Mercredi 30 août 2006 à 8h20 sur France Inter. [2]
- François Bayrou : « Vous ne regardez que la surface des choses. D’ailleurs, c’est peut-être normal. Tout l’été a servi au matraquage médiatique Sarko-Royal. Ça a été les premières pages des magazines, comme si les Français n’avaient le choix qu’entre ces deux photos, ces deux images. [...] »
Le présentateur (Patrick Boyer) interrogeant une nouvelle fois Bayrou sur Royal, ce dernier rit et répond :
- F. B. : « Monsieur Boyer, j’aime beaucoup la manière dont les journalistes en général ramènent de manière infatigable les mêmes questions et les mêmes personnes. Je crois au contraire que ce qui est en train de se passer en France, c’est une remise en question de ce que vous dites, et le fait que les médias comme en 2002, essaient d’imposer un deuxième tour tout fait auquel les Français ne sont pas ralliés du tout [...] .
- Patrick Boyer : Alors qui ramène aux personnes, M. Bayrou ? Dans l’interview à L’Express que vous donnez au magazine qui va sortir cette semaine, vous évoquez Nicolas Sarkozy dont vous dites que “comme Silvio Berlusconi, il a une grande connivence avec les puissances d’argent, et un sens de la mise en scène des confrontations dures dans la société”.
- F. B. : Hé bien c’est exactement ça [...]
- P. B. : Connivences avec les puissances d’argent !
- F. B. : [...] Il y a en France aujourd’hui des puissances très importantes qui en particulier ont des intérêts dans les médias, et qui poussent à ce choix tout fait, qu’ils ont choisi eux-mêmes, Nicolas Sarkozy d’un côté, Ségolène Royal de l’autre. D’une certaine manière, ils mettent des billes dans les deux cases. Donc ça ne peut pour eux que rapporter que le jackpot.
- P. B. : Mais dites le ouvertement : les puissances, là, c’est le groupe Bouygues, c’est le groupe Lagardère... Oui, non ?
- F. B : C’est des puissances considérables, en particulier dans les médias...
- P. B. : C’est eux ou c’est pas eux ?
- F. B. : ... et qui ont avec l’État des rapports de client, des rapports d’argent, dont la vie et le développement dépendent de la commande publique. Et donc qui ont le plus grand intérêt à maîtriser, à tenir les choix futurs des Français. À diriger et à orienter les choix futurs des Français de manière à ce qu’au bout du compte, leur avenir et leurs perspectives soient préservées. Vous savez bien que ce n’est pas tout à fait par hasard que de grands groupes industriels, financiers, ont choisi d’avoir des développement dans les médias et de conserver en même temps leurs relations de clientèle avec l’État.
- P. B. : Dassault a le Figaro, on va parler clair, Lagardère a un nombre important de médias, et M. Bouygues a TF1 ?
- F. B. : Hé bien voilà, vous venez d’évoquer trois groupes principaux.
- P. B. : qui soutiennent selon vous, bien sûr, la campagne de Nicolas Sarkozy à venir...
- F. B. : Et de Ségolène Royal.
- P. B. : Hummm... »
Vendredi 1 septembre 2006 dans le 19/20 sur France 3.
- Catherine Matausch : « François Bayrou, dans l’Express de cette semaine, vous dénoncez la grande connivence de Nicolas Sarkozy avec les puissances de l’argent. Ce sont des accusations extrêmement graves. Selon vous, le Ministre de l’Intérieur muselle la France.
- François Bayrou : Attendez. Ca n’est pas des accusations, c’est la présentation de deux démarches politiques différentes. Nicolas Sarkozy insiste beaucoup sur ses liens avec de très grandes personnalités du monde économique, à la tête de médias forts, vous savez bien qu’il affirme et affiche ces liens. Ca n’est pas ma vision. Moi, je crois, au contraire, très important pour la République, que le pouvoir politique doit être séparé du pouvoir de l’argent. [...] Je plaiderai pour que la République retrouve ses principes de séparation entre les intérêts des grands groupes économiques et le pouvoir politique. »
Samedi 2 septembre 2006 dans le JT de 20 heures de Claire Chazal sur TF1.
- François Bayrou : « Ce qui est frappant c’est que depuis des mois il y a une orchestration médiatique pour essayer de faire croire aux Français que le choix est joué à l’avance, et qu’ils n’ont plus que à se ranger derrière Nicolas Sarkozy ou derrière Ségolène Royal. Et les grands médias [sourire entendu], vous le savez bien.
