Le CSA gourmande…
Le 13 avril 2016, près d’un mois après en avoir délibéré lors de son Assemblée plénière du 17 février 2016, près d’un mois après la diffusion de l’émission « Des paroles et des actes » du 21 janvier 2016, le CSA, fort d’une longue réflexion, s’est fendu d’une « intervention » [1]. Que voici :
Le CSA a été alerté par un très grand nombre de téléspectateurs au sujet d’une intervention dans l’émission Des paroles et des actes, diffusée sur France 2 le 21 janvier 2016, au cours de laquelle une personne a interpellé l’un des invités. Les plaignants regrettaient que le parcours militant de l’intervenante n’ait pas été porté à la connaissance du public lors de cette séquence.
Après examen, le Conseil a regretté que le journaliste qui menait le débat n’ait pas fait état des éléments permettant de considérer que l’intervenante avait un engagement militant sur le sujet abordé lors du débat, alors qu’une telle information, dans le cadre d’une émission politique abordant des sujets controversés, aurait été utile pour la bonne compréhension des enjeux par le téléspectateur.
En conséquence, le CSA a demandé aux responsables de France Télévisions de veiller à respecter, à l’avenir, leurs obligations en matière de rigueur dans la présentation et le traitement de l’information, prévues à l’article 35 de son cahier des charges.
Ainsi, le CSA a été « alerté par un très grand nombre de téléspectateurs » qui devant le tribunal du CSA sont devenus des « plaignants ». Et de quoi se plaignaient ces innombrables ? Que le « parcours militant » de Wiam Berhouma n’ait pas été porté à leur connaissance.
Combien ces innombrables étaient-ils ? Le CSA ne le dit pas. Étaient-ils « représentatifs de l’opinion », comme disent les sondologues ? Le CSA ne le sait pas. Leur « regret » n’était-il pas fondé, non sur un défaut d’information, mais sur leur désaccord avec les propos tenus par Wiam Berhouma ? Le CSA ne le soupçonne pas.
Ne faut-il pas compter au nombre de ces innombrables ces médias et ces éditocrates qui ont manifesté leur hostilité à Wiam Berhouma en diffusant des informations désinformées à son propos [2] et qui ont continué après la publication de l’admonestation du CSA (voir en annexe : « Dévouement : informer le CSA ») ? Le CSA s’en fout !
En revanche, le CSA se dit préoccupé, parce que « l’intervenante avait un engagement militant sur le sujet abordé lors du débat […] » : un engagement qui, dit-il, devait être mentionné dans une émission qui aborde des « sujets controversés ».
Sachons bien distinguer « l’engagement militant » et « l’engagement éditorial » des militants des ondes. Quand ces derniers papotent et chroniquent à longueur d’antenne, il n’est pas utile de préciser qu’ils militent eux-aussi sur des « sujets controversés » ! Comme le montrent les réactions désinformées de certains d’entre eux après « l’intervention » du CSA (voir, en annexe, « Silence ! On désinforme »).
En revanche, le CSA s’inquiète d’un « parcours militant » et d’un « engagement militant » dont lui-même ne sait rien ou ne veut rien savoir. Informer le CSA est un devoir national dont nous nous acquittons volontiers, après avoir enquêté pour le servir (voir, en annexe, « Dévouement : informons le CSA »).
Le CSA sélectionne
Sur son Blog (« Ma vie au poste »), Samuel Gontier, journaliste à Télérama, dans un article tout en ironie quelque peu acide, félicite le CSA [3] :
Cher président, chers conseillères et conseillers,
Encouragé par votre providentielle condamnation de la non-dénonciation par David Pujadas de l’engagement extrémiste de Wiam Berhouma, je me permets de vous transmettre ci-dessous une liste (non exhaustive) de cas similaires repérés dans le cadre de mon activité de blogueur afin que vous puissiez sanctionner les fautifs.
Et Samuel Gontier de proposer un échantillon des coupables omissions, par plusieurs chaînes de télévision, de l’appartenance politique, dûment établie, de plusieurs intervenants, avant de conclure :
Cher président, chers conseillères et conseillers, j’ai conscience de ne fournir ici qu’un faible aperçu des nombreuses omissions préjudiciables à « la bonne compréhension des enjeux par le téléspectateur ». Aussi, je m’engage à vous signaler à l’avenir tout manquement dans la présentation de ses intervenants. En attendant, je suis persuadé que vous ne manquerez pas d’adresser des rappels à l’ordre aux chaînes et journalistes cités dans cette lettre avec le discernement dont vous avez fait preuve pour condamner l’odieuse duplicité de Wiam Berhouma et la coupable négligence de David Pujadas.
Soyez assurés, cher président, chers conseillères et conseillers, de ma dévouée collaboration,
Samuel Gontier
Disons-le tout net : le CSA ne devrait pas – ne doit – pas s’occuper de déontologie. Ce n’est pas son rôle. Il n’en a pas les compétences. Et il vient d’en administrer la preuve. Preuve d’autant plus accablante que la presse écrite, imprimée ou électronique, qui a sans doute nourri sa patiente réflexion, échappe à sa vigilance sélective.
