I. Chasse aux « Kirchnéristes » et autres sorcières…
Si le 30 décembre 2015, le premier ministre (Jefe de Gabinete de Ministros) Marcos Peña déclarait que « se termin[ait] la guerre de l’État contre le journalisme », le moins que l’on puisse dire, c’est que l’arrivée au pouvoir de Macri et de son équipe se traduit pourtant par l’éviction de nombreux journalistes et d’émissions réputées « proches de l’ancien pouvoir » ou susceptibles de contester le nouveau.
Suivi des affaires précédentes…
On rappellera tout d’abord la disparition de la grille des programmes de la chaîne de télévision publique (Canal 7) du très populaire « 6, 7, 8 » dont nous avions fait état dans notre précédent article. Le jour de parution de celui-ci, Victor Hugo Morales, animateur de renom, annonçait son licenciement de Radio Continental [2] en soulignant que celui-ci était la conséquence de pressions, voire de la censure du gouvernement.
On se souviendra également que le site internet du quotidien Página12 [3] avait été rendu inaccessible courant décembre 2015, victime d’une cyber-attaque de grande ampleur. Si l’on en croit les informations de El Destape et de El diario Noticias, le procureur fédéral Horacio Azzolín, spécialisé dans la cyber-délinquance, aurait déterminé que près de 3000 adresses IP impliquées dans cette attaque provenaient des canaux de l’entreprise Fibertel, qui n’est autre que le fournisseur d’accès internet du conglomérat médiatique Clarín. Un autre portail d’information en ligne, El Diario Registrado [4] a été également inaccessible pour les clients de Fibertel, comme on peut le lire sur Wikipedia. Pour autant, cette enquête n’a pas (encore ?) motivé de perquisition…
Évictions, « chasse aux gnocchis » et austérité
En mars, le journaliste et éditorialiste Roberto Navarro (réputé « kirchnériste ») a dénoncé des pressions exercées sur lui et sa chaîne C5N [5], qui ont conduit à la censure d’un reportage sur Nicolás Caputo, entrepreneur et associé du président Mauricio Macri, où il était question, selon Notas.org, de l’« octroi irrégulier d’appels d’offres publics et de l’influence de l’entrepreneur sur la gestion du gouvernement de la ville » [6].
Courant avril, Pedro Brieger [7] était écarté à son tour de la télévision publique (Canal 7) où il intervenait comme spécialiste des questions internationales dans le journal télévisé « Visión Siete » et où il présentait le programme « Visión Siete Internacional » depuis près de douze ans. Officiellement, les raisons invoquées sont les mêmes que celles utilisées contre Victor Hugo Morales, à savoir le prétexte d’une irrégularité contractuelle dans les liens qu’entretenait Pedro Brieger avec l’agence Telam [8] et la Radio Nacional. Mais selon ce dernier, l’explication est d’une tout autre nature, comme il le souligne dans une lettre diffusée sur ses comptes Twitter et Facebook :
Qui penserait à retirer des ondes un programme à succès et loué au plan national et international ? Soit ils ne comprennent rien à la télévision, soit ils le font pour un autre motif : idéologique. […] Ne soyons pas naïfs, nous savons que beaucoup de nos opinions ne coïncident pas avec celles du nouveau gouvernement sur les questions internationales. […] Ils m’écartent du journal de 20 heures, ils m’enlèvent la chronique vidéo hebdomadaire que je conduisais sur Telam, et sur Radio Nacional – où j’ai été chroniqueur pour plusieurs programmes pendant 10 ans – on m’a confié une tâche absolument hors de propos d’une minute par jour. Censure ? Appelez ça comme vous voulez [9].
Outre ces personnalités, comment ne pas mentionner le sort de nombreux autres journalistes qui ont également été évincés des médias publics, dans le cadre de la fameuse « chasse aux gnocchis [10] » menée par Macri, et/ou qui sont victimes des politiques d’austérité du régime. À titre d’exemple, on peut citer le cas de l’agence Infojus, l’Agence nationale d’informations juridiques, dépendante du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, dont le démantèlement partiel a été particulièrement brutal puisque ses membres ont dénoncé, via un communiqué du 25 janvier 2016, le licenciement de 10 journalistes soit 25% de leur effectif, parmi les 500 personnes limogées au sein du ministère de la Justice.
