I. Heurs et malheurs de l’économie de marché
– Problèmes de propriété. La « convergence irrésistible » (Les Echos du 7 décembre 2005) entre les télécoms et l’audiovisuel et particulièrement, la télévision sur téléphones mobiles fait apparaître de nouveaux problèmes.
Si les conditions techniques de son apparition ne sont pas encore tranchées, le futur marché est déjà inondé par l’arrivée frénétique d’un faisceau de prétendants - diffuseurs, producteurs et opérateurs de télécoms, et le sujet est très médiatiquement « pressent » (Le Parisien Economie du 5 décembre 2005 ) « la télévision réinvente pour passer sur le téléphone mobile » (Le Monde 17 novembre 2005).
Mais la télévision sur mobiles qui a débuté timidement avec les offres de 3ème génération est déjà l’enjeu d’un « débat très complexe » (Les Echos, 21 octobre 2005). Un débat pourtant trivial : « Comment définir les droits de téléphonie si, en diffusant des programmes télévisés, les opérateurs montrent des images sportives dont ils ne détiennent pas les droits ? » (La Croix du 12 novembre 2005).
Car le monde de la téléphonie en s’invitant sur un territoire nouveau pour elle - le monde des médias (par l’Adsl au départ et maintenant via les mobiles - provoque des conflits d’intérêts qui poussent Patrick Le Lay de TF1 en personne à mettre en garde « contre le risque de voir les opérateurs de télécoms se transformer en diffuseurs de télévision pour des produits ponctuels en achetant les droits de certains programmes » (Les Echos, 24 novembre 2005). Pas folle TF1 ... Les chamailleries suscitées par le cas des détenteurs de droits sportifs (dont TF1), lui a permis de comprendre que ce futur marché pourrait lui être profitable (« Les droits sportifs, un enjeu majeur » Le Monde, 17 novembre 2005), mais il ne faut pas laisser-faire : « On ne peut pas utiliser l’argent d’un marché, celui des accès Internet haut débit, qui n’est soumis à aucune règle, pour concurrencer les entreprises de télévision, qui sont, elles, soumises à des quantités de règles » (Les Echos, 25 novembre 2005).
Conclusion : « faut réguler ! » Un argument désormais brandi pour pacifier et mieux partager : « La télévision sur mobile réclame des règles claires » (Les Echos, 25 novembre 2005). Du lobbying en persepective...
– Problèmes de concurrence internationale. Au bradage des médias aux investisseurs (« la presse américaine sous la pression de ses actionnaires », Le Monde du 1er décembre 2005) s’ajoute une nouvelle préoccupation lancée par Challenges (10 novembre 2005 : « des étrangers pour une presse française sauve », face à son constat : « le belge Rossel a acquis La Voix du Nord , l’italien Stampa et l’espagnol Prisa sont montés au capital du Monde ... L’espagnol Vocento attend ces jours-ci une réponse pour la reprise du Progrès et du Dauphiné (Socpresse), dossier que lorgne l’italien Rizzoli », ajoutons Roularta et L’Express, et France-Soir lorgné par un fonds italien.
Condamnation de cette financiarisation multinationale ? Non. Mais une analyse froide en forme de verdict : ces investisseurs étrangers « ont les moyens de relancer les quotidiens français ». Et Challenges de se pâmer : « Modernes, puissants, les étrangers affichent des rentabilités à faire pâlir : 28 % pour la presse quotidienne de Vocento, 15 % pour celle du suisse Edipresse. Ces groupes ont les moyens de faire le pari d’une transformation des quotidiens français, jugés archaïques en termes de production et de distribution, espérant un retournement de conjoncture. ». Et l’hebdomadaire qui oublie opportunément les braderies auxquelles se livrent « nos » investisseurs ose s’étonner : « Paradoxal, car, en France, le recul des ventes et la crise publicitaire rendent le secteur peu attractif. En réalité, l’Hexagone compte peu d’éditeurs assez riches et rentables pour réaliser des opérations de cette envergure » Tiens donc...
