près » n’était qu’un leurre. Venue du budget de l’État, la « taxe Copé » sur les fournisseurs d’accès à internet (FAI) qui devait atteindre 450 millions d’€ n’a jamais été intégralement versée. Même si une légère augmentation de 0,9 % à 1,3 % vient d’être votée par le parlement, cette taxe ne représentera probablement que 140 millions d’€ dans le budget de France Télévisions en 2016. Et sa disparition en 2017 est toujours prévue par la loi.
Avant même l’arrivé de Delphine Ernotte, la recherche des économies était devenue l’obsession de France Télévisions. Ces économies affectent les programmes, les achats de droits, l’emploi, les manières de travailler. Ces dernières années, les suppressions de plus de 700 emplois intermittents et permanents ont provoqués des dégâts considérables et aggravés les risques psycho-sociaux parmi les salariés [2]. Malgré tous ces « efforts », France Télévisions va pourtant terminer l’année 2015 avec 15 millions d’€ de pertes.
Courageusement, après quelques tergiversations, François Hollande a décidé… de ne rien décider ou si peu ! Pour ne pas déplaire au secteur privé, il a refusé la nouvelle fenêtre de publicité réclamée par la télévision publique entre 20 h et 21 h. Pour ne pas déplaire aux contribuables, il n’a augmenté la redevance que d’ 1 €, au rythme de l’inflation, alors qu’elle reste une des plus faibles d’Europe. Son élargissement aux ordinateurs et tablettes (sur le modèle allemand) est toujours écarté alors que les modes de consommations de la télévision évoluent à grande vitesse.
Or dès sa prise de fonction, Delphine Ernotte avait publiquement défendu l’idée d’un retour partiel de la publicité après 20 h et d’une augmentation de la redevance. Le gouvernement a arbitré de la pire des manières. Comme Delphine Ernotte l’a commenté dans un tweet :
Comment faire face à ce sous-financement ? Pour éviter un déficit prévisible estimé par la direction à 120 millions d’€ d’ici 2020, la recherche d’économies continuera d’être le « projet stratégique » majeur de France Télévisions. Delphine Ernotte avait déjà annoncé la couleur dans son « plan stratégique » : « Il est indispensable d’agir sur trois leviers : le non-remplacement des départs, une politique de mobilité et de formation et la modération salariale ».
En contrepartie de la très légère hausse de moyens de France Télévisions votée par les députés (et précédemment évoquée), Delphine Ernotte s’est engagée le 28 octobre sur un « déficit zéro en 2016 » et de déclarer : « Comment va-t-on faire ce déficit zéro ? Pour 2016, ce ne sera pas des réformes structurelles mais conjoncturelles : on aménage nos grilles, on renégocie certains contrats, on utilise mieux la multi-diffusion pour aller chercher ce complément et être à l’équilibre en 2016. Donc, je ne lâcherai rien sur le plan des économies. » Conséquences prévisibles : les ambitions affichées sur la qualité des programmes seront réduites à pas grand chose et les conditions de travail des salariés de France Télévisions continueront à se dégrader.
2. Des productions privées pour un service public
Une des premières décisions de Delphine Ernotte a été de doter France Télévisions d’une direction unique pour la production, la publicité et la distribution pour favoriser la commercialisation des œuvres, comme le fait la BBC. Seulement voilà, le « décret Tasca », adopté en 1990, au nom de la très libérale défense des producteurs privés, oblige les chaînes à externaliser l’essentiel de leurs productions. Si les diffuseurs privés peuvent produire en interne 25 % de leurs fictions, cette part dite « dépendante » est limitée… à 5 % pour France Télévisions ! Autrement dit, la télévision publique a l’obligation de commander à des producteurs indépendants et souvent à des coûts exorbitants 95 % de ce qu’elle diffuse.
Nous avions déjà alerté sur cet enjeu, notamment dans un entretien avec l’un d’entre nous publié en octobre2012 :
Si la télévision publique se contente d’être un diffuseur et un financeur, à l’heure de la télé connectée, elle pourrait très vite perdre toute substance et devenir une coquille vide. Avec la diffusion par Internet, ce ne sont pas les tuyaux ou les fréquences qui vont compter mais les contenus ! Demain les géants de la télé seront les studios américains producteurs de séries ou de films associés à des agrégateurs tels que Google, YouTube ou Apple. France Télévisions doit donc retrouver la pleine maîtrise de ses droits et de ses capacités de production cédés aux producteurs par la volonté du législateur. C’est un enjeu absolument stratégique.
