" Si nous sommes attaqués par l’ennemi, c’est une bonne chose, car cela prouve que nous avons tracé une ligne de démarcation bien nette entre l’ennemi et nous. Et si celui-ci nous attaque avec violence, nous peignant sous les couleurs les plus sombres et dénigrant tout ce que nous faisons, c’est encore mieux, car cela prouve non seulement que nous avons établi une ligne de démarcation nette entre l’ennemi et nous, mais encore que nous avons remporté des succès remarquables dans notre travail. " (Mao Tsé-Toung)
Le parti de la presse et de l’argent (PPA) a lancé son offensive d’hiver contre la Sardonie libre : l’existence d’une critique radicale des médias lui est insupportable. En l’espace de cinq semaines, La Peste France Inter, le Quotidien vespéral des marchés [ex-Le Monde], Bernard-Henri Lévy et Philippe Val ont attaqué et diffamé PLPL [2]. Il leur faut détruire la Sardonie avant que la Sardonie ne les ait détruits. Autant dire que le compte à rebours est déclenché.
Ces piqûres d’insectes ont trempé la détermination des Sardons. L’afflux d’abonnements et de messages de soutien a même temporairement submergé nos services administratifs. Profitant d’un instant de répit, l’Internationale sardonique livre le récit de ces escarmouches et en analyse la portée.
L’offensive d’hiver du PPA
Le 18 novembre 2003, sur France Inter, dans l’émission de Pascale Clark, Nicolas Poincaré, pigiste à TF1 et grand reporter à France-Info promené par l’OTAN au moment de la guerre du Kosovo, consacre plusieurs minutes à notre journal [3] qu’il a découvert en surfant sur internet entre deux safaris : " Maintenant, avec la mondialisation, on peut être à Abidjan et s’intéresser aux médias locaux de la haine, et puis faire un tour sur Internet et découvrir qu’on a aussi nos petits médias de la haine... " Naturellement, cette grande enquête, payée par la redevance du contribuable, ne lui a pas permis de découvrir que PLPL est un journal papier dont seule une partie des articles se trouve en ligne. La présentation de PLPL par Poincaré fait penser à une enquête de Bernard-Henri Lévy : " C’est très personnalisé et, euh..., très haineux. Bah euh, euh, le combat principal c’est contre la presse donc euh...mais au-delà effectivement il y a un anti-américanisme qui frise le racisme. " Du " combat principal contre la presse ", Poincaré ne soufflera mot. Il bafouillera en revanche la liste des surnoms attribués par PLPL aux roitelets du PPA devant une Pascale Clark ravie. L’homme que Jean-Marie Cavada a nommé à la direction de France Inter, Jean-Luc Hees, sera satisfait. Lauréat de la seizième Laisse d’Or de PLPL (septembre 2003) pour avoir comblé les laboratoires pharmaceutiques en licenciant le chroniqueur Martin Winkler, Hees avait en effet juré de se venger.
Le 9 décembre 2003, Le Monde s’engouffre dans la brèche. Il publie un article mensonger affirmant que les membres fondateurs de l’Observatoire français des médias seraient déchirés entre les adeptes des " attaques personnelles contre les journalistes " et " les professionnels de l’information " [4]. Ce débat n’a jamais eu lieu que dans l’imagination moustachue d’Edwy Plenel, mais peu importe. Un encadré titré " Les attaques de ’Pour lire pas lu’ " permettait aux quelques lecteurs que Le Monde a conservés d’identifier les méchants :
" Les attaques de "Pour lire, pas lu"
Fondé en juin 2000 par le journaliste Pierre Carles et animé par Serge Halimi, membre de l’Observatoire français des médias et journaliste au Monde diplomatique, le journal bimestriel Pour lire, pas lu (PLPL) attaque régulièrement tous les organes de presse et se livre à des charges personnelles à l’encontre des journalistes, et particulièrement les dirigeants du Monde. Ainsi, dans chaque numéro, Jean-Marie Colombani est surnommé "Raminagrobis", Edwy Plenel "le roi du téléachat" et Alain Minc "le nabot malfaisant". Pour PLPL, Laurent Joffrin, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, est un "mouchard", et l’éditorialiste Alexandre Adler est surnommé "triple crème".