La « pauta » : un important levier d’influence
Comme nous l’avons décrit ci-dessus, les évictions de journalistes se font pour beaucoup sur fond de pressions, voire de censure de ces voix dont l’idéologie ne correspond pas à celle du pouvoir en place. Mais on peut légitimement se demander par quel mécanisme concret s’exercent ces pressions. On se rappellera alors l’explication qu’avait livrée Victor Hugo Morales le jour de son éviction de Radio Continental :
Les sociétés sont assujetties à la campagne officielle de publicité (pauta) gérée par l’État. Ils me virent parce que l’entreprise est liée par la nécessité de pouvoir compter sur cette campagne. Il n’existe pas de média qui puisse survivre sans cette campagne.
Le chercheur et spécialiste des médias Martín Becerra, dans un article intitulé savoureusement « La pauta que los parió » [11], livre une précieuse explication de la manière dont cette « pauta » agit comme moyen de pression sur les titres de presse qui en dépendent :
La publicité officielle est un problème qui traverse toutes les administrations et qui échappe à tout critère public, réglementation et contrôle. C’est un des trous noirs de la démocratie : grâce à la publicité gouvernementale, les présidents, les gouverneurs et les maires récompensent la ligne éditoriale officialiste [12] et châtient la critique. Ce système, reconnu coupable dans différents cas par la Cour suprême de justice pour son caractère discriminatoire et injuste, fonctionne comme un dispositif de « censure indirecte » car elle inhibe la critique. Ainsi, outre le fait que la gestion des fonds est souvent trouble, les ressources publiques canalisées comme la publicité officielle découragent un des piliers de la délibération démocratique qui est, précisément, le croisement de divers points de vue et de voix dissonantes avec ceux du pouvoir politique ou économique. […] Il ne s’agit pas d’un problème mineur, dans la mesure où le volume des dépenses de l’État en publicité officielle représente 10% du gâteau publicitaire, ce qui en fait l’annonceur principal sur le marché, et qu’en orientant sa distribution seulement au regard de l’audience, cela encouragerait une forte concentration du système médiatique, en récompensant les plus grands et en reléguant de nombreux médias, producteurs et journalistes dont les moyens de subsistance se verraient menacés [13].
Par conséquent, la distribution (ou non) de la « pauta » est un des leviers dont dispose le pouvoir et un des éléments qui expliquent que la carte des médias est en train de changer drastiquement en Argentine, comme l’explique La Nación, avec une infographie détaillant la distribution de cette campagne officielle entre les différents groupes de presse argentins, de juillet 2009 à juin 2015 [14].
Grupo 23 : une illustration de la dépendance à la « pauta »
L’implosion du Grupo 23, qui appartenait au tandem d’entrepreneurs Sergio Szpolski et Matías Garfunkel, illustre l’extrême dépendance aux ressources de l’État et ses conséquences néfastes. Comme on peut le constater dans l’infographie de La Nación citée ci-dessus, le Grupo 23 a été le plus grand bénéficiaire de la « pauta » entre juillet 2009 et juin 2015, avec un montant de 815 millions de pesos. Ce groupe, composé de plusieurs médias [15] a montré, dès l’arrivée du nouveau gouvernement et la suppression de la « pauta », des signes de grande faiblesse économique, commençant même à ne plus payer ses salariés. Résultats : Radio America et Tiempo Argentino ont été vendus à une holding anonyme de Miami, FM Rock & Pop a été vendue à Fénix Entertainment, les actifs de chaîne CN23, du quotidien El Argentino et 50% de la radio Vorterix ont été transférés au Groupe Indalo ; tout comme ont été transférés l’hebdomadaire Miradas al Sur et le site internet Diagonales ; alors que la revue 7Días et les versions locales des revues Newsweek, Lonely Planet, Auto Bild et Forbes ont tout simplement cessé de paraître.
