Nous avons connu l’information régionale à France 3, nos enfants devront s’en passer
Le 27 février prochain, le 12/14 Ouest disparaîtra de l’antenne pour être remplacé par un programme national de divertissement !
En huit ans et demi, depuis sa création en septembre 1997, l’édition de 12h50 a prouvé qu’elle répondait à une demande du public (prolongement de l’actualité avec des invités, remise en perspective, nouveaux éclairages, point de vue critique). Elle est regardée chaque jour en moyenne par 300 000 téléspectateurs sur la Bretagne et les Pays-de-la-Loire.
Fort de son succès, le 12/14 Ouest est devenu une rédaction à part entière qui compte aujourd’hui huit postes de journalistes titulaires en son sein. Malgré cela, on va nous fermer.
Désormais, la nouvelle présidence de France Télévisions veut privilégier le « patriotisme de groupe », en lieu et place du « patriotisme de chaîne ». En d’autres termes, France 3 ne doit pas faire d’info face à France 2. La présidence a choisi son camp.
Le 23 novembre dernier, les salariés de France 3 Ouest ont rencontré Paul Nahon et Hervé Brusini en visite à Rennes. Le premier est directeur général adjoint chargé de l’information, le second est directeur délégué à l’information.
Ce qu’il ressort de cette rencontre où l’inquiétude des rédactions s’est exprimée avec véhémence, c’est que les éditions d’information régionale ne sont pas la préoccupation de MM. Nahon et Brusini, bien qu’ils aient clamé que c’était notre cour de métier.
Monsieur Nahon est surtout apparu comme un directeur de la rédaction nationale, peu disert sur l’information régionale.
MM. Brusini et Jonquard, le directeur régional de l’Ouest ont assuré qu’il n’y aurait pas d’impact sur les effectifs permanents, mais ils ont parlé ouvertement de « redéploiements » sans préciser leur forme.
Quoi qu’il en soit, Hervé Brusini a refusé de garantir la pérennité des éditions locales et régionales dans leur forme actuelle. Ces messieurs ont surtout à l’esprit, manifestement, l’alimentation de l’édition nationale par des reportages des régions, plus que la sauvegarde des éditions en région.
A ce titre, le projet de tranche du 12/13 qui doit être mise en place le 27 février, est particulièrement instructif. Les éditions régionales y perdent la moitié de leur temps d’antenne (Elles ne conserveront que la tranche 12h/12h25 rebaptisée « Midi pile », pub et météo comprises, sans contreparties), alors que l’édition nationale, elle, ne se voit imposer aucun sacrifice. Quant au journal de RFO, il est maintenu sur notre antenne. A l’heure des restrictions, l’information régionale doit-elle être la seule à se serrer la ceinture ?
On s’interroge aujourd’hui sur la politique d’information de France 3. Sommes-nous toujours une chaîne à dominante régionale - ce qui, faut-il le rappeler, figure dans le cahier des charges de France 3 et nous confère notre légitimité face aux autres chaînes du groupe ?
A-t-on le droit d’informer et de donner à réfléchir en région ou bien devons-nous nous cantonner dans la chose folklorique ?
Le précédent projet stratégique de la chaîne - « Horizon 2008 » - prévoyait le doublement des programmes régionaux va-t-il finalement les diviser par deux ?
Quelle est l’indépendance des régions quand elles n’ont d’autre choix que de suivre les injonctions parisiennes ? On comprend maintenant pourquoi France Régions 3 est devenue France 3.
Une chose est sûre en tout cas : le téléspectateur, lui, n’est jamais présent dans ces choix.
– Forum sur France 3 : http://blablasurla3.free.fr
France 3 Ouest : suites ... (30 janvier 2006)
Une pétition de soutien aux programmes régionaux et à France 3 Ouest est en ligne sur le site de l’Observatoire nantais des médias [N’existe plus - août 2010] :
« Ne laissons pas saboter la télévision régionale
Le 10 février prochain, le 12/14 Ouest disparaîtra des écrans de France 3 Ouest. Cette édition d’information diffusée à 12h55 existait depuis 9 ans et rencontrait un large public.
Dès le 27 février, elle sera remplacée par un programme de divertissement national. Ainsi en a décidé la nouvelle présidence de France Télévisions.
A l’origine de ce choix, le « patriotisme de groupe » défendu par Patrick de Carolis, le PDG du groupe (qui englobe désormais France 2, France 3, France 4, France 5 et RFO). En d’autres termes, les chaînes publiques ne doivent plus mettre à l’antenne aux mêmes heures des programmes concurrents ; ce qui veut dire par exemple « pas d’info face à l’info ».
Forts de ce principe, les dirigeants du groupe ont tranché au détriment des stations régionales. Le patriotisme de groupe se traduit par la disparition du 12/14 de France 3 face au 13h de France 2, et à la rentrée de septembre c’est le vaisseau amiral de la chaîne, le 19/20, qui sera à son tour « réaménagé ».
Dans le cas présent, les créneaux enlevés aux régions ne sont pas compensés.
Or pour France 3 Ouest, ce sont chaque semaine 2h30 de programmes qui disparaissent. Des créneaux traditionnellement régionaux qui sont littéralement kidnappés au profit de l’antenne nationale.
Et ce n’est pas fini. Les programmes en breton sont eux aussi sur la sellette. Paris ne veut plus de l’émission pour enfants « Mouchig Dall » le mercredi matin. Or, il n’y a pas de créneau disponible ailleurs. Il faudrait une dérogation parisienne pour la diffuser le dimanche matin. On l’attend toujours.
Dans cette histoire ce sont d’abord les téléspectateurs qui sont niés. S’est-on soucié des 300.000 habitués quotidiens du 12/14 Ouest ou des fans de « Mouchig Dall » ?