Le rachat de la société Newem par TF1 est devenu le symbole d’un système proprement scandaleux qu’il est urgent de revoir. Newem, troisième producteur français, réalisait les deux tiers de son chiffre d’affaire avec France télévisions (« Plus belle la vie » sur France 3, « Candice Renoir » sur France 2, « Les Maternelles » ou « Le magazine de la santé » sur France 5…). En achetant cette société, la chaîne privée TF1 met la main sur un catalogue de fictions et d’émissions entièrement financées par la télévision publique qu’elle pourra rediffuser et commercialiser à sa guise.
Alors qu’elle finance la moitié de la production audiovisuelle française (400 millions d’€ par an) la télévision publique ne dispose pratiquement d’aucun droit ! On comprend les déclarations de Delphine Ernotte lors d’un récent colloque. Pour elle, l’affaire Newem est l’occasion « de repenser un modèle économique à bout de souffle », la redevance ne devant pas « servir de rente à un groupe privé ». Au final, si la volonté de développer des fictions et des séries en productions internes ou en coproductions avec d’autres TV publiques est proclamée, rien ne sera possible sans faire sauter le verrou des décrets Tasca.
3. Du management avant toute chose
Premier objectif du « projet stratégique » de Delphine Ernotte : « Restaurer la confiance ». Traduction : « Du management avant toute chose » [3].
Tout y passe : des directions paritaires, certes, mais resserrées, une refonte des ressources humaines, la désignation de cinq patrons de chaines aux pouvoirs renforcés, mais plus ou moins subordonnés à deux directions transversales (stratégie et programmes/information). À ces chefferies, reviendra donc la mission de « restaurer la confiance ». Autrement dit, le plus souvent, à faire avaler des couleuvres aux salariés du groupe, à commencer par les conséquences du sous-financement sur l’emploi et les conditions de travail.
4. Des rédactions fusionnée et centralisées
Pour ce qui concerne les rédactions de France télévisions, Delphine Ernotte entend poursuivre le plan « Info 2015 » lancé avant son arrivée. Il prévoit la fusion des rédactions nationales de France 2 et de France 3 placées sous la responsabilité d’un directeur unique de l’information : « La direction de l’information (…) poursuivra la démarche fédératrice autour d’une équipe unique de journalistes, intégrant y compris les équipes du numérique. Son directeur(trice) sera donc responsable de l’ensemble des ressources humaines pour produire l’information et notamment celle des journaux télévisés sur l’ensemble des chaînes et celle de la plate-forme numérique FranceTV info. Il contribuera également, avec ses équipes, à la qualité des magazines et émissions d’information intégrées dans les grilles des programmes. France Télévisions doit disposer ainsi d’une force de frappe hors du commun pour remplir une mission essentielle du service public. » (p. 9 et 10)
Une « direction unique de l’information » ? Celle-ci, non seulement menace de priver les pôvres directeurs de chaîne de tout rôle dans la production de l’information, mais surtout procède à une redoutable centralisation qui ouvre la voie à des décisions arbitraires (y compris politiquement), laisse mal augurer de l’indépendance des rédactions.
« Une équipe unique de journalistes » ? Une telle « fédération » sera-t-elle une force de frappe positive pour la production de l’information… ou un cache-misère ? Produire mieux, produire plus… ou produire à moindre coût ? Comment une telle fusion peut-elle garantir la spécificité des différentes chaînes, l’indépendance des équipes rédactionnelles (qu’il s’agisse des JT ou des magazines) et les délibérations démocratiques des rédactions ?
Ce projet « Info 2015 », préparé par « un lent et réfléchi travail de sape », a été dénoncé par les salariés de France 3 dès janvier 2015 et par la Société des journalistes de France 3 en avril 2015.
Qui peut croire que cette fusion ne prépare pas une réduction des effectifs, une aggravation des conditions de travail des journalistes, et, du même coup, un appauvrissement de la qualité de l’information, surtout – voir plus loin – si une chaîne d’information en continu doit voir le jour ? C’est cette aggravation des conditions de travail qui a récemment conduit les Journalistes Reporters d’Images de France 2, à se mettre en grève, entre le 3 et le 6 novembre 2015, non sans succès [4].
Comment, en particulier, ne pas s’interroger sur la finalité d’une telle fusion, lorsqu’on sait que France 3 et ses rédactions sont menacées ?
5. France 3, marginalisée, voire menacée
Delphine Ernotte se propose de renforcer l’identité des chaînes. En substance : France 2, « chaîne du flux » ; France 3, « chaîne du patrimoine et des territoires » ; France 4, « la référence pour la jeunesse ». France 5 « la chaîne des savoirs, de la connaissance, de l’éducation ». France Ô, « la chaîne des ultra-marins ». Chaque « identité » est problématique. Mais celle qui est la plus fragile, est celle de France 3, chaîne toujours menacée.