Évidemment, la conséquence directe de l’implosion du Grupo 23 est la mise sur le carreau de nombreux journalistes [16], parmi lesquels ceux de l’agence d’information en ligne Infonews dont les 50 salariés se sont vus obligés, après huit ans de service, de négocier un plan de départ face aux difficultés financières du groupe et de mettre fin à leurs activités [17].
Or, si le cas des anciens salariés du Grupo 23 est emblématique de par son ampleur, il n’est malheureusement pas isolé, puisque d’autres journalistes, d’autres groupes, ont fait l’objet de « mises à pied dans des médias d’État ou liés au kirchnérisme […] mais aussi parce que le patronat […] a bénéficié de suffisamment de complicité étatique pour flexibiliser des contrats ou imposer des relations de travail irrégulières. Tel est le cas de Canal26, CN23, C5N, Radio Rivadavia, Canal 9, 360TV, Página/12, Radio Continental… » [18].
II. Désengagement de Telesur et adoption du Protocole de sécurité
Comme nous l’avions déjà rapporté, le ministre des Médias et des Services publics [audiovisuels] Hernán Lombardi avait déclaré vouloir « réexaminer la participation argentine » au sein de la chaîne Telesur dès le 27 décembre 2015. Trois mois plus tard, il confirmait avoir « engagé la procédure pour mettre fin à la participation de l’État argentin à Telesur ». Cette sortie représente, à terme, une perte potentielle d’audience de 28 millions de personnes, selon les estimations de la chaîne. En effet, celle-ci ne sera plus retransmise via la télévision numérique publique, laquelle parvient à 80% de la population, et son inclusion cessera d’être obligatoire dans les grilles de tous les opérateurs de câble du pays. Dès le début mars 2016, Cablevisión (principal opérateur de câble dans le pays, détenu par le groupe Clarín) avait supprimé Telesur de son abonnement basique – anticipant ainsi la décision, alors que la chaîne n’avait été incorporée que le 27 Janvier 2014, dans le cadre du plan d’adéquation à la loi argentine sur les médias. Ainsi, l’Argentine, qui détenait jusqu’alors 16% des actions de la chaîne, devient le premier associé fondateur à sortir de ce consortium international [19].
Le ministre Lombardi a justifié ce désengagement en déclarant que l’Argentine n’« avait aucune possibilité d’intervenir dans le contenu de la chaîne ou de sa direction », et que cette décision entrait en droite ligne « avec ce que nous nous sommes fixés pour les médias publics en termes de pluralisme et d’austérité ». Et s’il a déclaré au quotidien espagnol El País : « Nous croyons au pluralisme », reconnaissant que « l’idée qu’il y ait une chaîne qui exprime la variété de l’Amérique latine était un projet intéressant mais [qu’]elle a cessé de l’être lorsqu’il n’y a pas de pluralité et quand les nouvelles sont unidirectionnelles » [20], cette décision est perçue par d’autres secteurs comme une décision clairement politique, incitant par exemple les Mères de la place de Mai à émettre un communiqué la dénonçant vivement.
Autre mesure dont les effets ne seront pas négligeables : l’adoption, le 17 février 2016, par le Conseil de sécurité intérieure, du Protocole d’action des forces de sécurité de l’État durant les manifestations publiques [21]. Imaginé par la ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, ce règlement, qui a pour vocation d’encadrer les mouvements sociaux [22] prévoit également des dispositions à l’égard du travail des journalistes durant ces mêmes événements. En effet, son article 3 établit que :
La participation des médias sera organisée de telle sorte que, les journalistes, les communicants et les membres de leurs équipes puissent effectuer leur travail dans une zone de localisation particulière où la protection de leur intégrité physique est garantie, et où ils n’interfèrent pas la procédure [23].