Ce n’est pas tout. « La télé américaine débarque en France via l’Europe » s’inquiète (?) Le Monde du 3 décembre 2005 : « Aujourd’hui l’inquiétude grandit, au sein de l’audiovisuel français, face à un autre risque : celui du "cheval de Troie" que peut représenter pour un groupe américain l’achat d’une chaîne française, à l’instar de Voyage, reprise en 2004 par Fox. »
II. Télévisions
– Plus de publicité grâce à la « Directive » Télévision sans frontières. Le futur est pavé de bonnes intentions sonnantes et trébuchantes : « La directive audiovisuelle » a désormais libéré « les vannes de la pub comme l’écrit La Tribune du 23 novembre 2005. » Et Stratégies du 8 décembre 2005 de rappeler : « Dans le projet de directive européenne, la publicité n’a plus de limitation quotidienne (elle est jusqu’à présent de 15% du temps d’antenne et de 20% avec le téléachat). Seule subsiste la limite de 12 minutes par heure. De même, il ne sera plus obligatoire de ne diffuser de la publicité qu’entre des parties autonomes ou lors d’interruptions naturelles (mi-temps de football). Pour les films et téléfilms, une coupure sera possible toutes les 40 minutes (45 minutes actuellement). Pour les programmes d’information et enfants, il ne faudra plus attendre que 20 minutes entre deux coupures, alors que seuls les programmes de plus de 30 minutes peuvent jusqu’ici être coupés. Enfin, le placement de produit est autorisé, sauf pour les émissions d’information et pour enfants, sous réserve d’en informer le téléspectateur. » [Lire aussi, dans l’ Actualité des médias n°45, « Télévision sans frontières : vers plus de publicité à la télévision ».]
– TF1 en bonne forme et en poupe. « Première chaîne nationale, premier support de publicité de France, TF1 entend bien profiter de la bonne santé de la publicité et du commerce en ligne » écrit La Tribune (12 octobre 2005). Et accélérer sa diversification sur Internet via e-TF1 au chiffre d’affaires de 31 millions d’euros au premier semestre et la création de TJM, une filiale de e-TF1 « consacrée aux activités interactives spécialisé dans les services en ligne et contenus mobiles » (Stratégies Newsletter, 4 novembre 2005). En outre, Le Figaro (11 octobre 2005) nous apprend que TF 1 et son « associé franco-tunisien Tarak Ben Ammar sont devenus le premier éditeur télé de sport en Italie avec six réseaux, trois payants et trois gratuits ». (Le Figaro, 11 octobre 2005). Enfin, celle qui « espère » capter 50 % de la publicité télévisée de la grande distribution (Le Monde du 8 décembre 2005), convoite « à nouveau » les chaînes allemandes ProSieben et Sat 1 suivant de « très près l’évolution du dossier du rachat du groupe de télévision allemand ProSiebenSat.1 par l’éditeur Axel Springer »
– CFII, c’est parti... C’est officiel : au 1er décembre 2005, la chaîne française d’information internationale (CFII) a été lancée avec une convention entre TF1 et France Télévisions qui crée une société anonyme détenue à « 50-50 » via un pacte d’actionnaires, dotée d’un budget de 95 millions (une misère mais nos impôts), de 130 journalistes à recruter, d’un conseil de surveillance (à remplir en décembre 2005)... Et d’une direction opérationnelle accordée au publicitaire Alain de Pouzilhac, un proche de Carolis et Chirac au chômage depuis cet été, adoubé par TF1 (cf. l’article de Patrice Lestrohan, Le Canard Enchaîné du 8 décembre 2005, page 7). Pour comprendre la petite histoire de ce lancement qui affaiblit une fois encore le secteur public et repose sur le financement public d’une chaîne partagée avec une télévision privée (ainsi que sur les oppositions syndicales à ce coup de force gouvernemental), voir notre rubrique « La chaîne d’information internationale ». Nous y reviendrons.
– TNT : Lancement de chaînes gratuites et payantes. I Télé (Canal Plus) et Europe 2, gratuites le 14 octobre 2005, et, mi novembre 2005, Gulli (Lagardère et France Télévisions) et BFM TV (groupe NextRadio) : l’ « offre » de 18 chaînes gratuites est bouclée (Les Echos, 17 octobre 2005).
