Claire Chazal à Philippe de Villiers (MPF, non) : pluralisme
- Philippe de Villiers : Ce soir c’est le peuple français qui envoie une grande claque à tout un système qui prétend commander notre pensée : les appareils, les éditorialistes , tous ceux qui ont tenté d’intimider le peuple français... [2]
- Claire Chazal : Tout le monde a eu la parole , Philippe de Villiers.
- Philippe de Villiers : D’ailleurs je rends hommage à TF1. Le décompte : 50-50 [3]. Mais tout le monde sait bien que ça n’a pas toujours été le cas et que 99% des éditorialistes étaient pour le oui.
La tentative de désamorçage de la critique par un constat lénifiant n’a pas complètement réussi... Alors que de Villiers parlait des éditorialistes, Claire Chazal, spontanée, ne parvient pas à entendre ou préfère ne pas entendre.
Claire Chazal à Besancenot (LCR, non) : isolement de la France
- Claire Chazal : Olivier Besancenot, est-ce que vous avez aussi ce discours, j’allais dire « triomphaliste » et est-ce que vous vous réjouissez pour la France, une France qui sera tout de même isolée dans l’Europe, en tout cas qui l’est aujourd’hui ?
L’amertume de Claire Chazal la conduit à parler de « triomphalisme » (sans raison apparente), en lui opposant comme une évidence un argument des tenants du « oui » : l’isolement de la France. Etrange façon d’introduire le débat sur ce point.
Claire Chazal, à Dominique Voynet (Verts, oui) : progrès...
- Claire Chazal : Mais est-ce que les défenseurs du oui dont vous faisiez partie n’ont pas toujours été, j’allais dire, « sur la défensive ». Gilles de Robien parlait d’un progrès, d’une avancée, mais en fait on n’a jamais entendu vraiment cette voix. On a toujours senti ces défenseurs du oui répondre aux attaques, notamment sur le libéralisme ou sur bien d’autres aspects.
Claire Chazal n’a jamais entendu présenter le Traité comme un progrès... Vraiment ? Et que dire du choix du mot « attaques », au lieu de « critiques », par exemple ? Qui s’exprime, une présentatrice ou une partisane du « oui » ... « sur la défensive » ?
Claire Chazal à Michel Barnier (UMP, oui) : dramatisation
- Claire Chazal : Est-ce que, Michel Barnier, le chef de l’État doit l’entendre [cette « colère des français »] et est-ce qu’il aurait dû, peut-être dramatiser davantage et éventuellement mettre sa place en balance, en jeu ?
Claire Chazal s’interroge sur ce que le chef de L’Etat aurait dû faire... pour faire passer le « oui ». Curieuse ambiguïté quand on rapproche cette question de ce qu’elle dira plus loin : « on a toujours dit que les questions internes n’avaient rien à voir avec cette constitution. »
Claire Chazal à Marine le Pen (FN, non) : démocratie...
- Marine le Pen : Si la Constitution avait été ratifiée par l’Assemblée nationale, elle l’aurait été à plus de 90%.
- Claire Chazal : Ça veut dire que tous les leaders doivent s’interroger sur eux-mêmes ?
Claire Chazal réplique par une question sans rapport avec le problème posé : celui de la représentativité de l’Assemblée Nationale, compte tenu du résultat du vote. Involontaire ou non, cette tentative de désamorçage détourne le problème d’ensemble vers la seule personne des leaders.
Claire Chazal à Ségolène Royal (PS, oui) : défaut de communication
- Claire Chazal : Ségolène Royal est avec nous. On a entendu François Hollande tout à l’heure contre le gouvernement, mais est-ce que c’est pas aussi au Parti socialiste de faire son autocritique. Il y a eu un non qui s’est exprimé majoritairement dans ce scrutin et qui ne s’était pas exprimé au sein des militants . Est-ce qu’il n’y a pas eu une erreur, est-ce qu’il n’y a pas eu au fond un défaut de communication ou d’efficacité, j’allais dire, de la part des dirigeants du Parti Socialiste ?
Passons sur l’erreur ou la maladresse d’expression qui consiste à dire que le non « ne s’était pas exprimé au sein des militants » (alors que plus de 40% d’entre eux s’étaient exprimés en ce sens lors du référendum interne du 1er décembre 2004). La question d’une éventuelle « autocritique » de la direction du Parti Socialiste porte seulement sur son « défaut de communication ou d’efficacité ». Comme s’il s’agissait - mais c’est l’inconscient marketing qui parle - d’un simple problème de « communication »
Claire Chazal à Ségolène Royal (bis) : ne pas tromper de débat
- Ségolène Royal [répondant à la question précédente] : Je pense que le Parti socialiste a eu une attitude exemplaire, puisqu’il a pris sur lui et sur sa colère contre l’actuel gouvernement et sa politique anti-sociale, le fait de malgré tout appeler à voter oui pour sauver l’Europe. Ça n’a pas suffi...
- Claire Chazal (lui coupant la parole) : Vous avez bien dit que ça n’avait rien à voir puisqu’on a toujours dit que les questions internes n’avaient rien à voir avec cette constitution.
« Vous avez bien dit », « on a toujours dit » : amusant passage du « vous » au « on » qui inscrit le Parti socialiste dans un plus vaste appareil de communication, au sein duquel Claire Chazal s’intègre tout naturellement...
Il est vrai qu’on peut entendre - on a entendu - nettement pire. Mais il n’est jamais inutile de tendre l’oreille...
David Rambourg