Quel avenir sera réservé à France 3, chaîne aux 110 implantations, qui emploie 3500 des 9800 salariés du groupe ? Le « projet » souligne que la réforme territoriale est une « opportunité pour redéfinir la structure de la chaîne ». C’est-à-dire ? Quel impact aura le passage de 22 à 13 régions administratives sur l’organisation territoriale et éditoriale de la chaîne qui diffuse actuellement 24 journaux quotidiens ? Les 22 antennes régionales seront-elles réduites à 13 ? L’information de proximité sera-t-elle absorbée par des programmes régionaux ? La tentation des économies fait craindre le pire pour les arbitrages à venir.
Delphine Ernotte propose en outre « qu’une place beaucoup plus importante doit être donnée à l’actualité locale » et que, pour cela, « France 3 et France 3 Régions soient enfin assemblés au sein d’une même chaîne. » (p. 17). Un tel « assemblage » fait craindre disparition progressive des spécificités de France 3 régions (et une réduction éventuelle du nombre de salariés), l’ensemble « privilégiant les programmes de proximité répondant aux attentes des téléspectateurs » et l’antenne nationale étant chargée d’« affirmer sa couleur patrimoniale, au travers de l’ensemble de ses genres de programmes, depuis les jeux à vocation culturelle jusqu’aux documentaires à caractère historique. » (p. 17). Ainsi, à France 3 serait réservée à la « culture de proximité et populaire » alors que France 2 serait la chaîne « des nouveautés et de l’audace ». Inquiétante distinction !
6. Une « chaîne de la compréhension » en continu
Une chaîne d’information en continu pour tablettes et smartphones - une plateforme numérique en partenariat avec d’autres entreprises publiques comme Radio France, l’INA ou France 24 - est annoncée pour septembre 2016. Si le projet d’une chaîne d’information publique depuis longtemps dans les cartons n’est pas contesté, les choix éditoriaux et la question des moyens sont beaucoup plus problématiques.
« L’enjeu est de passer d’une logique d’information continue à un objectif d’information permanente. (…) À partir d’une exigence de haute qualité de l’information, il est possible de donner toute sa place à une chaîne de la compréhension. Cette chaîne ne sera pas similaire à l’offre existante, car elle visera autant l’information que sa mise en perspective. Le projet d’information par le numérique est l’opportunité de faire émerger une chaîne de compréhension pour dépasser l’émotion. » (p. 27)
Saluons ce souci de démarcation. Mais quelles garanties de ne pas voir reconduites les tares de l’information « en continu » [5] ? Qu’on l’appelle ainsi ou « information permanente » ne change rien à l’affaire. Va-t-on vers une autre chaîne d’information de flux low cost avec la pensée unique en boucle dont le paysage médiatique est déjà saturé ? Qui peut croire qu’avec des effectifs constants, les journalistes ne voient pas s’accentuer la détérioration des conditions de travail que nous avons déjà mentionnée ? Mais surtout on a toutes les raisons de craindre que cette chaîne n’en soit pas vraiment une : « La question de sa diffusion à l’antenne, écrit Delphine Ernotte, se posera en étudiant plusieurs possibilités : réorientation d’un canal existant, priorité donnée à l’information dans la programmation d’une chaîne actuelle ou maintien d’un tout-numérique. » (p. 27). Seule éventualité qui n’est pas envisagée : la libération de l’un des canaux attribués à des chaines privées. Il est vrai qu’elle dépend du CSA et non de la direction de France Télévisions.
Déjà soumise à la concurrence mortifère de TF1 (et des autres télévisions généreusement attribuées à des acteurs privés), la télévision publique est pourtant confrontée à de nouveaux défis. Les géants américains comme Apple, Netflix voire Amazon sont à l’offensive dans une bataille planétaire sur les contenus. Des chaînes thématiques comme BeIn Sports raflent tous les droits sportifs avec l’argent du Qatar. Les concentrations capitalistes s’accélèrent, Bolloré, majoritaire à Vivendi et à Canal +, construit des synergies et vise le marché international.
La direction de France Télévisions semble consciente des enjeux et annonce sa mobilisation sur les contenus. Mais, sous financée, privée des droits sur ses propres productions, assujettie au pouvoir public, la télévision publique est condamnée à rechercher des recettes pour survivre, sans disposer des moyens de se déployer comme une composante d’un véritable service public de l’information et de la culture.
Pressée de mettre en œuvre ses choix et de connaitre les moyens dont elle disposera, la nouvelle patronne de France Télévisions rêve de clore avec l’État la négociation du Contrat d’Objectifs et de Moyens 2016/2020 d’ici janvier 2016.
À suivre… sans illusions !
Benjamin Lagues, Henri Maler et Fernando Malverde
« Annexe » : Et sur les écrans ?
Peu d’indications dans le projet, mais quelques interrogations.
