Accueil > Critiques > (...) > Publicité : dépendances économiques et éditoriales

Midi Libre fait la promo d’Ikea

par Mathias Reymond,

Nous publions ci-dessous un article paru dans le n°4 de l’Accroche daté du 23 octobre 2005. (Acrimed)

A Midi Libre, « il n’y a pas, et il n’y a jamais eu d’interface entre le rédactionnel et la publicité ! », s’exclame Jean-Marie Gavalda, rédacteur en chef de l’édition montpelliéraine. Pourtant, quand Jean-Louis Baillot, directeur général d’Ikea France, est interviewé (21/09/05), 4 pages de publicité couleur accompagnent l’entretien. Explication : « Il est normal qu’Ikea fasse sa campagne de pub. » Soit. Mais, comment expliquer ce rapport incestueux entre le rédactionnel et la publicité ? Surtout quand le quotidien local le plus lu consacre autant d’articles à un tel événement. Il va même jusqu’à en faire sa Une (23/09/05) et à consacrer un article à la pose des lettres de l’enseigne du magasin (26/08/05).

14 pages entières de publicités

Les articles qui couvrent l’ouverture du magasin suédois ne font la part belle qu’aux consommateurs ravis. Que ce soit « Christine la Pescalune, Alain et Claudine du Pont-du-Gard, Thierry et son beau-fils de Montpellier, Cathy de Quissac [ou] Alice de Sète », tous ont vécu une journée de bonheur. Certains « se frottent les mains de plaisir », d’autres « apprécient » ou sont déjà « convaincus » (27/09/05). Midi Libre du même jour consacre deux pages de publicité dans le cahier national/international.

Les suppléments du quotidien ne sont pas en reste puisque Version Femina et TV magazine servent régulièrement de supports publicitaires à Ikea. Récemment encore (02/10/05), Version Femina offrait 2 pages et 1/3 de page sur la Une et TV Magazine - Midi Libre, 2 pages. Une semaine auparavant (25/09/05), Midi Libre consacrait un article court sur la campagne publicitaire du magasin et 4 espaces (dans le quotidien et les suppléments) lui étaient alloués...

Au total, 14 pleines pages de publicités entre le 21 septembre et le 1er octobre auront été occupées par Ikea. N’en déplaise à M. Gavalda qui reproche à l’Accroche « d’avoir disséqué » son journal (voir dans notre n°1 l’article consacré à la couverture du référendum européen par Midi Libre), cette ambiguïté méritait d’être soulevée. Toutefois, les autres organes de presse de la région ont également couvert l’ouverture d’Ikea et ont bénéficié des rentrées publicitaires du magasin. Mais dans une bien moindre mesure. Pourquoi ? On ne le saura pas.
C’est « tout » ce que Midi Libre peut nous dire...

Mathias Reymond

 
Acrimed est une association qui tient à son indépendance. Nous ne recourons ni à la publicité ni aux subventions. Vous pouvez nous soutenir en faisant un don ou en adhérant à l’association.

A la une

Médias français : qui possède quoi ?

Vous avez dit « concentrations » ? Nouvelle version de notre infographie.

Louis Sarkozy : le capital médiatique s’hérite aussi

Le journalisme politique dans sa bulle.