Près de 400 journalistes, dans le monde entier, sont en train de démontrer ce que notre profession peut et doit apporter aux citoyens du monde. En enquêtant, vérifiant, contextualisant et publiant des informations essentielles sur les paradis fiscaux et qui en sont les clients attitrés, ils font œuvre de salubrité publique.
Pendant près de neuf mois, en complète discrétion, ces journalistes, réunis au sein du Consortium National des Journalistes d’Investigation (ICIJ), ont rassemblé plus de 11,5 millions de documents issus des archives du bureau juridique du cabinet panaméen, Mossack Fonseca, spécialisé dans la domiciliation de sociétés écrans. 107 médias internationaux ont donc travaillé sur ces « Panama Papers ».
D’après notre confrère Le Monde qui a commencé à publier son enquête, les chiffres sont vertigineux : « 214 000 entités offshore créées ou administrées par Mossack Fonseca en près de quarante ans, dans 21 paradis fiscaux différents et pour des clients issus de plus de 200 pays ». Surtout, les noms de 128 responsables politiques et hauts responsables publics du monde entier, ceux de 12 chefs d’Etat dont six en activité, apparaissent dans ce « catalogue hétéroclite » des clients du cabinet, « à côté des barons de la drogue, des milliardaires et des stars du ballon rond ».
Sous l’appellation « Panama Papers », c’est un véritable Watergate de la finance qui est mis au jour, une gigantesque affaire de détournements de fonds publics à l’échelle mondiale, puisque la plupart des clients de Mossack Fonseca étaient motivés par la dissimulation des richesses et l’évasion fiscale.
Le Syndicat National des Journalistes (SNJ), première organisation de la profession, tient à féliciter ses confères du « Monde » et de « Cash Investigation » sur France 2, ainsi que ceux du quotidien munichois « Süddeutsche Zeitung », à l’origine de ce que certains appellent déjà la « plus grande fuite de l’histoire du journalisme ».
C’est ce type de fichiers et d’informations financières que certains lobbys européens tentent d’enfermer à double tour par l’intermédiaire de la directive européenne sur le secret des affaires. En France, c’est un tout petit article, caché dans la loi Macron, qui avait tenté de légiférer pour empêcher journalistes et lanceurs d’alerte de travailler dans ces domaines. Devant le tollé provoqué alors, l’amendement avait été retiré pour… réapparaître sous forme de projet de directive européenne sur le secret des affaires.
Le SNJ qui mène avec ses alliés, à Bruxelles comme à Paris, un combat pour empêcher que l’on bâillonne ainsi les informateurs au service des citoyens, lance un appel aux parlementaires européens qui auront à se prononcer sur ce texte le 14 avril prochain.
Rejetez ce projet scélérat de directive européenne sur le secret des affaires !