Un tel protocole n’a pas manqué de susciter le tollé et l’indignation de responsables politiques et syndicaux, d’organisations des droits de l’homme et de syndicats de journalistes [24]. Paula Litvachky, du Centre d’études légales et sociales [25], dénonce ainsi les restrictions imposées aux journalistes dans la couverture des mouvements sociaux, rappelant qu’« en de nombreux cas, comme celui de Kosteki et Santillán, [le travail journalistique] a été déterminant pour l’établissement des faits » [26]. En bref, pour Nicolas Pousthomis, photographe franco-argentin, membre de la coopérative de photographes Subcoop, ce protocole de sécurité s’assimile à une « autorisation légale de recourir à la violence contre les journalistes et les photographes trop curieux »…
III. Casse de la « ley de medios »
Enfin et surtout, l’offensive du gouvernement Macri, dans le strict secteur des médias, se porte directement contre l’un des grands acquis du mandat kirchnériste, à savoir la loi sur les services de communication audiovisuelle, également appelée « lois sur les médias » [« ley de medios »].
Bref rappel des faits
En octobre 2009, le gouvernement de Cristina Kirchner promulguait une loi exemplaire sur les médias, dont les objectifs premiers visaient la déconcentration et la démocratisation du secteur, et qui avait été très favorablement accueillie et saluée à l’étranger pour son caractère « révolutionnaire ». Validée dans son intégralité par la Cour suprême après une bataille juridique de près de quatre ans avec le groupe Clarín, cette loi avait fait l’objet de vives attaques de la part du camp Macri durant la campagne présidentielle, où ce dernier l’avait qualifié d’« instrument de guerre dans la tentative de contrôle des médias ». Il était donc peu surprenant qu’il s’empresse de la saborder dès les premiers jours de son arrivée au pouvoir… Pour autant, la méthode et la brutalité avec laquelle il a procédé a suscité un vif émoi au sein de la société argentine (et ailleurs…). En effet, en dehors de tout débat démocratique, au nez et à la barbe de l’Assemblée (qui n’a pas eu son mot à dire), le nouveau gouvernement a publié quatre décrets [27] mettant un coup d’arrêt aux deux autorités de régulation du secteur des médias et des télécommunications, l’Afsca et l’Aftic, pourtant statutairement indépendantes du gouvernement.
En réaction, une juge fédérale de San Martín a édicté, le 11 janvier 2016, une mesure préventive (acción de amparo) qui déclare « la nullité absolue » des décrets suspendant les activités de l’Afsca et de l’Aftic et les plaçant sous tutelle du nouveau ministère des Communications. Cette action juridique venait rappeler au gouvernement le principe de hiérarchie des normes juridiques, à savoir qu’un décret – pris par l’exécutif – ne peut bouleverser les dispositions d’une loi adoptée par le Parlement.
Abrogation de facto de la loi
Malgré cela, Macri et ses partisans semblent rester droits dans leurs bottes. En effet, le 6 avril 2016, les députés ont validé, par un vote à main levée, les décrets pris par l’exécutif, notamment le DNU267 qui, selon La Nación, « déroge partiellement » [28] à la loi « Argentine numérique » [29] et à la « loi sur les médias ».
Partiellement, vraiment ? En réalité, ce vote conduit ni plus ni moins à l’abrogation de facto des lois adoptées sous l’ancienne mandature. En effet, les décrets du nouveau pouvoir ont altéré leur caractère anti-monopole, en relevant le nombre de licences qu’un groupe médiatique peut détenir, en rallongeant de 10 ans le délai de celles-ci et en modifiant le critère d’intransférabilité des licences : aujourd’hui, elles peuvent être transférées avec l’approbation de la nouvelle Entité nationale des communications (Enacom), qui a d’ailleurs établi que si elle ne répondait pas sous 90 jours, son approbation était de fait acquise.
