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« Demandez le programme » : le projet du Parti socialiste pour les médias

par Henri Maler,

« Réussir ensemble le changement - Le projet socialiste pour la France », comporte en sa partie III - « Refonder la République » -, une section VII - « La culture émancipatrice » - où il est question successivement de la culture et des médias [1]. Citation intégrale du texte consacré aux médias, suivie de quelques questions...

Le projet socialiste pour les médias

Que dit le projet ?

« La situation actuelle est paradoxale, d’un côté, la diversité s’accroît et Internet favorise même l’individualisation de la communication, de l’autre côté, la concentration augmente et la confusion des intérêts économiques et politiques ne se dément pas.

- Nous favoriserons un audiovisuel public fort pour une télévision de qualité où le pluralisme de l’information sera restauré. Ce qui suppose une redéfinition du cahier des charges et des contrats d’objectifs et de moyens des chaînes publiques. Il faudra veiller à ce que les ressources propres de la télévision publique soient placées à un niveau suffisant pour leur permettre de répondre à ces missions. Nous instaurerons une taxation des recettes publicitaires des chaînes privées en faveur de l’audiovisuel public.

- Nous réformerons le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel pour renforcer son indépendance et son pouvoir de régulation des médias et des nouveaux supports. Les membres de cette instance seront désignés par la représentation nationale à une majorité des 2/3.

- Nous proposerons une loi pour limiter les concentrations horizontales et verticales dans le domaine de la presse, des médias et des industries culturelles, une refonte des aides publiques à la presse, la mise en place d’une chaîne publique d’information, le développement du soutien aux télévisions citoyennes de proximité, et la création de plateformes numériques publiques pour une offre en ligne attractive et de qualité. Nous créerons une société nationale des journalistes qui veillera au respect de l’indépendance des journalistes. »

Quelques questions

Sans doute une rédaction synthétique laisse-t-elle inévitablement de nombreuses questions dans l’ombre. Mais la brièveté n’explique pas tout.

- « Un audiovisuel public fort » ? - Mais que signifie un « audiovisuel public fort » quand le périmètre de ce secteur public n’est pas redéfini, que les moyens de renforcer ses « ressources propres » ne sont pas précisés et que seul le financement défini est une taxation des recettes publicitaires des chaînes privées ? Que signifie un audiovisuel public « de qualité » si le recours à la publicité le condamne à rechercher une audience essentiellement commerciale ? Pourquoi la suppression de la publicité n’est-elle pas envisagée ? Si le pluralisme de l’information doit être « restauré », faut-il comprendre qu’il fut un temps où il existait vraiment ? Et comment sera-t-il établi ? Comment le pluralisme de l’information sera-t-il « restauré » ? Surtout si l’on ne dit pas un mot de l’audiovisuel privé ?

- Un CSA réformé ? - Réformé « pour renforcer son indépendance et son pouvoir de régulation des médias et des nouveaux supports » ? Fort bien. Mais quelles seront précisément ses attributions ? « Les membres de cette instance seront désignés par la représentation nationale à une majorité des 2/3 », nous dit-on. Où l’on comprend que le Président de la République serait privé de son pouvoir de désignation. Que le poids du Sénat, indéfiniment de droite, serait réduit. Mais aussi que la règle des 2/3 impose un consensus entre partis majoritaires et accentue leur prépondérance, au détriment d’une représentation proportionnelle. Enfin rien n’étant dit sur la composition même de cette instance, on est en droit de se demander quelle place y occuperont les représentants des journalistes et des salariés des médias, ainsi que les usagers.

- Une loi pour limiter les concentrations ? - Fort bien. Mais sur quels critères ces concentrations seront-elles limitées ? Le PS envisage-t-il de cumuler, comme cela est nécessaire, des seuils de concentration capitalistique, des maxima de nombre de titres et de canaux possédés, des maxima d’audience ou de diffusion ? Le PS envisage-t-il d’interdire le contrôle des actifs médiatiques par des firmes qui sont largement présentes dans d’autres secteurs d’activité économique et, en particulier, par des firmes qui dépendent de l’obtention de marchés publics ?

- Une refonte des aides publiques à la presse ? - Fort bien. Mais selon quel critère ? En réservant cette aide prioritairement, voire exclusivement, aux journaux sans but lucratif ?

- La mise en place d’une chaîne publique d’information ? - Fort bien. Mais que devient alors la chaîne d’information internationale, offerte de facto à TF1 avec le concours de la Télévision publique ?

- Le développement du soutien aux télévisions citoyennes de proximité. - Fort bien. Mais de quel soutien s’agit-il ? Et que sont ces télévisions ? Des télévisions associatives indépendantes ou des télévisions locales dépendant pour leur financement et pour leur orientation des collectivités territoriales ? Pourquoi aucun projet de soutien explicite aux médias du Tiers secteur n’est-il formulé ?

- Une société nationale des journalistes qui veillera au respect de l’indépendance des journalistes. De quoi s’agit-il ? D’un ordre des journalistes ? D’un super syndicat ? Quelle composition ? Quelles attributions ?

Dernière question : Des déclarations d’intention lacunaires et floues qui entérinent souvent le statu quo font-elles un projet ?

Henri Maler

 
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Notes

[1Voir ’ensemble du projet, en fichier .pdf, sur le site du Parti socialiste [lien périmé - août 2010] . Le passage consacré aux médias se trouve p.27.

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