On pouvait lire en « une » ce titre intrigant : « CPE : les facs lyonnaises hésitantes ». Le titre de l’article en page 2 enfonçait le clou : « Mobilisation floue à Lyon ». Mais qu’est-ce qui n’allait pas dans les facs lyonnaises ? En un cours article, surmonté d’une photo et accompagné de deux encadrés (l’un sur les lycéens et l’autre sur les « perturbations » annoncées dans les transports), le bon docteur Lyonplus, allait nous éclairer.
« Dans les universités lyonnaises, l’ambiance est confuse et le mouvement peine à s’organiser », nous dit l’accroche de l’article. Mais pour quelles raisons ? Suivent alors quelques explications plutôt... confuses. Ainsi : « la journée [du 6 Mars] sur le campus de Lyon 2 illustre ce climat d’incertitude ». On sent pointer une explication. Elle ne vient pas. Un comité d’organisation a été élu, mais signe évident de « confusion » : « les représentants ne donnent ni nom, ni prénom (sic) ».
Autre signe de confusion chez les étudiants lyonnais : « les tracts évoquent le CPE, mais aussi tous les signes du malaise d’une génération, des difficultés de logement au contrôle social [2] ». Tout est dit. Les étudiants n’ont pas nourri une réflexion leur permettant de lier le CPE à un cadre plus important de recul des droits sociaux. Ils ne se sont pas organisés démocratiquement et n’ont pas débattu. Ils vivent un « malaise » et sont en pleine « confusion ».
La légende de la photo illustrant l’article enfonce le clou. Au dessus d’une foule de jeunes, on voit une pancarte proclamant : « avenir précaire, réplique révolutionnaire ». Ce n’est pas le fruit d’une réflexion en vue d’élaborer un slogan dont on peut penser ce que l’on veut par ailleurs : « C’est aussi le malaise d’une génération qui s’exprime », dit la légende.
En un court article, notre quotidien gratuit n’a à la fois rien dit de la mobilisation et réussi à multiplier les erreurs et les approximations [3]. Dans une posture plutôt méprisante pour la jeunesse, un journaliste confus (ou très pressé...) a préféré voir dans les mobilisations lyonnaises les marques d’un « malaise », « flou » et « confus ».
Un dernier exemple. Dans l’encadré consacré aux lycéens, le journaliste de Lyonplus affirme : « Plusieurs estiment que la participation des enseignants au mouvement de grève déterminera pour beaucoup la présence des élèves ». Parlant comme Gilles De Robien, « plusieurs » pensent que les lycéens ne sont pas capables de décider eux-mêmes de manifester. Heureusement que le bon docteur Lyonplus est là pour les éclairer.
Mathieu Vincent