Attention, la lecture de cet article pourra paraître fastidieuse : rien n’est plus monotone que la mise en évidence de la monotonie...
I. Des élections au Parlement européen ...
Avant que la question des élections ne devienne d’actualité, « C’dans l’air » consacre une émission - « Europe : secousse force 10 » (Première diffusion : le 22 avril 2004) à l’élargissement de l’Union européenne qui doit avoir lieu le 1er mai 2004.
Etaient invités ce jour-là :
- Jean-Dominique Giuliani : « Auteur de Quinze plus dix, le grand élargissement, paru en 2003, Jean-Dominique Giuliani est président de la fondation Robert-Schuman. Celle-ci a pour but d’aider les pays candidats à l’adhésion dans l’Union européenne, de tisser des liens solides entre les peuples, de faire naître de nouvelles solidarités et de soutenir ceux qui œuvrent pour la démocratie. » A suivre...
- Paul-Marie Coûteaux , « Député français au Parlement européen, membre du groupe Europe des Démocraties et des Différences (EDD) et président-fondateur du mouvement Rassemblement pour l’Indépendance d’une France Souveraine (RIFS). » Notez bien ce nom : c’est le seul opposant - de droite - aux processus actuel de la Construction européenne qu’on entendra à « C’ dans l’air ».
- Jean-Bernard Cadier « Journaliste pour Europe 1, spécialiste de l’Europe, Jean-Bernard Cadier est correspondant permanent à Bruxelles. » Et ancien correspondant d’Europe 1 et du Point à Washington. Invité quasi permanent sur le sujet.
- Jean-Pierre Faugère : « Doyen de la faculté Jean-Monnet, à Sceaux, Jean-Pierre Faugère est professeur de sciences économiques et auteur d’ Economie européenne, paru aux éditions Presses de Sciences Po et d’Europe, paru chez L’Harmattan. » Il ne reviendra pas : dommage ?
Puis, en juin 2004, « C’dans l’air » se penche à trois reprises sur les élections au Parlement européen.
– La première émission - « L’Europe, cette inconnue ! » (première diffusion mercredi 2 juin 2004) - s’inquiète des taux d’abstention passés et insiste sur l’enjeu : « Une vraie occasion pour chacun d’entre nous de participer à l’avenir en influençant la politique européenne. » Mais la présentation de l’émission précise : « Le projet de Constitution européenne vise à remplacer et à simplifier les traités en vigueur. Il a pour objectif d’établir les valeurs phares de l’Union, d’en faire une entité juridique unifiée et indépendante, et de définir son architecture constitutionnelle. Le texte précisera les droits fondamentaux des citoyens européens et dessinera son paysage institutionnel : Parlement européen, Conseil européen, Conseil des ministres, Commission européenne et Cour de justice. »
Encore faut-il savoir ce que sont les institutions européennes. Pour nous éclairer, les invités sont :
- Jean-Dominique Giuliani, toujours « Auteur de... » et « président de la fondation Robert-Schuman. » Et de deux participations !
- Jean-Bernard Cadier, toujours « Journaliste pour Europe 1 » et « spécialiste de l’Europe ». Et de deux !
- Anne Levade-Cassin, « Professeur de droit public à l’université Paris XII-Val-de-Marne et responsable de la maîtrise en droit, mention droit européen, Anne Levade-Cassin y dirige le Centre de recherches communautaires. » Elle aussi reviendra...
– La deuxième émission - « Rappel : dimanche, on vote ! » (Première diffusion : le jeudi 10 juin 2004) - poursuit ce travail civique de mobilisation des électeurs en compagnie des « invités » suivants :
- Christophe Barbier, Directeur adjoint de la rédaction de L’Express et chef de son service politique. La présentation précise : « Dans son édition du 7 juin 2004, l’hebdomadaire publie les résultats d’un sondage sur l’intérêt des Français pour les élections européennes et un article sur les façons de voter dans neuf pays de l’Union européenne. » Un habitué de l’émission. Il reviendra...
- Roland Cayrol, « Président associé de l’institut CSA (Conseil, Sondage, Analyse), directeur de recherche au Centre d’études de la vie politique française, Roland Cayrol est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Sondages, mode d’emploi, Le grand malentendu et Médias et démocratie : la dérive. » Autre habitué de ce programme. Et lui aussi, reviendra...
- Elisabeth Guigou, « Députée socialiste de Seine-Saint-Denis et vice-présidente de la délégation de l’Assemblée nationale pour l’Union européenne » [2].
- Valérie Pecresse, « Députée UMP des Yvelines depuis deux ans » [3]
« L’équilibre » politique est maintenu... de bien étrange façon : deux représentantes qui approuvent, de gauche et de droite, le processus actuel de la construction européenne (et désormais le Traité...).
– La troisième émission - « Europe : carton rouge » (Première diffusion : le lundi 15 juin 2004) - a pour objet de commenter les résultats, marqués (pour reprendre les termes de la présentation de l’émission) par une « abstention record », puisque « la participation globale n’a pas dépassé 44,2 %, presque six points de moins qu’au dernier scrutin de 1999. » En outre, sur fond d’abstention record (la participation globale n’a pas dépassé 44,2 %, presque six points de moins qu’au dernier scrutin de 1999), les élections pour le Parlement de l’Europe se sont conclues par une défaite de la plupart des gouvernements en place.
Invités :
- Christophe Barbier, toujours Directeur adjoint de la rédaction de L’Express et chef de son service politique. Et de deux participations [4].
