Entre autres prestations, Alain Duhamel offre aux auditeurs de RTL une chronique régulière - « Le fait politique » - qui le 30 janvier 2004 prend pour titre « Le destin d’Alain Juppé ».
Sera-t-il condamné ou non ? Et s’il est condamné, la peine sera-t-elle inscrite au casier judiciaire, avec pour conséquence une inéligibilité de dix ans ? Et, dans tous les cas, quelles conséquences politiques ? Le commentaire prospectif du politologue est d’une rare densité...
... Et serait sans grand intérêt si l’improvisation ne donnait à entendre, au passage, ceci :
« [...] Alain Juppé, en fait, aujourd’hui est mis en cause pour des incriminations qui sont relativement vénielles [...] » [1].
Règle d’or : avoir à portée de main une version récente du Petit Larousse. Et cela donne, pour 2004 :
« Véniel, vénielle (du latin venia, pardon), adjectif
1. CHRISTIANISME. Péché véniel : péché léger (par opposition à péché mortel).
2. Littéraire. Se dit d’une faute sans gravité. »
Grand équilibriste entre droite et gauche de gouvernement, fluctuant au gré des vents politique et des médias qui l’accueillent, Alain Duhamel n’a pas tranché au nom du droit, mais de la morale : avoir cautionné des emplois fictifs serait « relativement sans gravité ». Relativement à quoi ?
En revanche, comme on peut l’entendre (ou le lire) un plus loin, ce sont surtout les conséquences du jugement sur « le destin [politique] d’Alain Juppé » qui auraient une dimension « morale » : « On sait son envergure, ses responsabilités, le lien particulier qu’il a avec Jacques Chirac, qui rêve d’en faire son dauphin et même son successeur. Bon, il y a déjà cette dimension-là, personnelle, et puis affective et morale {} » [1].
Des propos de chroniqueur de « La France d’en haut » ?