Revenant sur la question du nucléaire en Iran, il pose la question : « Inde et Iran, deux poids et deux mesures face à la question du nucléaire ? » Et affirme : « Eh oui. Bien entendu. Il y a deux poids et deux mesures, toujours, entre la démocratie et le fascisme. » Avant de commenter : « Rien ne me semble plus redoutable que ce jeu de fausse symétrie qui voudrait nous convaincre, au nom de l’« équité », que ce qui est donné à la démocratie indienne devrait l’être à l’Iran des mollahs. Ne pas céder sur ce point. »
Et de mettre ainsi en scène son courage : s’égarer... « Ne pas se laisser intimider par les compagnons de route des islamistes radicaux qui, comme le directeur du Monde diplomatique, regrettent, ce mois-ci, que l’on "diabolise" les héritiers de Khomeyni. »
Ignacio Ramonet, puisqu’il s’agit de lui, serait d’une part un compagnon de route des « islamistes radicaux » et aurait regretté « que l’on "diabolise" les héritiers de Khomeyni ».
On se convaincra aisément de la probité intellectuelle de BHL, en comparant avec le texte initial de Ramonet (Le Monde Diplomatique, mars 2006).
Après un retour sur la définition de la « démocratie » et sur le choix de ce qu’est une bonne démocratie selon les Etats-Unis, Ramonet explique que selon eux pour être un bon démocrate, « il ne suffit pas d’être élu démocratiquement », il faut être le candidat choisi par les Etats occidentaux. Et il prend l’exemple de l’Iran (entre autres) :
« Pour l’Iran, chacun trouvait les élections de juin 2005 formidables : participation massive, pluralité et diversité des candidats (dans le cadre de l’islamisme officiel), et surtout brillante campagne de M. Ali Akbar Hachémi Rafsandjani, favori des Occidentaux et donné vainqueur. Nul n’évoquait alors le « péril nucléaire ». Tout a brutalement changé après la victoire de M. Mahmoud Ahmadinejad (dont, par ailleurs, les déclarations sur Israël sont inacceptables). Et l’on assiste maintenant à une diabolisation de l’Iran. Bien que Téhéran soit signataire du traité de non-prolifération nucléaire et nie vouloir la bombe, le ministre français des affaires étrangères ne vient-il pas d’accuser l’Iran de conduire un "programme nucléaire militaire clandestin" ? »
Le lecteur attentif pourra juger sur pièce, quoi qu’il pense de l’analyse d’Ignacio Ramonet.
Rien dans ses propos ne permet de le présenter comme un « compagnon de route des islamistes radicaux ». Mais notre nouveau Tocqueville ne recule devant aucune calomnie.
Et si le directeur du Monde Diplomatique s’interroge sur la « diabolisation de l’Iran », c’est uniquement pour mettre en évidence les variations du gouvernement étatsunien dans l’usage qu’il fait des critères démocratiques qu’il invoque [1]. Mais notre « nouveau philosophe » sait que tous les moyens sont bons pour ... « diaboliser ».
La gloire médiatique est à ce prix.
Mathias Reymond