PLPL attribue régulièrement "la laisse d’or" à un journaliste qu’il considère comme servile. A l’été 2002, cette "distinction" a été attribuée à notre confrère Nicolas Weill pour son "sionisme militant". En septembre, Jean-Luc Hees, directeur de France-Inter - surnommé "la peste" -, était cité pour avoir écarté de l’antenne le romancier Martin Winkler. Les journalistes de la radio publique étaient traités de "policiers heesiens". "
Ce texte non signé comporte plusieurs erreurs qui suffiraient à disqualifier n’importe quel journaliste sardon, mais qui au Monde garantissent une promotion rapide. L’actuel directeur adjoint de la rédaction, Jean-Paul Besset, n’est-il pas monté en grade quelques semaines après un article racoleur et bourré d’erreurs sur l’" affaire Alègre " [5] ? Comme France Inter, Le Monde n’évoque de PLPL que les surnoms dont la Sardonie affuble les outres vaniteuses du PPA. Du contenu du journal, les lecteurs du Monde ne sauront rien. Dans son édition du 26 février 2003, le Quotidien vespéral des marchés avait usé du même procédé en publiant un encadré presque identique, à l’époque destiné à discréditer les auteurs de La Face cachée du Monde (lire PLPL n°14). Avec, déjà, les mêmes inexactitudes. Par exemple, Alain Minc n’est plus appelé depuis deux ans " le nabot malfaisant ", une expression d’ailleurs empruntée à notre ami Karl Marx qui l’employa contre Adolphe Thiers, massacreur de la Commune de Paris (deuxième essai de rédaction de La Guerre civile en France, Editions sociales, 1972, pp. 244-45). Un arrêt historique du Tribunal de grande Instance de Paris (28 novembre 2001, publié par PLPL n°8) ayant jugé Minc coupable de " plagiat " pour des propos " servilement reproduits ", notre journal a rebaptisé le président du conseil de surveillance du Monde " le plagiaire servile ". Le Monde, incapable d’offrir une promotion à Alain Minc pour le féliciter d’un arrêt aussi infamant puisque le plagiaire dirige de fait le journal, contesterait-il " l’autorité de la chose jugée " ? Enfin, la " Laisse d’or " n’a pas été attribuée à Nicolas Weill pour son seul " sionisme militant " (une option politique que Weill revendique dans son livre Une histoire personnelle de l’antisémitisme paru en 2003), mais aussi pour son " balladurisme intellectuel ", son adoration de Luc Ferry, son aversion pour Noam Chomsky et, plus généralement, pour sa " haine de l’intelligence " (PLPL n° 10, juin-août 2002).
Non content d’avoir limité son enquête sur PLPL à un vieux glossaire, le QVM le falsifie [6]. Ainsi, selon Le Monde, PLPL aurait qualifié Laurent Joffrin de " mouchard ". C’est un mensonge. Laurent Mouchard est simplement le nom d’état civil du directeur de la rédaction du Nouvel Observateur. Joffrin est un pseudonyme, comme pourra le vérifier sans peine quiconque consulte un Who’s Who ? ou un annuaire des biographies de la presse. Ce tripatouillage policier (un de plus) est d’autant plus réjouissant que le médiateur du Monde alerté deux semaines plus tôt par la récurrence des malversations de Plenel et de ses sbires, rappelait que les guillemets c’était sacré... En passant sous silence les analyses documentées et sourcées de PLPL, en réduisant notre journal a un glossaire satirique de quelque lignes, puis en suggérant que l’Observatoire français des médias est la proie de PLPL (qui n’en est pas membre...), c’est l’ensemble de la critique des médias que le PPA entend disqualifier.
Contrairement à ce qu’affirme le QVM, PLPL n’est pas " animé par Serge Halimi ", mais par une dizaine de personnes parmi lesquelles figure Serge Halimi. La personnalisation de l’action collective signe le mépris des roitelets de la presse qui s’attribuent en permanence le travail d’autrui. Mais cette fois, elle n’est pas innocente : le directeur de la rédaction du Monde voue à l’auteur des Nouveaux chiens de garde une haine tenace depuis que ce dernier a eu l’indélicatesse de le citer dans son chenil. En associant sous n’importe quel prétexte un auteur qu’il redoute à une publication présentée comme dégradante, le Roi du téléachat Edwy Plenel et son compère Ramina espéraient discréditer notre camarade. Nouvel échec.