- Roland Cayrol, Toujours « Président associé de l’institut CSA » et auteur de plusieurs ouvrages dont.... Et de deux aussi [5].
- Pierre Giacometti, « Directeur général d’IPSOS. Cet institut spécialisé dans les études d’opinion et les études marketing réalise régulièrement des enquêtes et des baromètres sur le potentiel présidentiel des différents hommes politiques français. L’IPSOS a suivi de près le cours des élections européennes. » Reviendra...
II. ... A la campagne sur le Traité constitutionnel Européen
– Pour terminer l’année 2004, « C’dans l’air » propose une rétrospective - « C’était dans l’air en 2004 » (Première diffusion : Vendredi 17 décembre 2004) - dont une des séquence est consacrée à la question suivante : « Pour ou contre une Constitution européenne ? ». La présentation nous apprend ceci :
« Alors que les socialistes d’autres pays européens peinaient à comprendre le débat des socialistes français sur la Constitution européenne et d ans la perspective du référendum, prévu en 2005, malgré les dissensions internes, le PS s’est uni pour dire un "oui" franc lors d’un scrutin interne. Pourtant, les réactions en faveur du "non" restent néanmoins vives chez de nombreuses figures politiques. Ainsi, l’association alter-mondialiste ATTAC s’est engagée, elle, après avoir eu l’aval de ses adhérents, dans une campagne de rejet du projet. Au-delà des clivages politiques, le soutien au futur traité gagne du terrain. Les Français auront le dernier mot lors d’une consultation national en 2005. En attendant, selon le baromètre politique mensuel BVA, paru dans L’Express du lundi 13 décembre 2004, même si les indécis sont nombreux, 65 % des Français comptent voter "oui" au prochain référendum de ratification du projet. ». On ne sourit pas...
Invité ? Jean-Dominique Giuliani, toujours auteur de... et président de la fondation Robert-Schuman, dont le but n’a pas changé. Et de trois participations...
– En février 2005, l’émission - « L’Europe : l’auberge espagnole » (Première diffusion le lundi 21 février 2005) - se penche sur la victoire du "oui" au référendum sur la Constitution européenne en Espagne. En dépit des 57,68% d’abstention, la présentation constate une « approbation massive » : « Cette approbation massive de la Constitution européenne par les Espagnols est saluée en France par tous les partisans du "oui", tandis que les tenants du "non" mettent en avant le taux particulièrement élevé d’abstentions. »
Pour commenter ces interprétations divergentes, les invités de « C’ dans l’air » sont d’une diversité époustouflante :
- Anne Levade : toujours professeur de droit public à la faculté de droit de Paris-XII-Saint-Maur, etc. Désormais elle est aussi « l’auteur, avec Laurence Burbogne-Larsen et Fabrice Picot, d’un ouvrage à paraître aux éditions Hachette qui s’intitulera [...] »
- Dominique Reynié : « Politologue, professeur à Sciences-Po Paris et chercheur au Centre d’études de la vie politique française, Dominique Reynié est directeur de l’Observatoire interrégional du politique, dont la vocation est de faire des enquêtes d’opinion au niveau régional, y compris européen. Il est l’auteur de La fracture occidentale, naissance d’une opinion européenne, paru en 2004, aux éditions de la Table ronde. ». On l’entend partout, mais il reviendra !
- Carles Prats : « Correspondant en France pour TV3, la télévision publique catalane, Carles Prats était auparavant rédacteur au service international de la chaîne à Barcelone ».
- Jean-Bernard Cadier (en duplex de Bruxelles), toujours correspondant d’Europe 1.
– L’émission suivante - « Si la France disait non... » (Première diffusion : le lundi 21 mars 2005) laisse poindre une grave inquiétude...
La présentation donne successivement et exclusivement la parole à un responsable (anonyme) de la CGT qui explique la poussée du « non » dans les sondages par l’énervement contre Chirac et Raffarin, puis à Jean-Marc Ayrault et Jean-Pierre Raffarin, tous deux favorables au Traité.
Quant aux invités, leur liste vaut tous les commentaires :
- Dominique Reynié : est resté « Politologue, professeur à Sciences-Po », etc. et « auteur de... ». Et deux participations.
- Roland Cayrol, toujours « Président associé de l’institut CSA » et « auteur de plusieurs ouvrages dont... ». Et de trois participations !
- Pierre Giacometti, toujours « Directeur général d’IPSOS » [6]
- Christophe Barbier : toujours Directeur adjoint de la rédaction de L’Express et chef de son service politique. La présentation, cette fois précise : « L’hebdomadaire commentera dans son édition du 28 mars 2005, les conséquences politiques d’un "non" contre la Constitution européenne. ». Et de trois participations...
- Jean-Bernard Cadier (en duplex de Bruxelles)
Ainsi, les sept émissions consacrées directement à la construction européenne et au Traité constitutionnel européen ont eu pour invités des amis choisis dans un cercle très limité : des responsables politiques partisans du processus actuel de construction de l’Europe, des journalistes politiquement plus ou moins marqués, des universitaires à l’horizon limité à la politologie et au droit les plus conventionnels et des sondologues, « experts » ès entrailles de « l’opinion publique ». On imagine assez quelle Europe peuvent chérir de tels commentateurs... en l’absence de tous les autres.
Et que croyez vous qu’il arriva quand le mercredi 6 avril 2005, l’émission prit pour thème (selon son titre) « Le "non" des "non" » ? On y entendit les invités suivants : Roland Cayrol, Pierre Giacometti, Christophe Barbier et Jean-Bernard Cadier...
Henri Maler