La controverse sur le traitement des prisonniers de guerre, et en particulier sur leur traitement médiatique, a pris de l’ampleur dans les divers médias français. La presse écrite s’en fait l’écho. Ainsi Libération du 24 mars 2003 lui consacre un article (« Faut-il montrer les soldats prisonniers ? Polémique autour de l’interprétation de la Convention de Genève. »]). Et Le Monde fait de même dans son édition datée du 25 mars (« Face aux images de morts et de prisonniers, les télévisions hésitent »).
La question est sérieuse, même s’il est à tout le moins surprenant qu’elle surgisse à l’occasion des images de prisonniers américains, alors qu’elle n’a suscité apparemment aucun embarras public lors de la diffusion le jour précédent d’images de prisonniers irakiens.
Hervé Brusini, sur France 3, le 24 mars 2003, le reconnaissait non sans probité.
Patrick Poivre d’Arvor, préposé à la célébration de sa chaîne, n’hésitait pas, dans le journal de TF1, à professer, avec l’assurance doucereuse qu’on lui connaît, une demi-vérité où l’on reconnaît le spécialiste des demi mensonges. Faisant référence à la Convention de Genève, mais n’évoquant que les images des visages des prisonniers, sans dire un mot des situations dans lesquels ils sont filmés, notre brave piou-piou de l’information biaisée déclare :
« Nous avions d’ailleurs pris soin de masquer leurs visages sur notre antenne »
On s’apprêtait alors à vérifier - il ne faut pas trop se fier à sa mémoire - que des images humiliantes (et sans « masque ») de prisonniers irakiens avaient été diffusées sans précaution sur la chaîne [1], quand Le Monde nous apprenait ceci, dans l’article mentionné plus haut :
« A TF1, les prisonniers ont tout de suite été vus sur Al-Jazira, et, " à la différence d’il y a dix ans, nous nous sommes demandé ce que nous faisions avec ces images et ces sons", rapporte Robert Namias, le directeur de l’information. Partant du principe qu’à la télévision l’image "authentifie le propos", TF1 a décidé de diffuser des images "floutées" des prisonniers et des "cadrages larges"des corps étendus sur le sol, "sans s’appesantir". »
Soit ! Mais la suite de l’article du Monde, que ne protège aucun conditionnel de précaution, vaut son pesant de déontologie :
« Conscient de ne pas avoir procédé de la même façon la veille avec les images de prisonniers irakiens, M. Namias a fait "maquiller" les archives afin qu’elles ne permettent plus de reconnaître les individus. »
Notons le sang froid des journalistes qui divulguent cette information sans sourciller...
Après la fausse interview de Fidel Castro par Patrick Poivre d’Arvor [2], les fausses archives de la guerre contre l’Irak par Robert Namias ?
Ce doit être une rumeur ...
H. M.