Lundi 26 septembre, France 3 diffuse le magazine « Pièces à conviction » : invité Nicolas Sarkozy.
Début juillet suite aux attentats de Londres, « Pièces à Conviction » lance un tournage sur les jeunes du 19ème arrondissement de Paris partis au Jihad et sur la torture pratiquée par la CIA dans sa lutte antiterroriste.
Fin août, un premier contact est pris avec le Ministère de l’intérieur pour obtenir une interview de Nicolas Sarkozy sur les risques d’attentats en France.
Un enregistrement prévu le 16 septembre est repoussé au 21 en après-midi.
Le 21 au cours de son intervention, le Ministre de l’intérieur évoque des « interrogatoires en cours à l’heure où je vous parle »...
Pas de relance de la présentatrice de l’émission malgré les questions que pose cette annonce :
*Le Ministre fait-il allusion à des interpellations qui ont eu lieu le 19 septembre, interpellations qui ne seront suivies d’aucune inculpation les suspects étant libérés à la fin de leur garde à vue ?
*Fait-il référence à des interpellations qui se déroulent au moment de l’enregistrement ?
*Annonce-t-il des interpellations programmées pour le 26 jour de la diffusion ?
Le téléspectateur ne le saura jamais ! [1]
Dans les jours précédents la diffusion, des copies de l’émission enregistrée sont adressées aux rédactions de France 3, avec l’accord du Ministère.
Le lundi 26 septembre au matin, jour de la diffusion, la DST procède à de nouvelles interpellations dans des milieux islamistes de Trappes.
Dès le vendredi 23, la Direction de France 3 Ile de France en prévoit la couverture.
Lundi 26 : TF1, France 2 et France 3 sont sur place.
Les reportages serviront de véritables « bande-annonce » de l’intervention du ministre le soir même dans PAC [2].
Question :
*des invitations liées au magazine ont-elles été lancées par la police ?
*Les Directions des chaînes et les journalistes ont-ils été instrumentalisés, les téléspectateurs victimes d’une vaste opération de communication ?
Comment regagner notre crédibilité avec ce type de dérives ?
Face à ces dérapages de plus en plus fréquents, notre mission d’informer exige la plus grande rigueur journalistique.
Les conditions particulières rencontrées lors de ces tournages doivent être transparentes pour les téléspectateurs, explicites dans les commentaires ou les rendus-images.
Pour le SNJ-CGT les émissions d’information doivent être diffusées en direct !
Paris, le 29 septembre 2005