Sur les élections du 21 avril 2002 :
« (...) Pendant que, du tréfonds de notre ignorance de l’Histoire, nous assimilions Silvio Berlusconi à Benito Mussolini et refusions de l’accueillir au Salon du livre, notre gauche trotsko-totalitaire préparait le naufrage de la gauche démocratique. (...) Lionel Jospin a ensuite déplacé sa campagne vers le gauchisme. (...) Nos écologistes eux-mêmes ne sont pas écologistes, ils sont mao-gauchistes et, en économie, alignent des âneries dignes d’Arlette Laguiller. Contrairement à ce que l’on déplore, bien à tort, l’idéologie marxiste a encore ferraillé dans la campagne de 2002, mais sous des oripeaux antédiluviens, voués aux poubelles de l’Histoire. Ces poubelles, le dernier Parti communiste au monde, qui avait, depuis douze ans, refusé de faire son autocritique, s’y retrouve plongé à son tour, avec ses 3,4 %. » (Le Point, 25 avril 02)
Sur les attentats du 11 septembre 2001 :
« C’est ainsi que l’on impute aux États-Unis tous les maux, réels ou supposés, qui affligent l’humanité, depuis la baisse du cours du bœuf en France jusqu’au sida en Afrique et au réchauffement éventuel de l’atmosphère. Les primates vociférateurs et casseurs de l’antimondialisation, en déshérence de maoïsme, s’en prennent en réalité à l’Amérique, synonyme de capitalisme. » (Le Point, 13 septembre 2001)
Sur les altermondialistes et José Bové :
« A quoi mènent les vociférations d’un José Bové et de ses affidés contre la mondialisation, qui profite d’ailleurs aux pays émergents. » (Le Point, 30 mars 06)
« Quels sont ceux qui ont une audience, qui ont du succès ? Ce sont des gens comme Pierre Bourdieu, Ignacio Ramonet ou Viviane Forrester pour qui l’économie libérale est ce qu’il y a de pire au monde. (...) Au lieu de cela, on se prostitue devant des énergumènes qui vont chahuter à Seattle. Et le nouveau héros de la pensée française, c’est M. José Bové qui démolit les restaurants supposés américains dont tous les produits, en fait, sont achetés en France. (...) José Bové, c’est le poujadisme agraire. C’est un protectionniste. (...) Alors, il a greffé la défense démagogique d’intérêts purement corporatistes sur le sentiment d’antiaméricanisme qui plaît tant aux élites françaises. C’est un peu triste : voici cent cinquante ans, nous avions un spécialiste des Etats-Unis qui s’appelait Alexis de Tocqueville ; aujourd’hui, il s’appelle José Bové. C’est ce qu’on appelle une décadence. » (Le Figaro, 25 septembre 2000)
Sur la civilisation arabe et les musulmans :
« Il y a une xénophobie généralisée chez les Irakiens, comme dans beaucoup de pays arabes. (...) nous nous trouvons devant un peuple incapable de se gouverner lui-même et qui, en même temps, ne veut pas que les autres s’occupent de lui : la situation est quasi insoluble. Cette contradiction est typiquement arabo-musulmane, c’est un trait de civilisation. »
(Le Figaro, 8 septembre 2003)
« la haine pour l’Occident de la majorité des musulmans vivant parmi nous » (L’obsession anti-américaine, p. 129) « le mépris absolu des lois de la République que professent et appliquent tant de Beurs » (p. 171) « C’est donc bien en tant que communauté que les musulmans en attaquent une autre [à propos des actes antisémites] » (p. 177). [2]
Sur le principe de précaution :
« Comme on n’avait pas la preuve que Saddam Hussein s’était débarrassé de ces armes, la prudence élémentaire, alors qu’il refusait de jouer le jeu, était donc d’intervenir : c’est l’application du principe de précaution. » (Le Figaro, 8 septembre 2003)
Sur Juppé (qui est de gauche) :
« Alain Madelin, Ministre de l’économie et des finances en 1995 est fichu à la porte quelques semaines après l’élection présidentielle parce qu’il a osé dire au micro qu’il faudrait quand même aligner les retraites des fonctionnaires sur celles des autres Français. Des propos parfaitement égalitaires consistant à mettre tous les français sur le même plan. Il est immédiatement vidé ! Or, quelle est la formation politique qui a vocation à protéger la fonction publique et ses privilèges ? C’est la gauche ! Ce n’est pas la droite, en principe... Juppé s’est conduit là comme un Premier ministre de gauche . » (Paris Match, 26 mars 1998)
Sur les acquis sociaux :
« Il ne faut pas comparer l’employé de la SNCF qui gagne 7.000 francs par mois à un PDG d’une grande entreprise qui gagne 800.000 francs par mois. Ce qu’il faut comparer, c’est le travailleur de la SNCF qui gagne 7.000 francs au travailleur du privé qui gagne 7.000 francs. L’employé de la SNCF peut partir après 37,5 ans de travail avec le salaire le plus favorable de la dernière année d’activité. Et si, par hasard, il prend une retraite anticipée, il ne perd que 20% de sa retraite, alors qu’un travailleur du privé en perd la moitié. C’est cela un privilège. » (Le Figaro, 15 février 1996)
« Les inégalités libérales des sociétés de production sont agitées d’un brassage permanent et elles sont modifiables à tout instant. Dans les sociétés de redistribution étatique, les inégalités sont au contraire figées et structurelles : quels que soient les efforts et les talents déployés par un actif du secteur privé français, il n’aura jamais les avantages “acquis” (c’est à dire octroyés et intouchables) d’un agent d’Electricité de France » (La Grande parade, p.257)
Sur les retraites :
« En outre, comment peut-on défendre bec et ongles le système des retraites par répartition, repousser, donc, tout système par capitalisation en tant que monstruosité néolibérale, et torpiller en même temps les réformes, sans lesquelles le système par répartition se précipiterait vers une prompte et inéluctable banqueroute ? » (Le Point, 19 juin 2003)
Sur les pauvres :
« Aujourd’hui, la pauvreté en Amérique latine fait les gros titres. On parle des bidonvilles, des favellas, etc. Il se trouve que je connais un peu l’Amérique latine. Quelles sont les populations qui viennent habiter ces endroits ? Ce sont des paysans qui espèrent pouvoir vivre moins misérablement à la ville qu’à la campagne. Lorsqu’ils arrivent, ils sont d’abord marginalisés. Ils n’ont pas de formation professionnelle. Mais, une génération plus tard, le tableau change du tout au tout. La misère des campagnes est progressivement épongée par les opportunités que propose la ville. » (Politique Internationale, n° 87 - printemps 2000)
Laissons à Franz-Olivier Giesbert, patron du Point, le soin de conclure :
« De Jean-François Revel, c’est d’abord le rire qui va nous manquer. (...) Il doutait de tout et en même temps de rien. (...) Un journaliste-philosophe-écrivain-gastronome-aficionado-pamphlétaire et on en passe, ainsi qu’un insoumis permanent, toujours en guerre contre les imposteurs de la « bien-pensance », les perroquets de la moraline et les suivistes de la « moutonnaille », pour reprendre le mot de Rabelais, auquel il faisait irrésistiblement penser. Jean-François ne pensait pas bien, c’est vrai. Ce qui explique pourquoi il n’a pas toujours été reconnu à sa juste valeur, celle d’un des grands intellectuels du XXe siècle, au même titre - je pèse mes mots - qu’Albert Camus, Jean-Paul Sartre ou Raymond Aron (...). » (Le Point, 04/05/06.)