Furieux, les chefs du Monde font alors appel à leur " grand reporter " Bernard-Henri Lévy. Celui-ci vient d’être ridiculisé par une enquête accablante de la New York Review of Books (traduite et publiée par Le Monde diplomatique de décembre 2003, voir Le scandale BHL, PLPL 17, décembre 2003), qui révèle les falsifications de son livre Qui a tué Daniel Pearl ? Un ouvrage encensé à de nombreuses reprises par Plenel et Colombani. BHL est pourpre de fureur. Invité par Libération à publier son " journal de la semaine " (20.12.03), il fulmine : " Si je pense, aujourd’hui, à Serge Halimi, ce n’est pas seulement à cause du tombereau d’injures qu’il me déverse sur la tête dans le dernier Monde diplo. Ce n’est même pas à causer de la façon, contraire à toutes les règles du métier, dont il lui arrive de traiter les éminences de la maison sœur : Colombani en " Raminagrobis ", Minc en " nabot malfaisant ", Plenel rebaptisé " téléachat ". " Edwy Plenel est ainsi privé du titre de noblesse auquel il a consacré la dernière partie de sa vie (" Roi du téléachat " et non pas " téléachat "). À cette erreur, qui lui garantira un poste de directeur adjoint de la rédaction du Monde s’il le réclame, Béachèle ajoute l’aveu de son exquise modestie. Il révèle qu’il pense à Serge Halimi à cause de " la singulière déchéance " du Monde diplomatique qui, depuis 1975, serait devenu " la version chic de nos populismes ". Pourquoi 1975 ? Parce qu’à cette date, Le Monde diplomatique cessera de publier des textes de... BHL. Lequel Béachèle oriente désormais le jet de ses incontinences littéraires vers Le Monde et le Point.
La Saint Sylvestre approchait. PLPL, qui n’avait rien demandé de tel dans sa lettre au Père-noël, se voit gratifié d’un éditorial acrimonieux signé Philippe Val dans le Non-Evénement du mercredi (NEM, ex-Charlie Hebdo) du 24 décembre 2003 [7]. Le troubadour qui chantait avec Patrick Font pour les dépossédés a bien changé. Depuis 1999, le voici élevé au rang des éditorialistes en vue. Val discute philosophie avec Laurent Mouchard, " débat " avec Jean-Marie Messier, caquette avec Jean-Luc Hees, badine avec Franz-Olivier Giesbert, qui trouve ses éditos « passionnants » [8]. Il célèbre l’ordre qui l’a consacré. Mais " l’ambition souvent fait accepter les postures les plus basses : c’est ainsi qu’on grimpe dans la même posture que l’on rampe " (Swift). Purgé de ses éléments réfractaires, Charlie Hebdo est aussi aseptisé qu’un bloc opératoire. Val y déploie sans entrave son exécration la gauche radicale, qu’il compare sans cesse au fascisme ; le linguiste américain Noam Chomsky, coupable de n’avoir jamais remarqué son existence intellectuelle, y est qualifié de négationniste [9]. Pour la baudruche prétentieuse qui signe les interminables éditos du NEM sans soupçonner que les lecteurs n’achètent ce journal que pour lire " Maurice et Patapon ", le style pamphlétaire " est organiquement raciste " et " s’est rendu activement complice de crimes contre l’humanité " (NEM, 13.8.03). Une telle ânerie laisse pantois : Voltaire était donc " raciste " et Paul Nizan, l’auteur des Chiens de garde abattu par les nazis, était " complice de crimes contre l’humanité ".
L’origine de l’éditorial anti-sardon du 24 décembre remonte à un cocktail dînatoire donné à Radio France : Val avait promis de venger son patron Jean-Luc Hees, bouleversé d’avoir reçu la Laisse d’Or de PLPL après sa rivale de France Culture Laure Adler (PLPL, n°4). Val rédige alors un rapport de police qui le place dans les starting-blocks pour la succession de Nicolas Sarkozy. En bon analphabète historique et mondain, Val compare notre publication délicieuse aux " feuilles d’extrême droite des années trente " (NEM, 24.12.03). Puis, comme France Inter, comme Le Monde, comme BHL, il récite l’index des surnoms utilisés par PLPL. Val juge " honteux et dégueulasse " que Laurent Mouchard s’appelle Laurent Mouchard. Il se révolte contre l’appellation de " nabot malfaisant " (naguère) attribuée à Alain Minc car ce dernier " n’a pas choisi sa taille et la forme de son corps ". C’est exact. Mais n’est-ce pas la même verve satirique qui pousse Philippe Val à écrire : " c’est à ses oreilles qu’on devinait que Peyrefitte était un homme d’envergure " (NEM, 1.12.99) ? Lui non plus n’avait pas choisi la forme de ses oreilles ; pas plus qu’Edouard Balladur, surnommé " le goitreux " par Charlie Hebdo, n’a choisi celle de sa gorge ; pas plus que Raffarin ou Kessler, régulièrement caricaturés par un profil moins que svelte, celle de leur tour de taille ; pas plus Claude Allègre ses " sourcils de géants " qui, selon Val, " l’empêchent de penser " (22.03.00), etc. S’astreindre aux canons moraux du rédacteur en chef de Charlie Hebdo impose-t-il en revanche de publier des odes au " courage intellectuel " d’Oriana Fallaci après qu’elle ait comparé les Arabes à des " rats " (NEM, 23.10.02) ? Ou d’assimiler les électeurs d’Arlette Laguiller à des " chimpanzés au Congo " (France Culture, 25.6.02) ?
