« C’est un coup de force » [2] selon Philippe Harrouard, directeur adjoint de l’information sur France 2. Une « prise en otage », « un acte de violence » [3] selon Jean-Jacques Aillagon, Ministre de la Culture et de la Communication. Pascale Clark a choisi, quant à elle, l’image du détournement d’avion et décrit David Pujadas, présentateur du 20h, comme un « commandant de bord encore impuissant » [4]. De quoi s’agit-il ? D’un nouvel attentat d’Al-Quaida ? Non simplement de l’intrusion des intermittents au 20h de France 2, lundi 10 novembre, dont la violence reste d’ailleurs encore à établir. Et pourtant Christopher Baldelli, directeur général de France 2, prévient déjà : « Les mesures de sécurité avaient été renforcées depuis plusieurs mois, nous allons tirer toutes les conséquences » [5] alors que David Pujadas cherche déjà la parade : « Ce qui est sûr c’est qu’ils ne sont pas passés par les entrées principales, plutôt par une entrée de service. » [6]
Comme on bâtit des prisons pour remédier à l’insécurité, on va donc renforcer « les mesures de sécurité » pour éviter les intrusions des intermittents. Mais qui à France 2, au Ministère ou au CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) s’est interrogé sur l’origine de certaines déclarations lors du journal de 20h ?
Rien non plus sur le sujet au 13h de TF1 et de France 2. D. Pujadas, lors du 20h se contente de lire un communiqué de l’UNEDIC et rappelle que « la direction de France 2 condamne ce coup de force ». Aucune agence de presse ni quotidien national pour relever et commenter les déclarations « en quatre mois de lutte, on nous a rarement laissé la parole » ou « enfin de la vraie information ! ».
Le lendemain de l’intrusion, Jean-Jacques Aillagon déclarait que « cette prise en otage du journal télévisé contredit gravement le principe de la liberté de l’information » mais personne ne pose la question du droit à l’information et du devoir d’informer, bafoués quand les intermittents du spectacle sont privés de parole et que les motifs de leur lutte et leurs propositions sont passés sous silence.