Ce lundi 11 juillet, lendemain de la finale de l’Euro de football, nous avons découvert, grâce aux réseaux sociaux, un « billet » tout en finesse publié dans l’édition du 9 juillet (et sur le site internet) du Télégramme.
Son titre : « Le bonjour des Portouguèches ».
Non ? Si :
Publié la veille de la finale de l’Euro de football, ce billet repose sur le principe d’une transposition, à l’écrit, d’une caricature d’accent portugais, auquel s’ajoute une accumulation de clichés. Ce qui donne par exemple :
Parce que là, on vous prévient, vous allez voir oune Cristiano Ronaldo chouperchonique. Y court plou vité qué oune épagnol brétonne, loui, il va découper les filets dé Hougho Lloriche commé des filets dé chardines. En deux ! Y va faire dé la brandadé de moroue avec Griezmanno y Giroud et l’autre, là, Payet, avec sa crête comme oune moumoute sour la pastèque, il va le hacher menou et faire dé la bacalhau sauce Réal.
Tordant, n’est-ce pas ? L’auteur du billet, René Perez – qui signe, pour l’occasion, « René Pereche », qu’est-ce qu’on rigole – a occupé, si l’on en croit son éditeur, « le poste de directeur des rédactions du Finistère du Télégramme après avoir été notamment chef des rédactions de Saint-Brieuc et Brest ». Le journal le présente de son côté comme « ancien directeur départemental des rédactions du Finistère du Télégramme et billettiste talentueux ».
Il faut en effet avoir un certain talent pour rédiger un billet aussi affligeant tout en s’imaginant qu’il va faire rire les lecteurs. Mais le talent d’humoriste, René Pérez ne semble pas l’avoir. Car entre faire de l’humour et répandre des clichés xénophobes et des lieux communs méprisants, il y a un fossé... que le chroniqueur a allègrement franchi [1].
Le 30 juin dernier, jour du match entre le Portugal et la Pologne à Marseille, c’est la chaîne beIN Sports qui s’était distinguée, à peu près dans le même registre, avec cette très subtile « question aux téléspectateurs » :
Légitimement prise à partie sur les réseaux sociaux, la chaîne avait alors présenté ses excuses aux téléspectateurs [2]. Le Télégramme en fera-t-il de même ? Ce serait la moindre des choses.
Julien Salingue