Ce 24 décembre, la casuistique valienne réservait au lecteur bien d’autres trésors de rigueur. Serge Halimi est accusé de " rédige[r], sans les signer, la plupart des articles " de PLPL, ce qui est faux ; notre camarade est également présenté comme le " fondateur " d’un journal créé en réalité à l’initiative de Pierre Carles. Puis, sous couvert de dénoncer Halimi, Val rédige en creux son autoportrait : " Ses [Mes] petits fusibles ont fondu. [...] Le malheureux s’est [Je me suis] mis à se vautrer dans la dénonciation, usant de procédés révélant une déchéance morale qui fait pitié ". Mieux : en critiquant la presse sans en démissionner, les journalistes sardons se condamneraient au " destin lamentable de parasite dans la charpente ". A Charlie Hebdo, un hebdomadaire balayé par les purges, un salarié démissionne ou se soumet. Depuis trois ans, c’est d’ailleurs le calme plat. Plus rien ne bouge, sauf les lecteurs qui par milliers abandonnent ce journal et s’abonnent à PLPL.
En dévorant le NEM, Jean-Luc Hees trépigne sur son fauteuil en cuir : il appelle Val pour le féliciter de son éditorial et lui suggère aussitôt d’en décupler l’écho grâce à sa chronique sur France Inter [10]. Le lundi 29 décembre, c’était chose faite : le rédacteur en chef de Charlie Hebdo relisait son éditorial à l’antenne et célébrait au passage l’indépendance d’esprit de Hees [11].
Le sens de ces attaques
Au delà des calomnies (qui nous honorent), la direction des coups indique la stratégie du PPA contre la Sardonie (qui l’assaille).
En premier lieu, le PPA entend conserver le monopole de la critique des médias que lui contestent PLPL, sa vitrine universitaire Acrimed (www.acrimed.org) ou la création d’un Observatoire français des médias. Or les barons du journalisme entendent accréditer l’idée que toute critique extérieure serait porteuse d’un nouveau totalitarisme. Cette ligne de défense a été théorisée par Colombani : " La presse se voit demander quel contre-pouvoir vient équilibrer celui qu’elle exerce. Le risque existe donc que la presse libre soit tenue pour un pouvoir d’influence. " Or, selon Ramina, il est " impossible de réguler, contrôler ou discipliner la presse du dehors sans remettre en cause ce qui fonde le principe même de la liberté d’expression. L’Histoire permet hélas de le vérifier constamment : dès que surgit une tentation autoritaire, la liberté de la presse est atteinte " [12]. En somme : certains nous disent qu’il faut critiquer la presse, mais le faire c’est favoriser la tyrannie. Donc, s’il faut malgré tout critiquer la presse, ce doit être le travail exclusif des journalistes : " Chaque rédaction doit défendre elle-même l’éthique de son métier, la garantir, la réguler " [13]. On imagine le monde merveilleux dans lequel nous vivrions si seuls les militaires pouvaient critiquer l’armée et seuls les matons les prisons....
Malgré sa haine du Monde, uniquement liée au fait que ce journal l’avait égratigné et n’annonce pas tous ses tours de chant, Philippe Val a applaudi ce credo partagé par tous les patrons de presse. Dans son éditorial anti-PLPL, il prétend qu’une critique du journalisme réalisée par des non-journalistes ne se justifie plus car " ce travail d’analyse [est] devenu la routine d’à peu près tous les débats sur les médias et de toutes les pages médias " (Charlie Hebdo, 24.12.03). Toute intrusion extérieure s’assimilerait à une " milice de la presse " et déboucherait sur une dictature, puisque " chacun sait que dans une dictature on peut faire le bonheur du peuple sans être emmerdé par des journalistes ". PLPL doit s’incliner sur ce point : Val est un grand spécialiste des dictatures et la sienne est l’une des mieux tenues.
