Comité Central d’Entreprise de France 3 du 27 janvier 2006
DROIT D’ALERTE
Le Comité Central d’Entreprise de France 3 unanime et la totalité des organisations syndicales (SNRT-CGT, SNJ-CGT, CFDT, SNFORT, CFTC, CGC, SNJ, SRCTA) ont décidé ce 27 janvier de lancer un droit un droit d’alerte prévu par l’article L.432-5 du Code du travail en raison des faits suivants :
1. Publication d’un audit interne voulant mettre en évidence le poids trop important des effectifs et du coût de l’activité régionale ; br>
2. Présentation du budget 2006 qui fait apparaître une réduction de l’ensemble de l’emploi en ETP de 54 postes ; br>
3. Une orientation de grille qui affirme clairement la priorité accordée au programme national par rapport au programme régional, br>
4. Une progression du coût de grille inférieure à la hausse des prix et de la progression de la masse salariale qui induit une baisse de l’activité ; br>
5. Les chiffrages sont déjà faits dans quelques régions qui traduisent clairement des baisses d’activité et d’emplois associés.
Le CCE considère que ces faits sont préoccupants pour l’avenir de l’entreprise, du personnel et du comité.
Il décide en conséquence de déclencher la procédure d’alerte interne prévue par l’article L.432-5 du Code du Travail et demande à la Direction de lui fournir des explications sur ces faits.
Il décide de désigner le cabinet Sogex-Cube pour l’assister dans cette procédure, conformément à la loi.
Le CCE demande la tenue d’un CCE extraordinaire avant la prochaine réunion du CCE.
Paris, le 27 janvier 2006
Déclaration de la CGT lors du CCE 27 janvier 2006 -
« Où voulez vous en venir ?
C’est la question que les personnels de France 3 sont en droit de se poser après la publication de l’audit interne commandité par la direction et après l’article de l’Express qui est censé en rendre compte. Tout cela la veille d’un conseil d’administration et à l’avant veille d’un CCE.
Cet audit qui s’intitule « état des lieux » pose un certain nombre de questions.
Il contient des affirmations erronées voir des contre-vérités. La direction a le devoir de s’en expliquer lors de ce CCE.
Quelques exemples. A propos des ressources humaines il est affirmé qu’il n’y aurait pas eu de gains de productivité entre 2001 et 2005 ! Comment ne pas s’interroger sur une telle affirmation ? Nous avons vu multiplier le nombre d’heures d’antenne, notamment en région sans qu’aucune création d’emploi n’ait été initiée durant cette période ? On nous rétorquera « requalifications de CDD » après la grève de 2002. Oui, bien sûr, mais c’étaient bien des postes créés par ces précaires, bien avant 2001 !
L’augmentation du nombre de permanents (9,7%) relèverait de trois causes : les 35H (mais n’étaient-elles pas destinées à créer des emplois ?), l’intégration des salariés licenciés de la SFP (mais l’erreur n’aurait elle été celle de ne pas avoir intégré en même temps leur outil de travail scandaleusement bradé au privé !) et Horizon 2008. Comment la direction peut-elle affirmer cela alors qu’Horizon 2008 prévoyait le doublement des programmes régionaux à effectifs quasi constants !
Les rémunérations auraient augmenté annuellement en moyenne de 2,1% depuis 2001. Cela fera rire tous les salariés dont le point d’indice est bloqué depuis 8 ans.
La mobilité inter société est insuffisante, certes, mais qui en porte la responsabilité ?
La formation professionnelle ?
Pourquoi, alors que la formation professionnelle est l’un des secteurs qui fonctionne relativement bien, l’audit pointe-t-il la masse salariale qui y est consacrée (5,75%) comme étant quatre fois supérieure au minimum légal ?
S’agit-il de sacrifier la formation dans un secteur où les mutations technologiques sont en constante évolution ? La formation n’est pas une dépense mais un investissement urgent et stratégique. Pendant cette période n’a-t-il pas fallu former le personnel pour passage de l’analogique au numérique en attendant la haute définition ?
Horizon 2008, « augmentation massive des coûts du programme régional, n’a pas eu d’effet positif sur l’audience ». La direction s’est-elle penchée sur les causes structurelles de cette désaffection ? Les téléspectateurs ne déserteraient-il pas nos JT parce qu’ils n’y retrouvent plus rien d’autre que les infos déjà diffusées et rediffusées ? A t’on réellement réfléchi sur la véritable notion de programmes régionaux ? A-t-on pris en compte les effets de la désinstallation des antennes râteaux qui ne permettent plus la diffusion des programmes régionaux ou de la diffusion TNT qui ne correspond pas aux régions de France 3 ?
RFO a effectivement été sous capitalisée au moment de son intégration au groupe, c’est ce qu’a toujours dénoncé la CGT par de nombreuses mises en garde sur les effets que cela ne manquerait pas de produire. Je vous rappelle d’ailleurs que dans la même veine, France télévisions n’a jamais été capitalisée non plus.