Touchante sollicitude du CSA … qui n’a décidément rien à voir avec la noblesse de l’interlocuteur de Wiam Berhouma : Alain Finkielkraut.
À moins que l’Académicien ne soit une espèce protégée.
Henri Maler
Annexes :
1. Dévouement : informer le CSA
2. Silence ! On désinforme !
1. Dévouement : informer le CSA
Le CSA s’inquiète d’un « parcours militant » et d’un « engagement militant » de Wiam Berhouma dont lui-même ne sait rien ou ne veut rien savoir. Informer le CSA est un devoir national dont nous nous acquittons volontiers, après avoir enquêté pour le servir.
« Parcours militant ? ». David Pujadas a mentionné la participation de Wiam Berhouma à une liste citoyenne aux élections régionales. Une horreur sans doute puisqu’il s’agissait d’une « liste d’union citoyenne » – selon son titre – issue de la fusion entre deux listes – « Génération avenir » et « C’est à nous » – et ouverte à des représentants associatifs et à des sensibilités politiques diverses, avec pour seule condition préalable : n’être encarté dans aucun parti, comme c’est le cas de Wiam Berhouma, ainsi que David Pujadas l’a indiqué.
« Engagement militant ». Le seul engagement que nous connaissons est la participation de Wiam Berhouma à la « Marche pour la dignité », à laquelle appelaient le PIR, mais aussi le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP), le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), la Voix des Roms, Union juive française pour la paix (’UJFP), Génération Palestine, le NPA, Ensemble, les Verts, et même, non-signataires de l’appel, le Parti de Gauche et le PCF...
Nul doute que désormais le CSA obtiendra des télévisions et des radios qu’elles vérifient que les intervenants n’ont participé à aucune manifestation de parti-pris et mentionnent toutes celles dont ils auraient eu connaissance.
2. Silence ! On désinforme !
Pôvre CSA ! Privé de toute influence sur la presse écrite, son « intervention » fournit un prétexte idéal à quelques désinformations complémentaires. Deux exemples : Le Figaro et Marianne.
Ces deux éminentes publications n’ont tenu aucun compte des déclarations vérifiables de Wiam Berhouma et des informations vérifiées d’Acrimed et de Libération [4]
– Le Figaro distille
Dans l’article du 14 avril 2016 qu’il consacre à l’ « intervention » du CSA[« Des paroles et des actes : le CSA interpelle David Pujadas et France Télévisions »] on peut lire le résultat d’une enquête imaginaire, confortée par une information totalement fausse :
Après enquête, la professeure d’anglais a été candidate aux élections régionales en décembre 2015 en Île-de-France sur la liste d’Union citoyenne. De plus, sur une photo publiée rapidement sur les réseaux sociaux, Wiam Berhouma apparaît clairement en tête de cortège d’une manifestation organisée par le parti des Indigènes de la République.
Enquête imaginaire, puisque lors de l’émission, David Pujadas avait indiqué que Wiam Berhuma avait participé aux élections sur une liste citoyenne.
Information fausse, puisque la manifestation – la « Marche de la dignité » – n’était pas « organisée » par le Parti des Indigènes de la République.
– Marianne triomphe
Fier des imputations mensongères d’un précédent article qui amalgame tout avec n’importe quoi dans une évidente intention de nuire [« Face à Finkielkraut, une intervenante pas si neutre, Marianne les reproduit dans un second, destiné à soutenir la déploration du CSA [5]
Des internautes ont […] rapidement mis au jour les liens entre Wiam Berhouma et le Parti des Indigènes de la République (PIR) […] L’intéressée s’est aussitôt défendue sur Twitter, assurant ne faire partie « d’aucun collectif (PIR ou autre) ni d’aucun parti politique ». Pourtant, son nom apparaît parmi les signataires d’un collectif associé à la très polémique "Marche de la dignité" organisée à Paris en octobre dernier, à laquelle participait notamment… le PIR.
« Pourtant » ? Faut-il comprendre que Wiam Berhouma ment ?
Le journaliste de dés-investigation qui s’informe auprès d’internautes non identifiés tient pour nul le démenti de Wiam Berhouma. Preuve de sa duplicité, selon notre journaliste, elle participait à une manifestation à laquelle le PIR participait aussi. Le « très polémique » journaliste qui découvre qu’une manifestation est elle-même « très polémique » omet de fournir la liste des participants de la « Marche de la dignité » (que l’on ne se lasse pas de fournir ici) : le PIR, mais aussi le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP) FUIQP, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), la Voix des Roms, Union juive française pour la paix (’UJFP), Génération Palestine, le NPA, Ensemble, les Verts, et même, non-signataires de l’appel, le Parti de Gauche et le PCF...
Même le CSA n’a pas envisagé que Wiam Berhouma puisse appartenir simultanément à tous ces mouvements !