Quelques réactions : Benasayag lui-même (site du Nouvel Obs) - Les journalistes de Radio France - Le SNRT-CGT et le SNJ-CGT - Pierre Marcelle (Libération) - L’Union syndicale G10 Solidaires - Sur le site de la Ligue des Droits de l’Homme de Toulon - ... et Catherine Trautmann (à suivre...).
– Benasayag lui-même
Sur le site du Nouvel Observateur :" Ma sensibilité n’a plus sa place sur France Culture ", par Miguel Benasayag (sur le site du Nouvel Observateur, 22 mars...).
– La Société des journalistes de Radio France "condamne" le "manque de respect" de la direction de France Culture envers l’éditorialiste, "congédié du jour au lendemain". Elle juge "inacceptable tant sur le fond que sur la forme" la "méthode employée pour se séparer" de Benasayag, et estime qu’il y a aussi "manque de respect pour les auditeurs qui n’ont pas eu droit à un mot d’explication" (communiqué du 27 mars, auquel a fait écho l’AFP).
– Le SNRT-CGT et le SNJ-CGT
Le SNRT-CGT et le SNJ-CGT dans un communiqué daté du 30 mars 2004 et intitulé : « Management à la guillotine à France Culture » rapellent que « M. Benasayag avait un contrat depuis un an et jusqu’à fin juin » et que « C’est pour son passé de militant de la liberté d’expression (5 ans de prison sous la dictature Argentine) et pour son engagement dans le courant altermondialiste » qu’il a été engagé par Laure Adler. Et souligne :
« Aujourd’hui : C’est parce que ’’ trop militant ’’ pour une chaîne qui n’est pas une « radio associative » que Laure Adler, le licencie du jour au lendemain ! Lorsqu’on oppose à L. Adler l’engagement d’autres chroniqueurs du matin elle répond : ’’ c’est pas pareil ’’
Visiblement certains sont plus libres que d’autres
- les chantres du pouvoir en place
- le cercle des journalistes de révérence
- l’armée de réserve des intellectuels ’’ chiens de garde ’’.
Pas étonnant que cette direction n’assume pas ses "choix" jusqu’au bout et ne donne à l’auditeur aucune explication sur cette brusque disparition d’un chroniqueur en place depuis un an et un mois !
Le Service Public, Radio France, France Culture, les personnels et les auditeurs méritent une explication : la CGT la demandera dans les instances où elle siège. »
– Pierre Marcelle, dans Libération
Chronique du mardi 23 mars 2004 :
« Bal électoral à la maison ronde : un mort. Miguel Benasayag, un des chroniqueurs des Matins de France Culture, a été exécuté vite et mal. (...) Nicolas Demorand, passe-micro en chef , n’eut même pas le courage d’annoncer à ses auditeurs que le philosophe psychanalyste avait été viré ; à peine bafouilla-t-il que "ces élections font bouger les rendez-vous habituels, pas de chronique de Miguel Benasayag". Sa couardise ne précisa pas comment cette chronique-là, et elle seule ce jour-là, avait été définitivement "bougée", à la veille du week-end, par Laure Adler, charismatique patronne de France Culture. Demain, en place de Benasayag, il y aura un linceul de silence. Du caniche Demorand, on n’attendait pas qu’il nous contât comme sa maîtresse avait convoqué Benasayag, jeudi, pour lui signifier que son propos était "trop engagé, trop militant", et que sa chronique du jour serait la dernière. [...]
Les pratiques de la station à l’endroit de ses pigistes ne datent pas d’hier (Eric Dupin déjà... "Pas assez à gauche") et entrent dans un incontestable ordre des choses : la censure des voix minoritaires n’a pas à se justifier, elle va de soi. Mais, sur des ondes publiques qui dégueulent tous les jours les grands principes de la culture, de la liberté et de l’esprit qui a vocation de s’opposer, on apprécierait qu’elle s’assume. »
– Lettre de l’Union syndicale G10 Solidaires
« Madame
Nous avons appris que France Culture a décidé de mettre fin à la chronique quotidienne et matinale de Miguel Benasayag, au motif que ses chroniques étaient trop militantes.
Miguel Benasayag est connu comme philosophe, écrivain et militant : il l’était déjà quand il lui a été proposé de tenir ces chroniques du matin sur France Culture ; cela nous semblait indiquer la volonté de France Culture de s’ouvrir sur la diversité sociale, et de refléter une pluralité de point de vue parmi ses chroniqueurs.
Cette décision brutale de mettre fin à cette chronique nous apparaît comme une censure politique contre une parole qui donnait de l’écho aux luttes sociales, aux résistances diverses, et prouvait un réel pluralisme des chroniqueurs.
C’est pourquoi nous vous demandons de revoir votre position et de permettre à Miguel Benasayag de poursuivre cette chronique. »
– Sur le site de la Ligue des Droits de l’Homme de Toulon
Une page : « Censure : suppression de la chronique quotidienne de Miguel Benasayag sur France Culture »
Où l’on peut lire la chronique de Pierre Marcelle, et une proposition de lettre à envoyer à :
Laure Adler, Directrice des programmes de France Culture,
fax : 01 56 40 24 10 - laure.adler@radiofrance.com
Maison de Radio France, 110 avenue du Président Kennedy, 75786, Paris, cedex 16vec copies
Avec copies à :
- Nicolas Demorand, "les matins de France-Culture", fax:01 56 40 42 18
nicolas.demorand@radiofrance.com
- et à la rédaction de France-Culture : fax 01 56 40 46 56 redactionculture@radiofrance.com
– ... et Catherine Trautmann
Dans une lettre adressée à Laure Adler le 23 mars 2004, Catherine Trautmann, avant de s’étendre longuement sur la politique sécuritaire du gouvernement, écrit :
« Chère Laure Adler,
Il ne manquait plus qu’un point à l’analyse développée par Miguel Benasayag dans sa dernière chronique, le fait qu’une chaîne de radio, attachée à l’indépendance d’expression, à l’ouverture au débat, à sa pluralité de couleurs et de sons, interrompe la parole d’un chroniqueur pourtant très écouté. Ainsi la boucle est bouclée. »
Traduisons : selon Catherine Trautmann, la censure de Benasayag complèterait l’arsenal sécuritaire de Sarkozy.
A suivre...