La filière production montrerait « un déséquilibre économique structurel », « un surcoût des charges fixes », « des charges de structure au double du ratio traditionnel », « un manque de flexibilité », « un ratio permanents/intermittents 7 fois supérieur au ratio du marché »... Autrement dit, il faudrait restructurer pour s’aligner sur les ratios du privé. Les causes ? le décalage géographique entre les besoins et les capacités (50% du marché à Paris, 6 cars en région). S’agit-il de signer l’arrêt de mort de la production en région ? Au détriment du téléspectateur, de la mission du service public, de France 3 acteur de l’aménagement du territoire... Alors que l’on sait que c’est en finançant ses coûts par les Assedic que le privé peut afficher des coûts inférieurs. Mais ne faut il pas ajouter à ces arguments, que c’est une politique biaisée qui réserve aux producteurs privés les marchés les plus juteux de la production, reléguant ainsi les opérations les moins rentables au service public.
Pour la rédaction nationale, l’audit préconise la mise en commun des moyens techniques et des images.Les rédactions ont « un périmètre, des paramètres méconnus ». Que veulent dire ces affirmations ? « Synergies embryonnaires », « la mutualisation reste théorique malgré les enjeux financiers et sociaux ». Quels sont ces « enjeux sociaux » ? Des redéploiements ? Des licenciements ?
Le service des sports et internet considérés comme exemplaires ? c’est bien mal connaître la situation des personnels de France 3
Le seul point intéressant de l’audit et que nous partageons, c’est le scandale des contrats des animateurs-producteurs. Un chiffre d’affaire en augmentation de 90% depuis 2000 alors que le coût de grille n’a évolué que de 21% ! On peut noter qu’il y a eu des gains de productivité suffisant pour régler la facture !
Enfin, ne manquerait-il pas dans cet inventaire à la Prévert la holding France télévisions dont les coûts et les charges, en pleine évolution, pèsent sur les sociétés du groupe, et particulièrement sur France 3.
Cet audit est-il destiné à conforter les ennemis du service public dans leur volonté de remettre en cause France 3 ?
Comment peut-il passer sous silence les carences de l’actionnaire, le sous financement organisé, les atermoiements stratégiques, l’absence de projet de développement, les engagements non tenus ?
Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage. Les personnels de France 3 sont extrêmement inquiets et furieux par la remise en cause des programmes et de l’info régionale qui sont le cœur et la raison d’être de l’entreprise.
S’agit-il, avec cette remise en cause, de permettre aux TV locales privées (PQR, opérateurs divers) de prospérer sur le dos de France 3 ? Rappelons la déclaration du Président du CSA qui veut encourager le développement de ces télévisions privées en 2006 alors qu’il en existe déjà 21 ! Cette déclaration pourrait bien s’inscrire dans cette stratégie. »
Paris, le 26 janvier 2006
France 3 Ouest (suites ...)
– Lire : France 3 Ouest : résistances contre la suppression d’un programme d’information
Une pétition de soutien aux programmes régionaux et à France 3 Ouest est en ligne sur le site de l’Observatoire nantais des médias :
« Ne laissons pas saboter la télévision régionale
Le 10 février prochain, le 12/14 Ouest disparaîtra des écrans de France 3 Ouest. Cette édition d’information diffusée à 12h55 existait depuis 9 ans et rencontrait un large public.
Dès le 27 février, elle sera remplacée par un programme de divertissement national. Ainsi en a décidé la nouvelle présidence de France Télévisions.
A l’origine de ce choix, le « patriotisme de groupe » défendu par Patrick de Carolis, le PDG du groupe (qui englobe désormais France 2, France 3, France 4, France 5 et RFO). En d’autres termes, les chaînes publiques ne doivent plus mettre à l’antenne aux mêmes heures des programmes concurrents ; ce qui veut dire par exemple « pas d’info face à l’info ».
Forts de ce principe, les dirigeants du groupe ont tranché au détriment des stations régionales. Le patriotisme de groupe se traduit par la disparition du 12/14 de France 3 face au 13h de France 2, et à la rentrée de septembre c’est le vaisseau amiral de la chaîne, le 19/20, qui sera à son tour « réaménagé ».
Dans le cas présent, les créneaux enlevés aux régions ne sont pas compensés.
Or pour France 3 Ouest, ce sont chaque semaine 2h30 de programmes qui disparaissent. Des créneaux traditionnellement régionaux qui sont littéralement kidnappés au profit de l’antenne nationale.
Et ce n’est pas fini. Les programmes en breton sont eux aussi sur la sellette. Paris ne veut plus de l’émission pour enfants « Mouchig Dall » le mercredi matin. Or, il n’y a pas de créneau disponible ailleurs. Il faudrait une dérogation parisienne pour la diffuser le dimanche matin. On l’attend toujours.