Les journalistes, seuls autorisés à critiquer les médias ? L’idée est d’autant plus avantageuse qu’elle garantit une vie paisible aux monarques du PPA. Au moment de licencier Daniel Schneidermann, coupable d’avoir écorné Le Monde dans un livre, le directeur Jean-Marie Colombani a expliqué : « Un journaliste n’a pas le droit d’écrire contre son entreprise ! ». Même son de cloche du côté de Val : un journaliste qui critique son employeur est un " parasite dans la charpente " qui doit démissionner pour échapper à son " destin lamentable " (NEM, 24.12.03). A moins qu’il ne rampe aux pieds du patron en psalmodiant des excuses. Pour laver l’affront sardon infligé à Jean-Luc Hees par PLPL Daniel Mermet est ainsi sommé par Val de " protester véhémentement de l’honnêteté jamais prise en défaut de Hees, sous la direction duquel il s’honore de faire son travail librement " [14] (NEM, 24.12.03). Ce ne serait plus " Là bas si j’y suis " mais " Merci patron ! ".
Puisque, pour le PPA, la critique des médias doit être réservée aux seuls journalistes qui s’interdiront de critiquer les médias s’ils veulent rester journalistes, tout va bien. Mais tout irait mieux encore si le PPA pouvait préventivement purger l’Observatoire français des médias (OFM) de la chienlit radicale et sardone [15]. Alors même qu’il n’a pas encore produit la moindre analyse, cet Observatoire inquiète : ses instances ne sont pas polluées par le caquetage des dirigeants de la presse parisienne. L’article et le petit encadré du Monde contre PLPL et l’OFM (9 décembre) avaient pour perspective de trier le bon grain " les professionnels de l’information " de l’ivraie (Acrimed et PLPL).
Cette tentative de maintien de l’ordre médiatique a mobilisé le soldat Philippe Val qui se languit des guerres depuis la fin de celle du Kosovo. Lui aussi célèbre la présence " parmi les actuels participants de l’OFM [...] des journalistes comme Jean-Marie Vadrot, Marc Lecarpentier ou Marcel Trillat ". Mais il déplore aussitôt la présence d’Ignacio Ramonet et le fait " que Serge Halimi soit un des initiateurs de l’OFM ". Redoutant que des experts radicaux lancent une commission d’enquête pour examiner la manière dont Charlie Hebdo est dirigé depuis quelques années, Val lance l’inquisition : " Si l’Observatoire français des médias sert à insulter et diffamer en priorité ceux qui se font la plus haute idée de leur métier, alors ce n’est pas la corruption et la collusion qu’il combat, c’est le journalisme libre, en tant qu’il est un élément déterminant de la démocratie ". Parce que PLPL a critiqué le patron de France Inter, celui du Nouvel Observateur et le président du Conseil de surveillance du Monde, Val-Torquemada met en demeure les fondateurs de l’OFM d’élaguer ses rangs. Et profère cette terrible menace : " Tant que l’OFM ne se désolidarisera pas publiquement de ces propos [ceux de PLPL], et ne leur demandera pas de s’excuser clairement ou de quitter l’OFM, je demande que mon nom soit retiré de la liste des membres fondateurs d’ATTAC, qui est à l’origine du projet. " Bon vent !
La mise en œuvre de cette stratégie pépéiste [du PPA] exigeait de disqualifier personnellement les critiques radicaux des médias. C’est le sens des attaques de France Inter, du Monde, de BHL et de Philippe Val contre PLPL, contre Acrimed, contre Noam Chomsky et contre Serge Halimi. Les dénoncer publiquement comme des chiens enragés, occulter leurs travaux ou les ramener à la formulation narquoise de quelques surnoms, tout cela vise un triple objectif. Il s’agit d’abord de déconsidérer l’analyse radicale des médias auprès des radicaux eux-mêmes, en la dépeignant comme ignominieuse. Les lecteurs jugeront. Ensuite, de fragiliser la position des auteurs critiques en incitant diverses institutions à se désolidariser d’eux, voire en enjoignant leurs employeurs à les licencier. Les syndicats de journalistes apprécieront. Enfin, les prélats du PPA espéraient isoler les libres penseurs en décourageant les journalistes indépendants et les intellectuels engagés de s’afficher à leurs côtés. Croient-ils vraiment qu’ils se soumettront ?
Après avoir analysé la situation en dégustant une dinde aux marrons, le conseil scientifique sardon a fait une déclaration : l’offensive d’hiver du PPA annonce sa retraite de Russie et les conquêtes de printemps de la Sardonie.
Vive la Sardonie libre !
Vive PLPL ! !