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« Bidonnage » : payés pour écouter Sarkozy

Nous publions ci-dessous un communiqué de l’Association de défense des victimes de "24 heures pour sauver 24 vies" (association en cours de constitution, nom provisoire). Une opération de communication transformée en information : on attend rectificatifs et réparations (Acrimed).

"24 heures pour sauver 24 vies",
un " bidonnage " politico-médiatique

500 personnes payées
pour écouter un discours de Sarkozy

Intermittents du spectacle, nous avons été engagé par l’agence d’hôtes et d’hôtesses Marianne International (voir annexe pour détails) pour un contrat de figuration de deux heures. On nous avait annoncé que nous travaillerions sur un clip. Il s’agissait en réalité d’une opération pour la sécurité routière organisée par la Ligue contre la violence routière (voir annexe pour détails). Cette opération consistait, en partie, en une mise en scène symbolisant la mort sur la route. C’est pour figurer dans cette mise en scène que nous étions engagés. Dès après la signature de nos contrats, on nous a demandé de nous allonger et d’observer une minute de silence. Puis, la dernière demi-heure, les ministres Nicolas Sarkozy et Gilles de Robien sont apparus et ont entamé un discours. Nous sommes donc fondés à dire que le public de M. Sarkozy était payé pour écouter.

Le soir, dans les différents journaux télévisés, l’événement a été présenté comme une manifestation spontanée et volontaire de jeunes sensibilisés et mobilisés par la prévention routière. Même chose dans les journaux du lendemain.

Par cette opération "24 heures pour sauver 24 vies", on essaye de faire croire que les 500 personnes étaient des volontaires impliqués dans la prévention routière, qu’ils soutiennent l’action du gouvernement et qu’ils viennent spontanément assister au discours de M. Sarkozy. Il n’en est rien. Aucun journaliste ne pensera à rapporter les sifflets et cris de protestation qu’on put entendre à la fin du discours de M. Sarkozy. Nous sommes bien obligés d’appeler cela un "bidonnage".

Nous, figurants de l’opération "24 heures pour sauver 24 vies", nous nous sentons lésés et nous nous constituons en association afin d’entamer les suites judiciaires nécessaires pour que la lumière soit faite sur cette affaire, que nous soyons dédommagés, que les responsables de cette mascarade soient désignés et que des démentis soient présentés par l’ensemble des rédactions des journaux impliqués. Cette démarche ne sous-entend d’aucune manière que nous ne nous sentons pas concernés par la fréquence et la gravité des accidents de la route.

Association de défense des victimes de "24 heures pour sauver 24 vies"

 Rappel d’Acrimed. En 1990, Olivier Stirn, ministre " centriste " (autrefois giscardien) chargé du tourisme dans le gouvernement Rocard, a dû démissionner après que fut révélé qu’il avait fait appel à des figurants rémunérés pour assurer la " claque " lors d’un colloque où s’exprimaient plusieurs personnalités de la majorité d’alors.


Annexe

Ligue contre la violence routière : association loi 1901 fondée en 1983, membre de la Fondation de France. La Fondation de France est reconnue d’utilité publique depuis le 9 janvier 1969 et signataire de la Charte "Donner en confiance" [1].

Les partenaires de l’opération

- Les ministères : de l’Education Nationale, de la Recherche et Nouvelles Technologies, de l’Equipement des Transports du Logement du Tourisme et de la Mer, de l’Intérieur, et de la Justice
- Le Sénat
- Autres : l’Association des Sociétés Françaises d’Autoroute, le MEDEF, la FNTER, le groupe ESSO, la Croix Rouge, l’Ecole Nationale de la Magistrature, l’Ecole Nationale d’Administration, Cofiroute, RTL, M6, JCDecaux.

Marianne internationale  : Entreprise spécialisée dans le recrutement et le placement d’hôtes et d’hôtesses d’accueil. Agréé du Consortium Stade de France pendant trois ans. Responsable pour le Groupe Alcatel d’assurer l’accueil de ses manifestations en Europe.

 
Acrimed est une association qui tient à son indépendance. Nous ne recourons ni à la publicité ni aux subventions. Vous pouvez nous soutenir en faisant un don ou en adhérant à l’association.

Notes

[1Voir Le " Comité de la Charte " (Note d’Acrimed).

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