La payante à l’unité ou sous forme de bouquet qui réunit les produits de Canal Plus et TPS (joyeux Noël : ils arrivent d’ici à la fin de l’année) a été rendue possible par décret du gouvernement sur « les distributeurs de services de communication audiovisuelle » chargés de commercialiser les chaînes payantes (Les Echos, 4 novembre 2005). Plus on sera de fous, plus les annonceurs s’incrusteront, il faut que « tout le territoire » soit couvert par la TNT fin 2007 » (La Tribune du 8 décembre 2005). Et il le sera promet le gouvernement : pour accélérer les choses, et créer les conditions optimales pour compléter le marché un fonds d’accompagnement pour le numérique, doté pour 2006 de 15 millions d’euros a été voté dans le budget (La Tribune, 18 octobre 2005). La Newsletter de Cb News 8 novembre 2005 note déjà la progression des investissements publicitaires est de 17,1% par rapport au mois précédent : « plus de 6,1 millions d’euros bruts ont été investis en octobre 2005 2005 sur 7 chaînes de la TNT ». Gardez le cap ...
– Dommages collatéraux. Sur l’audience : « France 3 pénalisée par le mode de diffusion de la TNT », (La Tribune, 19 octobre 2005). Pour le client : l’UFC-Que choisir a dénoncé « une forte hausse des charges des réseaux câblés des immeubles collectifs avec l’arrivée de la TNT. » Selon l’association, plus de « 1,2 million de foyers subissent une augmentation des charges du service-antenne "pouvant atteindre près de 600%". Une hausse tarifaire de la part des câblo-opérateurs qualifiée d’"inadmissible." » (Newsletter de Cb News du 4 novembre 2005).
– Polémiques sur les chaînes infos gratuites. « Avec CNN pour modèle », BFM TV et I Télé (concurrentes sur le réseau TNT), « visent le grand public pour tenter de détrôner LCI », payante et absente de la TNT, selon Le Monde du 20 octobre 2005. Ce qui agace la chaîne de TF1 qui « considère que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a commis "une faute en incitant les chaînes info à se financer uniquement par la publicité" ». Mais la nature fait (encore) bien les choses : LCI, en la matière, est « trois fois plus investie » que la chaîne de Canal Plus « malgré la TNT ». Enfin, Jean-Claude Dassier, directeur général de LCI, estime cordialement, dans un entretien accordé au Parisien (21 novembre 2005) que les chaînes gratuites d’information vont devoir faire face à des « déficits considérables ».
III. Presse Ecrite
1. Presse Quotidienne
– France Soir sauvé des eaux. France-Soir s’est déclaré en cessation de paiements et s’est retrouvé en redressement judiciaire. Certains ont craint sa disparition, mais le tribunal a enjoint le moribond de trouver un repreneur avant le 30 décembre 2005. Mieux, il recevait le 23 novembre 2005 une aide de « 2,2 millions d’euros de la Direction des médias de Matignon, au titre de l’aide aux quotidiens à faibles ressources » (Stratégies Newsletter 25 novembre 2005). Par ailleurs, un consortium belge qui publie notamment L’Echo - un magazine « mondain belge » - s’est dit intéressé par une reprise du quotidien avec « un projet amusant » qu’il a refusé de détailler (selon la Newsletter de Cb News du 2 décembre 2005).
Selon Le Canard Enchaîné (9 novembre 2005), Raymond Lakah, actuel patron en partance du quotidien, avait aussi un « projet amusant » lorsqu’il a racheté France-Soir, mais pas éditorial contrairement à ce qu’il prétendait. Il aurait connaissance d’une obscure spoliation (estimée à 14 millions d’euros) datant de 1989 relative à une vente d’immeuble et dont France-Soir aurait le dindon. Bien informé et endetté, Lakah en réclame 58 millions devant le tribunal pour dommages et intérêts.
Après tant de malheurs, reprises et discrédits, France Soir est « fatigué mais pas lassé » informe un article de soutien à son confrère de misère de Libération, 6 décembre 2005.