IV. Condamnations et réactions diverses
Une des premières à réagir face à la politique macriste sur le front des médias a été Cynthia Ottaviano, la Défenseure du peuple, qui a très vite dénoncé une « attaque contre la liberté d’expression ». Suite à sa demande, conjointe à celle d’un ensemble d’organisations multisectorielles membres de la « Coalition pour une Communication démocratique (CDD) », l’Organisation des États américains (OEA) a convoqué le gouvernement argentin à venir s’expliquer sur ces mesures devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH). De cette audience, qui s’est tenue le 8 avril 2016 [30], on retiendra les mots de Horacio Verbitsky, président du Cels, qui a souligné qu’« avec la promesse d’une future loi sur la convergence technologique, un schéma participatif et multisectoriel a été remplacé par un autre, de règlement et de gestion purement étatique, qui exclut la société civile des autorités de contrôle et des conseils fédéraux ».
Le 10 février 2016, de nombreux représentants du monde académique, pour la plupart spécialistes dans le domaine de la communication et des médias (dont Martín Becerra), ont publié une déclaration où ils réaffirment – entre autres – le caractère démocratique que doit revêtir le débat public sur les médias, leur critique de l’usage des décrets au détriment du débat parlementaire, leurs craintes du manque d’ouverture aux différents intérêts sociaux et politiques de la société argentine (notamment par un excès de toute-puissance de l’exécutif) et vis-à-vis des conséquences désastreuses que pourraient entraîner les concentrations, susceptibles d’affecter non seulement la concurrence sur le plan économique, mais également la liberté d’expression et la qualité de la démocratie…
L’organisation Reporters sans frontières, dans son rapport annuel sur la liberté de la presse, a quant à elle déploré la dérogation à la loi sur les médias, et fait part de ses craintes quant à l’incitation à la concentration du secteur, que risquent d’entraîner les dispositions prises par le nouveau pouvoir en place. Dernière réaction et non des moindres : celle de la Société interaméricaine de presse (SIP). Une réaction pour le moins inattendue et surprenante, pour qui se rappelle ce que représente cet organisme. En effet, la SIP, que nous avions assimilée au « Medef des entreprises de presse sur le continent américain », a également fait part de ses préoccupations face à la concentration dans le secteur des médias, suite à son congrès de Punta Cana (République dominicaine) début avril. Dans une déclaration au quotidien mexicain El Universal, le représentant de la Commission sur la liberté d’expression de la SIP, Claudio Paolillo, condamne la tentation des grands groupes médiatiques de créer des monopoles ou des oligopoles. Et même si l’organisme dont il dépend a quelque peu corrigé ses dires le lendemain, l’esprit de cette mise en garde reste le même, bien que, comme le note Martín Becerra, les magnats américains de la presse insistent davantage sur la nécessité de lois anti-trust que sur des lois spécifiques à la régulation des médias…
La reconquête – ou la recomposition de la carte – des médias argentins, brutale et fort peu démocratique, qu’a entreprise Mauricio Macri, ne laisse pas d’inquiéter. Outre les pressions, les intimidations et les risques d’éviction qui pèsent sur les journalistes, c’est – rappelons-le – l’esprit de la démocratisation des médias, entamée sous la précédente mandature qui semble être la véritable cible du nouveau chef d’État argentin. Autrement dit, lorsque Mauricio Macri et son équipe déclarent défendre la liberté de presse, ils semblent avant tout la confondre avec la liberté des entreprises de presse…
Or, si Macri avait entamé cette offensive de manière plutôt habile en critiquant le caractère dépassé de la « ley de medios » [31] et s’il promet une nouvelle loi plus adaptée au contexte technologique actuel, il est surtout en train d’alimenter une polarisation du champ politique argentin, notamment autour de cette question des médias. Pourtant, là où lui et ses relais médiatiques – tel Clarín et La Nación – font sans doute erreur, c’est que les soutiens à l’esprit de démocratisation de la communication et du champ médiatique argentin ne se cantonnent pas uniquement aux rangs de leurs adversaires politiques, à savoir les kirchnéristes, mais qu’ils représentent un secteur beaucoup plus large de la population argentine, pour lequel la vitalité du débat public dépend d’un véritable pluralisme.
Affaire à suivre…
Nils Solari