– Une information « de haute qualité » ?
Les déclarations d’intention, ponctuées de motifs de satisfaction peu regardants sur les contenus, ne manquent pas : « Le traitement de l’info doit assurer une pleine et entière liberté, être le lieu de l’esprit critique allié à une volonté de haute qualité. » (p. 22) Fort bien, mais encore ? Qu’on se le dise : « Au-delà du succès du Journal Télévisé, c’est l’information qui doit elle aussi trouver des formes nouvelles, sur le modèle de présentation et en créant de nouveaux types de rendez-vous. Un succès, comme celui de Des Paroles et des Actes, appelle à en inventer d’autres. » (p. 16) Faut-il se satisfaire des succès d’audience du JT de France 2, sans s’interroger sur son contenu ? Suffit-il d’invoquer de nouveaux rendez-vous quand on prend pour modèle d’innovation d’un des plus controversés ?
De « nouveaux types de rendez-vous » ? Soit ! Sur le modèle de « Des paroles et des actes » ? Ce serait oublier un peu vite les travers de cette émission, malgré son « succès » [6].
Étrange omission : le magazine d’enquête « Cash investigation », une des rares innovations de qualité de France Télévisions n’est pas mentionné. Quant à la garantie du pluralisme sous toutes ses formes et en particulier du pluralisme des opinions qu’elles soient partisanes ou éditoriales, on attendra.
– Un « acteur du récit français » ?
Dès les premières lignes du « projet », on apprenait que la télévision publique « peut » (doit ?) « contribuer à créer un sentiment et une fierté d’appartenance à l’unité nationale. En témoignent à titre d’exemple les grandes compétitions sportives (…) ». Et quelques pages plus loin : « L’entreprise France Télévisions n’est pas seulement un groupe audiovisuel : elle est un relais de notre pays. C’est cette identité forte qui doit être mise au cœur de la mission de service public. Ni la nécessaire maîtrise des coûts, ni la compétition internationale, ne peuvent empiéter sur ce rôle de premier plan. (…) Il s’agit d’être un acteur du récit français. » (p. 22)
« Un relais de notre pays » ? L’expression semble anodine et sympathique. « Un acteur du récit français » ? L’expression est beaucoup plus troublante. Quel est ce récit mis au singulier, comme s’il devait être unique ? Et qui en est l’auteur ? L’exemple proposé ne manque pas d’inquiéter : la nouvelle directrice souhaite en effet que « France Télévisions [soit] un levier au service de grands desseins du pays comme par exemple une candidature à l’organisation des Jeux Olympiques ». Cela tombe bien, la France vient d’être acceptée par le Comité international olympique (CIO) comme pays candidat aux JO de 2024 (le 16 septembre 2015). Durant la campagne qui précédera le choix du CIO, que choisira France Télévisions : enquêter sur les conditions politiques, économiques, sociales, environnementales, etc. de la candidature française ou soutenir le « récit français » ? Ce grand dessein est d’abord celui de responsables politiques. Ce « grand dessein » est controversé. Faut-il comprendre que France Télévisions doive se mettre ainsi au service d’un projet sportif qui est aussi un projet politique ? Et pourquoi pas d’autres « desseins » ? Quelle distance peut-on espérer de la part des journalistes quand ces desseins prennent la forme, par exemple, d’interventions militaires ? Journalisme d’information ou journalisme d’accompagnement[Comme nous l’avions souligné pour la guerre au Mali en janvier 2013.]] ?
– En lutte contre les discriminations ?
« La télévision publique doit être en pointe dans la lutte contre les discriminations liées au genre, à l’origine, à l’orientation sexuelle, à l’âge ou au handicap. Des pans entiers de la société française se trouvent aujourd’hui exclus de la télévision, soit par leur représentation à l’écran, soit par les stéréotypes véhiculés. Cela passe, bien entendu, par une plus juste représentation à l’écran mais aussi par une plus grande lutte contre les stéréotypes dans l’ensemble des programmes. Il faut transformer les images véhiculées par les fictions, les émissions. » (Page 25)
Une proclamation bienvenue, mais beaucoup moins audacieuse qu’il n’y paraît. Rendre les « minorités » plus « visibles » et défaire des stéréotypes n’est pas une simple question d’images : cela ne va pas sans de véritables enquêtes qui contrarient les préjugés sociaux qui peuvent être ceux des journalistes et des auteurs de fictions. D’autant qu’il manque dans la liste quelques discriminations qui ne sont pas totalement inactuelles : les discriminations liées à l’origine sociale, nationale et religieuse. Pis : cette déclaration d’intention semble éluder le problème du traitement médiatique des classes populaires sur France Télévisions. Et sur ce point, France télévisions a du pain sur la planche [7].