– Libération en surpression. Le 6 décembre 2005, CB News relaie : « Edouard de Rothschild, a indiqué hier que le journal allait « perdre plus de 15% de son CA net » en 2005, « soit plus de 8 M€, avec une perte récurrente d’environ 700 000 € par mois. ». Et tandis que Rothschild « s’inquiète des pertes » (Le Monde du 7 décembre 2005), les salariés font toujours « pression pour qu’il n’y ait pas de licenciements secs » (Les Echos) [1]
Parmi les nombreux commentaires et messages de deuil sur l’évolution de Libé, on peut relever celui de Marianne (Serge Maury, 26 novembre 2005) : « Si le personnel doit faire des sacrifices, la nomenklatura usée, passée du gauchisme au néolibéralisme, qui a mis le quotidien dans cet état, ne devrait-il pas passer la main ? Pourquoi des rédactions de talent devraient-elles toujours payer pour les fautes des chefs ? ». Soit, mais qu’est-ce que ça changerait si le financement et l’actionnaire restaient les mêmes ? Rappel utile des propos d’une interview tenue par Rothschild au Figaro Economie le 29 novembre 2004 : « Libération a toutes les qualités pour être le moteur du groupe de presse diversifié que je veux construire. ». Il promettait « sans équivoque » de « naturellement respecter l’indépendance du titre, de sa rédaction et souhaite conserver l’équipe en place ».
– Le Monde à flot. Le Monde a finalisé sa recapitalisation avec l’arrivée des groupes Lagardère et espagnol Prisa qui ont « apporté chacun 25 M€, le groupe Stampa participant à hauteur de 2,5 M€. Une tranche de 10 M€ est réservée aux actionnaires déjà présents au capital » (Les Echos du 31 octobre 2005.)
– Nouvelles formules. Le 7 novembre 2005, Le Monde lançait sa nouvelle formule, avec notamment « au niveau éditorial » un « partenariat avec le quotidien gratuit Metro » qui publiait dans son édition du même jour une page du nouveau Monde, ainsi qu’une interview du directeur des rédactions Gérard Courtois. On retiendra parmi les tapis rouge, cette matinale de France- Inter : un 7-9 "100 % consacrée au journal (qui se veut) de référence. Ce doit être pour cela. Et en guise de bienvenue à son confrère, un article du Figaro qui écrit dans un « châpo » factuel : « cette relance vise à juguler une baisse des ventes ininterrompue depuis trois ans. [...] La survie de Colombani est en jeu. » Merci pour l’info : cette nouvelle formule du Monde enregistrait une hausse de 59 % des ventes sur la semaine du 7 novembre 2005 par rapport à la tendance générale du mois d’octobre 2005, a annoncé Stratégies Newsletter le 25 novembre 2005. Le Figaro lui est aussi à l’heure des bilans : ses ventes ont augmenté de 4,9 % en octobre 2005 depuis le lancement de sa nouvelle formule en début d’année (Newsletter de Cb News 4 novembre 2005. Tant de succès pour pallier les lourdes pertes ont inspiré La Tribune qui prépare aussi « sa » nouvelle formule avec un passage au bimédia (après Libération) en septembre 2006 promettant une vraie « complémentarité web/papier » (Libération, 2 décembre 2005).
– Bimédia. L’Internet est « champion absolu du marché publicitaire », écrit Le Figaro 7 décembre 2005. Le site du Monde, des Echos et du Figaro en profitent déjà. Le bimédia s’est invité dans les discours stratégiques pour parler de l’avenir survie de la presse quotidienne. Dans les faits il consiste aussi à fusionner deux équipes de journalistes - celle du support papier et du net, c’est-à-dire réduire les effectifs... Il y a bien quelqu’un qui finira par s’y retrouver dans cette équation.
