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Liberté de l’information ? Démantèlement du Groupe Express-Roularta (communiqué intersyndical)

Il est beaucoup question ces jours-ci de la liberté de l’information. Parlons-en ! Le Groupe Express-Roularta (GER) est sur le point d’être démantelé. Avec quelles conséquences ? Nous publions ci-dessous, sous un titre de notre choix, un tract intersyndical daté du 8 janvier 2014, suivi de la déclaration SNJ et SUD au CE extraordinaire du même jour (Acrimed).

Vente : communiqué des syndicats
et des sociétés de journalistes de GER

L’ensemble des syndicats du Groupe Express-Roularta (CGT, CFDT, SNJ, SUD et FO) ainsi que les sociétés de journalistes, expriment leurs plus vives préoccupations à l’issue de l’annonce, ce matin, au cours d’un Comité d’entreprise extraordinaire, de l’ouverture de « négociations exclusives » entre Roularta et Patrick Drahi (Altice-SFR Numéricable) associé à Marc Laufer (NewsCo Group), concernant la vente d’une partie du groupe.

L’Express, L’Expansion, Mieux Vivre, Lire, Studio Ciné Live, Classica, Pianiste, Lentreprise.com, Job rencontres et Distrijob, passeraient sous le contrôle du nouvel actionnaire.

L’Etudiant, les titres Côté, leurs activités Salons, Point de Vue, Maison Française Magazine, Zeste et les services transversaux resteraient gérés par Roularta.

Ces derniers deviendraient prestataires de service de la nouvelle entité. Les deux structures seraient maintenues dans les locaux actuels, dont le bail serait repris par la société de Patrick Drahi.

Le démantèlement annoncé de GER fait peser de graves menaces sur l’emploi de tous les salariés, cadres, employés et journalistes, et sur l’avenir de nos groupes respectifs. Il risque également de se traduire, à terme, par d’autres cessions d’activités, par des suppressions de postes, par des licenciements secs et par une aggravation de la politique « low cost » menée depuis 2006 par Roularta, et mise en œuvre par la direction actuelle de GER, à tous les niveaux.

L’ensemble des syndicats et des sociétés de journalistes tiennent, de façon unanime, à rappeler qu’ils défendront, par tous les moyens, les emplois et les acquis sociaux, l’indépendance éditoriale ainsi que la qualité des publications et des activités de GER, des valeurs pour nous fondamentales.

Nous serons présents pour empêcher que le futur ne se résume au démembrement et à la casse sociale, à la précarisation, à la dégradation des conditions de travail, et à l’aggravation du stress, des risques psychosociaux et de la souffrance au travail pour certains salariés, comme c’est le cas à GER depuis des années.

Nous exigerons du futur actionnaire et de Roularta de vrais projets d’entreprise et rédactionnels pour les deux entités.

Les organisations syndicales de Groupe Express Roularta : CFDT, CGT, FO, SNJ, SUD. La Société des rédacteurs de L’Expansion. La Société des journalistes de L’Express. La Société des journalistes de Studio Ciné Live.




Vente : déclaration SNJ et SUD
au CE extraordinaire le 8 janvier 2015

Le SNJ et SUD veilleront dans les jours qui viennent à défendre l’emploi, les conditions de travail, l’indépendance éditoriale et la qualité des publications, sérieusement compromis par huit années de gestion catastrophique menée par la direction actuelle, sous l’égide de Roularta.

Ils utiliseront toutes les armes à leur disposition, sur les plans juridiques et syndicaux, pour empêcher la poursuite de la casse des services et des rédactions.

A quoi avons-nous assisté depuis 2006, date de la prise de contrôle du groupe par Roularta ?

 une politique « low cost » qui n’a cessé de s’aggraver

 des suppressions de postes et des plans de départ à répétition

 le démantèlement du groupe, avec la fermeture de nombreux titres, aux conséquences sociales lourdes : toujours moins de moyens, moins d’effectifs ; des conditions de travail extrêmement dégradées, au point de faire surgir des problèmes psycho-sociaux gravissimes ; la précarisation tous azimuts, tout cela souvent au mépris du droit comme le relève régulièrement l’Inspection du travail.

Sans aucun égard pour les salariés, inquiets des conséquences d’une vente suivie d’une restructuration du groupe, la direction a par exemple annoncé lors du Comité d’entreprise du 6 janvier, une « réorganisation » de la rédaction technique de L’Express et de L’Expansion visant à rogner encore sur les effectifs et les moyens. Comme un engagement à l’égard du prochain actionnaire pour continuer et même « finir le job », le travail de démolition qu’elle a engagé depuis des années.

Nous sommes déjà dans le « low cost ». Ce n’est pas un danger à venir, c’est la réalité depuis trop longtemps.

Avec comme conséquence logique la remise en cause des valeurs fondamentales des titres, l’indépendance et la qualité de l’information. Car on ne saurait dissocier les moyens et les fins.

Qui peut sérieusement affirmer, en comparant les exemplaires des publications parues en 2006 et en 2014, que la qualité s’est améliorée ?

Quant à l’indépendance éditoriale, il suffirait de ne répertorier que les communications des SDJ tout au long de cette période pour être édifié.

Mais comment croire que ceux qui ont fait subir depuis huit ans une dégradation sans précédent de nos activités sont les plus à même d’adopter des orientations radicalement différentes ?

La situation de la grande majorité des salariés a empiré, tandis que quelques-uns tiraient leur épingle du jeu...

Si « on ne change pas une équipe qui gagne », il est impératif de changer une équipe qui perd. C’est ce que nous demandons au futur actionnaire de L’Express et de L’Expansion s’il veut impulser un projet éditorial ambitieux et tourné vers l’avenir.

Il ne suffit pas de changer d’actionnaire, il faut rompre radicalement avec la politique menée depuis 2006. Et donc mettre les exécutants zélés face à leurs responsabilités. Il ne suffit pas de consulter la page wikipédia du repreneur potentiel. Si « on prend les mêmes et on recommence », il sera démontré que le futur actionnaire se situe dans la continuité du précédent.

Et pour les titres qui ne changent pas d’actionnaire, il n’est pas responsable d’avoir comme perspective de les garder en espérant les revendre à meilleur prix dans quelque temps. Ni comme objectif de s’en servir pour faire tourner son imprimerie. Il faut des projets et une gestion à long terme, avec de vrais moyens humains et financiers pour permettre aux équipes de répondre aux défis qui s’imposent à elles au quotidien.

Quelles orientations pour demain, voilà le vrai débat.

 
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