Dans cette histoire ce sont d’abord les téléspectateurs qui sont niés. S’est-on soucié des 300.000 habitués quotidiens du 12/14 Ouest ou des fans de « Mouchig Dall » ?
Aujourd’hui, malgré des discours lénifiants, les dirigeants de France Télévisions s’assoient allègrement sur la loi et sur le cahier des charges de France 3 qui proclament pourtant la vocation régionale de cette chaîne généraliste.
Qu’on ne s’y trompe pas, la télévision publique, ce n’est pas la préoccupation de ces messieurs. Ils viennent du privé.
Le numéro trois du groupe, le directeur financier Thierry Bert arrive tout droit de Bercy, où il dirigeait l’Inspection générale des finances.
Ce monsieur vient d’annoncer une augmentation de la publicité sur les antennes du groupe. Un monsieur qui trouve aussi que 12 programmes régionaux ça coûte beaucoup plus cher qu’un seul programme national.
Et voilà qu’un audit au vitriol vient opportunément lui donner raison. Un audit interne mené... par lui-même !
Qu’il faille réexaminer le financement de la télévision publique et le pérenniser, nous en sommes d’accord. Mais les régions de France 3 ne doivent pas trinquer pour un groupe de plus en plus gros qui manque d’argent.
Aujourd’hui en amputant les programmes régionaux, on laisse le champ libre aux télévisions locales privées et à M6 qui lance - quel hasard ! - son 12.50.
En s’attaquant aux programmes régionaux, c’est la raison d’être de France 3 qu’on menace.
Ne laissons pas ces "liquidateurs" faire leur sale besogne.
Nous, téléspectateurs, citoyens, salariés de France Télévisions, défendons la seule chaîne publique régionale de France ! »
Pour signer la pétition-> [N’est plus en ligne - août 2010]
Par ailleurs, les syndicats CGT et CFDT de France 3 Ouest on déposé un préavis de grève pour le mercredi 8 février, jour de la visite à Rennes de Geneviève Giard, directrice générale de France 3, qui vient présenter ses vœux.
Adresse du forum :
http://blablasurla3.free.fr
Languedoc-Roussillon br>
Contre offensive : des moyens adaptés aux objectifs ! (SNJ-CGT et SNRT-CGT)
Un audit interne de France Télévisions vient de relever une augmentation « massive » du coût du programme régional alors que « l’audience régresse ». Depuis plusieurs années France 3 subit une véritable offensive de la part de l’Etat actionnaire la privant des moyens de son développement régional, à la grande joie des lobbies privés. Pourtant les dernières audiences des JT régionaux restent honorables avec 28,3%. Mais quand on dit que son chien a la rage...
La proximité est la légitimité principale de France 3 et le véritable moteur de son audience, loin des « synergies » à la mode. Dans nos journaux, la qualité proscrit la rediffusion de sujets de remplissage par manque de moyens. Elle implique réactivité, suivi, anticipation, prise de recul. Une seule stratégie : définir les projets éditoriaux ambitieux et leur donner les moyens humains et matériels correspondants.
Concrètement : la nouvelle édition de midi à partir du 27 février doit être l’occasion d’une remise à plat, d’une réflexion sur les contenus et la fixation des objectifs correspondants. La direction nationale nous parle de « muscler » l’offre de 12 à 13h. Jérôme Cathala envisage un grand chantier passionnant. Allons-y ! Le débat est lancé. Monteurs et techniciens doivent être associés.
Le contenu et les moyens : actu fraîche (veille au soir et matin), sujets réactifs, dossiers préparés, travail de desk... Les moyens : désolé, pour bien fonctionner sans porter préjudice au 19h, il faudra prévoir une équipe supplémentaire ! A fortiori pour une édition 365 jours par an (à confirmer). C’est l’occasion de rappeler que la locale de Montpellier est la moins bien pourvue de France avec deux équipes. Toulouse fonctionne avec trois ! Quand on constate que la rédactrice détachée à Millau ne sera remplacée qu’ « à la petite semaine », malgré les engagements en CE, on hallucine.
La proximité, c’est aussi sortir de la station. Nous utilisons de moins en moins le DSNG. Quand au CCR (car de captation régional), qui permettrait de faire des journaux en extérieur, il reste au garage. Pourtant, un journal régulier (pourquoi pas hebdomadaire ?) dans un lieu où on revient sur un événement, ou bien une ville ou village présentant un intérêt, aurait un succès certain. A-t-on demandé aux techniciens quelles sont les diverses configurations possibles ? Trop cher ? Pourtant une régie de 2,3 million d’€ (bâtiment compris), représente un signe de train de vie correct, non ?
L’heure est à la mobilisation, pas à la résignation ! Dans l’intérêt de la télévision régionale et locale, et de son personnel.
Montpellier, le 27 janvier 2006