2. Magazines
– Contenus marrons. Sous le titre « Le temps des marronniers », la Newsletter de Cb News du 25 octobre 2005 remarque que les hebdos d’actualité qui rencontrent de « plus en plus de difficultés à se vendre sur des sujets chauds », multiplient donc ces « marronniers » - l’immobilier étant un beau spécimen... Ainsi, « le mensuel Capital a réalisé en septembre une vente record avec son deuxième numéro de l’année portant sur l’immobilier [...] cet été, L’Express a réalisé sa meilleure vente de l’année en kiosques avec 157 000 ex. pour un numéro portant sur ce thème et Le Nouvel Observateur 110 000 ventes au numéro sur le même sujet. »
– Substituts aux « marronniers » ? « La presse magazine veut profiter du portable 3G pour développer ses revenus » indiquent Les Echos du 5 décembre 2005, qui précisent que « l’idée maîtresse est de maintenir un lien permanent avec le client », « recruter des abonnés nouveaux grâce aux possibilités offertes par le marketing viral et augmenter le panier moyen dépensé par les consommateurs ». C’est de la prévision creuse car « pour l’instant, les revenus tirés des services sur les portables restent négligeables, et le modèle économique futur non maîtrisé » (sic). Du coup : « on est au début du développement des usages, mais si avec nos marques nous n’investissons pas ce territoire, d’autres occuperont le terrain, et cela sera beaucoup plus difficile pour nous de nous imposer », selon le RDC de Psychologies Magazine.
Jalouse, magazine féminin, s’est trouvé un autre substitut pour augmenter ses ventes : « pour souhaiter à ses lectrices une bonne année 2006 [...] adopte le vibromasseur » (Le Parisien, 5 décembre 2005).
– Denis Jeambar réfugie L’Express chez les Belges. Roularta, un ami belge, « vise 100 % du groupe Express-Expansion ». Son patron, Rik de Nolf, a joint le geste au portefeuille avec ses « fonds propres » en prenant déjà et dans un premier temps 35 % du groupe de la Socpresse (La Tribune, 23 novembre 2005). Restent donc 65 % de faux suspense : L’Express, depuis le pamphlet anti-Chirac de Denis Jeambar [2], président du directoire et directeur de la rédaction, ne serait plus en odeur de sainteté à l’Elysée qui n’empêcherait donc pas que Roularta parvienne à obtenir le rachat déjà tenté au printemps dernier.
Quoi qu’il en soit, aux dires de CB News (5 décembre 2005), avec ce coup de Roularta, Jeambar aurait « gagné son combat d’ordre politique et éditorial », non sans dureté ... Il semble que le magazine connaisse une certaine tension, et c’est un euphémisme si l’on en croit Libération (2 décembre 2005) qui, sous le titre « Coups de gueule à L’Express » dépeint une scène d’engueulade « traumatisante » de Jeambar à sa rédaction : « Une heure durant, Denis Jeambar, [...], a lu mercredi un texte en forme de mégasavon à sa rédaction. A l’origine de ce que certains qualifient de "crise de violence inouïe", la publication, la semaine dernière dans le Monde, d’un entrefilet sur les comptes rendus des douze groupes de travail de l’hebdo qui, le mois dernier, avaient été invités à plancher "sans tabou" sur une nouvelle formule. »
Roularta, précise Stratégies du 23 novembre 2005, « a acquis ces dernières années plusieurs titres de presse français (Studio magazine, A nous Paris, etc.). Ajoutons, récemment Point de Vue via Cavenne, société éditrice, devenant « acteur majeur de la presse française » constate CB News (5 décembre 2005) et 85 % du capital l’hebdomadaire gratuit A Nous Paris racheté, le 21 octobre 2005 à la Comareg (filiale de France Antilles).
3. Presse régionale
– Mono(pôle) Ouest ? Le conseil de la Concurrence a rendu un avis favorable au rachat du pôle ouest de la Socpresse (trois titres et leur régies : Presse Océan, le Courrier de l’Ouest et le Maine libre) par Ouest-France, suivi par le feu vert de Bercy le 7 novembre 2005, plaçant le groupe rennais en position de « quasi-monopole dans l’ouest de la France, tant sur le plan rédactionnel que publicitaire » (Les Echos, 8 novembre 2005). Pour ce faire, le conseil a réglé ces quelques « problèmes » qui ralentissaient les choses. Ainsi, Ouest-France restera de toutes façons majoritaire mais il ne sera donc pas contraint de descendre en dessous de la minorité de blocage de 34 % de sa télévision locale Nantes 7, car le Télégramme - son concurrent - serait autoriser à y « monter » Ouest-France devra, en outre, « organiser sa future régie publicitaire commune en entités spécifiques à chaque type de médias, séparant PQR (presse quotidienne régionale), télévision et presse gratuite » (Libération, 25 octobre 2005).
