Tous les matins, Alexandre Adler fait sa chronique internationale sur France Culture. Une chronique singulière sur les conflits internationaux, sur les mutations politiques. Une chronique qui bénéficie du regard pointu de l’expert. Ses analyses clairvoyantes sont des références en la matière. Souvent contesté [1], il n’en reste pas moins LE spécialiste ès géopolitique des médias. Editorialiste au Figaro, il s’est vu attribuer depuis le début de l’année d’une émission hebdomadaire sur la chaîne Direct 8 (« Le monde d’Alexandre Adler »).
Toujours à l’affût d’une expertise en avance sur l’événement, le 26 janvier 2006, jour des résultats des élections palestiniennes, notre « expert » commet en direct cette chronique sur France Culture :
« Le résultat des élections palestiniennes n’est pas catastrophique comme on pouvait encore le craindre hier. Les résultats partiels sont encore un petit peu à reconsidérer, mais on voit bien : al Fatah a résisté à l’érosion et représente malgré tout le premier parti palestinien . Et c’était ça qui comptait. (...) Il y a une majorité relative importante qui accepte de donner mandat aujourd’hui à Abou Mazen, de négocier avec les Israéliens. (...) La direction palestinienne restera entre des mains laïques qui reconnaissent l’Etat d’Israël . »
Sauf que... Sauf que le Hamas a remporté lesdites élections avec 74 sièges sur 132. Le Hamas est désormais la première force politique du Conseil législatif palestinien. Par contre, le Fatah de Mahmoud Abbas (Abou Mazen) n’a remporté que 45 sièges. Mais pour pouvoir être le premier à faire une analyse sensée des résultats, Alexandre Adler n’a pas été très prudent, et s’est, avouons-le avec tristesse, fourvoyé...
Le lendemain (27/01/2006), humilié mais pas abattu, Alexandre Adler s’excuse (de manière alambiquée) par téléphone : « Je dois d’abord demander pardon à nos auditeurs, car hier j’ai fait une analyse qui est rigoureusement inverse de la réalité s’agissant des élections palestiniennes. » C’est le cas de le dire...
« Je pourrais mettre en avant les problèmes techniques. » Il « pourrait »... et il va le faire : « A l’heure où j’ai préparé mon intervention, on n’avait pas encore les résultats définitifs et compte tenu de la poussée islamiste qui était prévue, le fait que al Fatah fasse jeu égal avec Hamas, et même selon certaines informations qui étaient données à ce moment-là soit légèrement en tête, était une véritable victoire, une victoire à l’arrachée certes, mais une victoire qui permettait à tout le monde d’être content. C’était la substance de l’analyse d’hier. » Et en substance, tout le monde était d’accord avec moi pour dire que le Fatah allait gagner... Mais tout le monde a attendu...
« Et évidemment dans le courant de la matinée, les nouvelles données ont rendu totalement caduques et même un peu ridicules [mais non...] mes élucubrations et je vais essayer aujourd’hui de me rattraper, quoique le temps soit très favorable aux élucubrations. Il y a donc une majorité de siège pour Hamas... »
Elucubrations ?
Faute avouée...
Mathias Reymond