I. A lire les articles parus dans la presse écrite depuis les manifestations du 7 mars, il règne jusqu’à présent, dans la presse écrite, une indéniable diversité éditoriale, en dépit de présupposés souvent communs sur lesquels nous reviendrons. Le Figaro campe solidement à droite, Le Monde tient la corde au centre-gauche, Libération donne l’impression d’épouser la cause de la jeunesse mobilisée que L’Humanité soutient ouvertement. Avec toutes les apparences d’une information équilibrée et pluraliste.
1 Pourtant, un échantillon non représentatif permet de relever quelques présupposés et quelques fleurs de la rhétorique éditoriale des commentateurs qui s’opposent au mouvement ou qui en appellent à la sagesse... dont ils sont évidemment les premiers dépositaires :
– Mobilisations contre le CPE : Quelques commentaires de la presse écrite (morceaux choisis). (publié le 18 mars 2006)
2 Et comme à l’accoutumée, des journaux qui se défendent d’être des journaux d’opinion travestissent leurs opinions.
En février, la plupart d’entre eux, loin de s’inquiéter d’éventuelles contestations, accompagnent le vote parlementaire en faveur du CPE de commantaires favorables. Un exemple :
– CPE : Paris-Normandie préfère prescrire qu’informer
Début mars encore, sous couvert d’informer sur la mobilisation et su son sens, l’usage de prismes déformant persiste :
– Mobilisation du 7 Mars contre le CPE : les filtres du Journal du Dimanche Tri sélectif des informations, personnalisation sélective du conflit social, présentation sélective des arguments. (publié le 17 mars 2006)
– Lyonplus : un « gratuit » se penche sur le « malaise » des jeunes hostiles au CPE : Explications confuses d’une prétendue confusion. (publié le 13 mars 2006)
II. Presse écrite, encore : quelques « brillants » éditorialistes pensent pour nous...
... Comme l’inévitable penseur :
– CPE : la philosophie précaire de Bernard-Henri Lévy : Un éloge des « réformateurs » contre un mouvement « conservateur. (publié le 21 mars 2006)
... Ou comme l’éditorialiste de La Presse de la Manche, méditant sur le nombre de manifestants.
– Après les manifs du 18 mars : Un « morceau de bravoure » éditorial : Un essai comparatif entre le nombre de manifestants et... le nombre de présents à l’enterrement de Milocevic (publié le 19 mars 2006)
... Et comme la cohorte des éditorialistes de la Presse Qutidienne Régionale. Celle-ci mériterait un tour de France. On se contentera de quelques exemples qui contredisent l’idée répandue d’un soutien unanimiste aux mobilisations et confirment que le monopole du commentaire autorisé se porte bien :
– CPE : Un éditorialiste régional contre « le pire »
Jacques Camus, maître à penser de La République du Centre
– CPE : Un éditorialiste régional contre « la chienlit ». Hervé Chabaud, maître à penser de L’Union.
– CPE : Un éditorialiste régional contre la « faiblesse »
Hubert Coudurier, maître à penser du Télégramme de Brest.
III. Ainsi, derrière la façade immaculée de la pluralité des opinions et d’une expression équilibrée des protagonistes, se cache le chœur des éditorialistes et chroniqueurs qui entonnent leur air préféré : notre destin, c’est la « réforme », et lui résister serait tragique.
Pour convaincre leur public, ils agitent un chiffre indiscutable. Indiscutable, sans doute, mais aussi partiel et trompeur.
– Chômage des jeunes : des médias qui font mentir les chiffres...(publié le 10 avril) ... Mais des chiffres qui font mentir les médias.
IV. Du côté des télévisions, les JT multiplient les micro-reportages et les « angles ». Simulacres d’exhaustivité et d’objectivité.
1 TF1, comme on le sait, s’épanche à 13 heures et interroge à 20 heures. Quelques coups de sonde :
– CPE : Les grands entretiens de Claire Chazal : 21 minutes pour de Villepin le 12 mars, 7 minutes pour Hollande le 18. Distorsions et autres broutilles. (publié le 20 mars 2006)
– CPE : La tambouille de Jean-Pierre Pernaut sur TF1 (20 et 21 mars) : Politique de la dépolitisation et politisation droitière de l’information. (publié le 30 mars 2006)
Et une semaine plus tard, c’est veille et jour de grèves et de manifestations. Comment en parler beaucoup pour ne (presque) rien en dire ? Un exemple de journalisme d’illustration.
– CPE : Vous reprendrez bien un peu de Pernaut ? (JT des 27 et 28 mars)
2 France 2 réserve ses grands débats à une heure plus tardive, non sans risques :
– Alerte à la désinformation : un communiqué de « Génération précaire » contre leur remplacement dans une émission de France 2 et un amalgame très tardivement rectifié à l’antenne (publié le 17 mars 2006)
Du côté des radios
– CPE : Quand France Inter se mêle du « dialogue » entre Villepin et la jeunesse : Des informations brouillonnes entretiennent la confusion et la fiction d’un « dialogue ». (publié le 27 mars 2006)
– CPE : Une surprenante passe d’armes : ... Entre François Bayrou et Pierre Weill sur France Inter (publié le 27 mars 2006)
Du côté de l’AFP, parfois un mot suffit pour défaire toutes les apparences de neutralité :
– CPE : L’AFP, carrément : un adverbe de mise en perspective (publié le 1er avril 2006)
Du coté de la critique ou plutôt de la critique médiatique des médias.
– CPE : Les « emballements » de Daniel Schneidermann
Sur son blog et sous le titre « Ciel, Acrimed n’a pas aimé le camembert d’Aurélie Windels ! », Daniel Schneidermann s’est ému, préférant les « débats »... à la confrontation des arguments. Réponse :
– Daniel Schneidermann s’emballe (post-scriptum)
Les médias étrangers
1. Vus de l’autre côté de l’Atlantique :
... Leçon de modernité de la part des médias américains, une analyse de l’observatoire américain des médias Fairness and accuracy in reporting (FAIR).
2. Vus de France
...Circulation circulaire des stéréotypes entre médias équivalents, et autres mécanismes.
– CPE : Ce que les « revues » de la presse étrangère enseignent sur la presse française
On tourne la page ? - A l’heure des bilans, les médias multiplient ces petites approximations et ces grosses omissions qui font la différence. Un exemple :
– CPE - Les déçus du retrait, en version France 2
Retour sur la médiatisation, ses effets et ses méfaits
« Paranos », dites-vous ? Les étudiants confrontés aux « formats » journalistiques et à la personnalisation des luttes : br>
– « Médias, casse-toi ! » : les étudiants grévistes face aux médias (1)
Mise ne péril de la liberté de la presse ? Quelle médiatisation ? La médiatisation à tout prix ? Des étudiants partagés : br>
– « Médias, casse-toi ! » : Les étudiants grévistes face aux médias (2)