Une « gaffe » de François Hollande ? N’en parlons pas....
Sur France Culture, le 26 mai à 13 heures, François Hollande tient des propos en rupture totale avec le discours habituel des partisans du « Oui », qui soutiennent que le Traité est un bon traité, le plus social et le plus démocratique que l’on puisse espérer. En rupture surtout, avec l’invitation insistante à déconnecter les enjeux intérieurs et européens :
- François Hollande : Mais de toute manière, on aura le même président jusqu’en 2007. [...] Dès lors qu’il ne met pas sa personne en cause, on peut le regretter ou on peut ...
- Journaliste : Vous souhaiteriez qu’il mette sa personne en cause ?
- François Hollande : Non, non, aujourd’hui il n’y a pas de raison qu’il le fasse puisqu’il ne l’a pas fait et s’il l’avait fait d’ailleurs, nous aurions appelé à voter non . [1] [...]
- Autre journaliste : François Hollande, pardon, mais vous m’avez fait sursauter. Vous avez dit : si Jacques Chirac avait mis en quelque sorte son poste en balance, si le référendum eût été donc un plébiscite, vous auriez appelé à voter non. Donc pas de traité ?
- François Hollande : Ecoutez, ça on l’avait signalé dès le départ. On avait dit : nous, nous sommes pour un référendum à condition qu’il n’y ait effectivement pas de plébiscite. Sinon, c’est une autre question qui est posée. [...] Là, il ne s’agit pas de ça, il ne met pas sa personne en cause. On le connaît trop bien, Jacques Chirac, il ne remet aucun de ses mandats en cause. A partir de là, le seul sujet c’est le traité constitutionnel. Si ça avait été sa personne, c’était un autre débat politique, une autre configuration .
En version sonore :
Il est remarquable que la presse, avec sa scrupuleuse honnêteté, n’ait pas fait davantage écho à cette déclaration.
Le lendemain, 27 mai, François Hollande est l’invité de Stéphane Paoli sur France Inter. Et c’est un auditeur, pas Paoli, qui lèvera le lièvre de sa très étonnante déclaration de la veille. Le moins que l’on puisse dire c’est que la réponse de François Hollande était embarrassée...
Jusqu’à présent - mais sait-on jamais ? - silence total dans « nos » médias.
Un slogan sexiste de l’UMP ? Fermons les yeux...
Un journaliste de Marianne, entre autres, s’insurgeait contre la violence - « saillies », « volée d’insultes » - des partisans du « non » sur Internet, dont on nous dit qu’il est devenu le quasi-monopole des adversaires du Traité (Voir dans : Paris-Normandie en « mission d’information », « Halte au “non totalitaire du Net ” »).
Nous lui soumettons, ainsi qu’aux plus charitables de ses confrères ulcérés, ce slogan paru sur un site « jeunes » de l’UDF de » la Somme (où il figurait dans les « goodies », mais d’où il a semble-t-il disparu...)
Des dessins indécents de Cabu ? Ce n’est que de l’ humour...
Imaginons qu’un partisan du non prétende que Florence Aubenas vote « non » mais que ses ravisseurs brûlent de ratifier de Traité de Constitution pour l’Europe... Énorme scandale ! Mais lorsque par deux fois le dessinateur Cabu se livre à ce genre de tripatouillage à des fins de propagande, nul ne s’indigne.
En dernière page de Charlie Hebdo du 13 avril 2005, Cabu nous suggère d’abord qu’Aubenas vote « Oui » :
Puis le dessinateur explique dans Le Canard enchaîné (11 mai 2005) que les ravisseurs de la journaliste sont de fervents partisans du « Non » :
NB : L’humour ayant, semble-t-il, tous les droits, y compris les droits d’auteur, nous retirerons ces dessins sur simple demande de l’auteur s’il veut les soustraire à la critique.
Quand le dessinateur Cabu fait voter Florence Aubenas (pour le « oui ») et ses ravisseurs (pour le « non »), Robert Ménard, contre toute attente, oublie de déplorer, au nom de Reporters sans frontières qu’une otage soit mise au service de la propagande d’ un dessinateur sans scrupule ; Serge July, patron de Libération et partisan du traité, se garde de condamner le cynisme et la démagogie de Cabu ; Philippe Val, directeur de Charlie Hebdo et préposé aux leçons de morale, couvre le détournement du soutien à Florence Aubenas en soutien au Traité constitutionnel.
C’est entendu : pour le « Oui », tout est permis !
[Documentation : Acrimed et PLPL]