Reste que « Ouest-France est toujours accusé de bâtir un monopole » et que son PDG, François-Régis Hutin, estime « inévitables » des restructurations, mais assure, pour tenter de se dédouaner, que « l’indépendance des trois titres sera maintenue ». (Libération, 7 novembre 2005)
– Autres informations. La Tribune, 8 novembre 2005 trouve que la presse quotidienne régionale se réinvente par son « engagement stratégique dans la télévision locale » ; la multiplication de supports (ex : La Dépêche du Midi et le gratuit « Montpellier Plus »)
La Socpresse attend toujours une « offre ferme du premier groupe de presse espagnol », Vocento, dont Sud-Ouest est actionnaire, pour son pôle Rhône-Alpes. Ce serait dans les prochains jours (Stratégies du 24 novembre 2005).
3. Presse gratuite
– Lobbying et institutionnalisation. Création de l’ « Association pour la promotion de la presse magazine gratuite d’information » (APPMGI) qui regroupe A nous Paris, Femmes en Ville, Journal du Golf et Sport. Ce lobby a déjà une réussite : le voilà sur la même ligne de départ que les payants pour être évalué et vendu : « Les magazines gratuits d’information pourront intégrer l’étude d’audience AEPM- à partir de janvier 2006, ainsi que les magazines payants ayant une diffusion France payée supérieure à 80 000 ex. ou une audience supérieure à 400 000 lecteurs. C’est la décision majeure prise le 19 octobre 2005 dernier par le conseil de gérance de la société Audipresse, qui a également revu la méthodologie et le périmètre de l’échantillon pour l’étude d’audience de référence en presse magazine. » (Newsletter de CB News du21 novembre 2005)
– Presse gratuite / Paris+. Des « discussions pour la création d’un troisième quotidien gratuit sur Paris » ont eu lieu sous la houlette de Lagardère désormais aux commandes publicitaires du Monde y adjoignant sa filiale magazine HFM, la Socpresse (Les Echos, 16 novembre 2005). Challenges du 24 novembre 2005 note : « Cette contre-offensive dans la capitale comble un manque. » Ah ? « Si la presse payante dispose d’un réseau - Ville + -composé de cinq versions en province (Marseille, Bordeaux, Lille, Lyon et Montpellier), elle n’avait pas réussi à faire aboutir un projet en gestation depuis 2002 à Paris. Or, sans la couverture du bassin parisien, ce réseau ne peut capter que de la publicité régionale. Soit la portion congrue du gâteau. »
Or « l’idée des Ville + est intéressante, mais la réalisation arrive un peu tard », confirme la directrice des études presse de Carat Expert, Sophie Renaud. Car Metro (9 villes) et 20 Minutes (8 villes) ont tissé leur toile. Ils généreront chacun cette année quelque 30 millions d’euros de chiffre d’affaires. Metro promet l’équilibre en 2005 et 20 Minutes l’an prochain. Paris + devra se frotter à cette concurrence bien installée. »
Et pour finir...
... Une reconversion réussie. Le groupe suisse Ringier, éditeur notamment du quotidien tabloïd Blick, a annoncé le 24 novembre que Gerhard Schröder deviendra à partir du 1er janvier 2006 conseiller personnel de Michael Ringier, président du conseil d’administration, pour les questions de politique internationale.
L’ancien chancelier allemand « ne siégera ni au conseil d’administration, ni dans un autre organe du groupe », selon une dépêche d’Associated Press. La newsletter de CBNews rapporte quant à elle que « le montant du salaire de M. Schroeder n’a pas été révélé, mais M. Ringier a indiqué que ce n’est pas l’argent qui a convaincu l’ancien chancelier ».