Aujourd’hui, malgré des discours lénifiants, les dirigeants de France Télévisions s’assoient allègrement sur la loi et sur le cahier des charges de France 3 qui proclament pourtant la vocation régionale de cette chaîne généraliste.
Qu’on ne s’y trompe pas, la télévision publique, ce n’est pas la préoccupation de ces messieurs. Ils viennent du privé.
Le numéro trois du groupe, le directeur financier Thierry Bert arrive tout droit de Bercy, où il dirigeait l’Inspection générale des finances.
Ce monsieur vient d’annoncer une augmentation de la publicité sur les antennes du groupe. Un monsieur qui trouve aussi que 12 programmes régionaux ça coûte beaucoup plus cher qu’un seul programme national.
Et voilà qu’un audit au vitriol vient opportunément lui donner raison. Un audit interne mené... par lui-même !
Qu’il faille réexaminer le financement de la télévision publique et le pérenniser, nous en sommes d’accord. Mais les régions de France 3 ne doivent pas trinquer pour un groupe de plus en plus gros qui manque d’argent.
Aujourd’hui en amputant les programmes régionaux, on laisse le champ libre aux télévisions locales privées et à M6 qui lance - quel hasard ! - son 12.50.
En s’attaquant aux programmes régionaux, c’est la raison d’être de France 3 qu’on menace.
Ne laissons pas ces "liquidateurs" faire leur sale besogne.
Nous, téléspectateurs, citoyens, salariés de France Télévisions, défendons la seule chaîne publique régionale de France ! »
Pour signer la pétition->[N’existe plus - août 2010] ]
– Par ailleurs, les syndicats CGT et CFDT de France 3 Ouest on déposé un préavis de grève pour le mercredi 8 février, jour de la visite à Rennes de Geneviève Giard, directrice générale de France 3, qui vient présenter ses vœux.
Adresse du forum :
http://blablasurla3.free.fr
Communiqué de presse du SNJ-CGT et du SNRT-CGT, 3 novembre 2005 br>
– Grève à France 3 Ouest
Le personnel de France 3 Ouest est en grève aujourd’hui. La plupart des journaux n’ont pas été diffusés. A l’origine du conflit, la décision de la direction régionale de supprimer toutes les éditions locales et les 12/14, du 17 décembre au 1er janvier prochains.
Pourquoi la direction met-elle en péril les créneaux d’information les plus regardés et les plus appréciés ?
En moyenne, 300 000 personnes regardent quotidiennement le 12/14 Ouest ; 280 000 les éditions locales de 18h47 (« Haute-Bretagne » en Ille-et-Vilaine, « Iroise » sur le Finistère, « Maine » dans la Sarthe, « Estuaire » en Loire-Atlantique) et 290 000, ces mêmes éditions locales rediffusées à 19h57.
Depuis toujours, France 3 Ouest est le meilleur élève parmi les régions sur tous les créneaux d’information. Chaque JT, chaque édition locale, chaque 12/14 Ouest se situe systématiquement, entre 5 et 15 points d’audience au dessus de la moyenne nationale.
Il est clair que les spectateurs de l’ouest aiment leur télévision régionale. Or, c’est justement celle-ci que l’on veut brider, et assécher. Comme si la direction prenait les décisions à l’inverse du bon sens : la seule région en France qui supprime ce qui marche le mieux !
France 3 Ouest : la seule de toutes les chaînes à sacrifier ses programmes les plus « rentables », en terme de ratio qualité-prix !
Nous savons aujourd’hui, chiffres à l’appui, que dès que la grille des programmes est bousculée, l’audience s’érode. Un seul exemple : lorsque le 12/14 Ouest est passé de 12h52 à 12h55, le taux d’audience a chuté d’un point... tout cela parce que la direction parisienne voulait trois petites minutes de plus pour ses programmes nationaux...
Chaque année, les éditions d’information sont remodelées pendant les vacances d’été et d’hiver. Le risque d’effritement d’audience, déjà observé dans d’autres régions, pourrait bien atteindre l’Ouest... C’est humain, quand le téléspectateur ne trouve pas ses éditions habituelles, il zappe. Et en face, il trouve les journaux de TF1 qui, eux, ne sont jamais déprogrammés.
On nous oppose des arguments d’ordre économique imposés par le groupe France Télévisions , mais rappelons qu’un seul numéro de l’émission de Marc-Olivier Fogiel « On ne peut pas plaire à tout le monde » coûte 400 000 euro, ce qui équivaut à 6 mois de fonctionnement d’une édition locale présente tous les jours sur le petit écran ! Doit-on sacrifier l’information de proximité, notre principal savoir-faire et notre image de marque, au profit du divertissement et des paillettes ?
Les perspectives d’avenir sont pour le moins inquiétantes. Il est à nouveau question de chambouler les horaires des éditions d’information dès janvier prochain pour la tranche 12/14, puis en septembre pour la tranche 19/20. L’objectif inconscient serait-il de saborder toutes les initiatives régionales, et notamment celles qui marchent ?
Jusqu’où iront les attaques permanentes et répétées sur les programmes régionaux ? Pourquoi veut-on systématiquement oublier le terme « régions » dans l’entité France 3 ?
Notre nouveau PDG, Patrick de Carolis, nous avait pourtant promis monts et merveilles sur les exigences de qualité du service public. Nous commençons à en douter.
Comme nos spectateurs, nous sommes attachés à notre télévision régionale. C’est pour elle que nous nous sommes mobilisés aujourd’hui, et que nous recommencerons dès qu’il le faudra. France 3 Ouest mérite cela.
Rennes, le 03/11/2005. br>
Les salariés grévistes de France 3 Ouest