- Claire Chazal : « On vous reçoit François Bayrou, on vous écoute. On vous écoute ce soir et nous avions François Hollande sur ce plateau dimanche dernier. Donc, vous savez, nous recevons tous les chefs de partis. »
- F. B. : « Sans le moindre doute. Claire Chazal, vous êtes totalement innocente de ce qui se passe. Et loin de moi, vous le voyez bien, l’idée de mettre en doute cette innocence vertueuse. Les grands médias ont orchestré pour les Français un choix dicté à l’avance et il n’y aurait rien d’autre à faire pour les citoyens, qu’obéir à ce choix et de se ranger derrière l’un ou derrière l’autre. Il se trouve de surcroit que ce choix, naturellement, arrange beaucoup de gens, arrange des intérêts puissants - et les Français le sentent bien. Il faut seulement accomplir avec eux la lecture, l’éclairage qui fait que désormais ils pourront retrouver leur liberté. »
Claire Chazal lui pose une question sur ses alliances.
- F. B. : « [...] Les Français n’ont pas envie de se retrouver dans le même type de mécanique dans lequel ils ont vécu depuis longtemps, et vous avez vu en 2002 que quand on essayait de leur vendre, à l’époque c’était Chirac / Jospin, ils choisissaient eux de créer un paysage politique nouveau. [...] »
Claire Chazal s’inquiète des attaques de Bayrou contre Sarkozy. La nécessaire réunion de l’UDF avec des personnalités de l’UMP en est rendue plus compliquée car « en critiquant assez violemment Nicolas Sarkozy, vous risquez de heurter ses amis. »
- F. B. : « Je ne critique pas Nicolas Sarkozy. »
- C. C. : « Vous avez été ferme »
- F. B. : « Oui il faut être ferme en rappelant la proximité qui est la sienne avec des responsables économiques extrêmement puissants. C’est une proximité qui est affichée, assumée, et même étalée dans les journaux comme vous le savez. »
- C. C. : « Ca n’empêche pas... »
- F. B. : « Je considère pour moi, je considère pour moi Claire Chazal, que l’argent et la politique doivent être séparés. Je pense que l’un ne doit pas avoir barre sur l’autre. Notamment lorsque ces puissances économiques détiennent de très grands médias. »
- C. C. : « C’est une accusation, c’est une accusation extrêmement violente qu’il faudrait j’allais dire étayer par des choses concrètes. L’amitié ne signifie pas forcément une prise de position ou des concessions sur l’idéologie et les idées. »
- F. B. : « Je comprends très bien, Claire Chazal, que vous défendiez, je comprends très bien que vous défendiez cette thèse, précisément sur votre antenne... »
- C. C. : « Je ne défends aucune thèse en particulier. »
- F. B. : « ... mais je puis vous assurer qu’il y a un problème républicain dès l’instant que de très gros intérêts financiers, industriels, sont liés à de très gros intérêts médiatiques, et sont en liaison intime avec l’Etat. »
- C. C. : « En tout cas, précisons-le et rappelons-le très précisément, François Bayrou, sur cette antenne toutes les personnalités politiques de droite et de gauche s’expriment, avec des temps de parole strictement équivalents, contrôlés par le CSA, vous le savez bien. Alors... »
- F. B. : « Je vous ai délivré, Claire Chazal, un brevet de vertu. Donc prenez en acte. »
- C. C. : « Je parle pour ma chaîne en général, pour cette antenne TF1. »
- F. B. : « C’est un brevet de vertu général ! »
Claire Chazal l’interroge à nouveau sur la nécessité pour lui, après avoir voté la censure, de se rapprocher de Sarkozy : « Il va bien falloir aussi que vous alliez vers vos futurs amis de l’UMP et vos futurs électeurs ».
- C. C. : « Merci beaucoup François Bayrou d’avoir été en direct dans ce journal. »
- F. B. : « Merci de votre invitation. »
Après le choc, Claire Chazal reçoit Nicolas Sarkozy sur TF1 (3/09/2006).
Les journalistes adorant les polémiques, Claire Chazal va certainement interroger le président de l’UMP sur l’ « accusation extrêmement violente », selon Chazal elle-même la veille, de François Bayrou à son égard. Il n’en sera rien. « Un discours de hauteur » est la manière plutôt avenante par laquelle Claire Chazal accueille Nicolas Sarkozy, ce dimanche soir, après son discours de clôture de l’université d’été.
Autre question très progressiste de Chazal : « Vous prônez la rupture et vous êtes au gouvernement. Et un gouvernement qui a des résultats. » Réponse de Sarkozy : « Alors vous me dites que le gouvernement travaille bien. »
Cette terrible polémique entre le premier ministre et son principal ministre étant tranchée, Claire Chazal pose une série de questions relatives à Dominique de Villepin, Michèle Alliot-Marie et Ségolène Royal.
Sarkozy, opposé au mariage homosexuel, mais qui a « beaucoup hésité », ce qui lui permet d’espérer gagner sur les deux tableaux, se lance ensuite dans une ode, presque émouvante, qui feint la compréhension de « l’amour homosexuel ». Claire Chazal oublie opportunément de lui rappeler qu’il avait néanmoins manifesté - et vociféré - contre le Pacs, jugé désormais insuffisant.
Conclusion : la question des rapports avec les médias n’est pas abordée. Pas la moindre question non plus sur Bayrou, pourtant interrogé la veille sur TF1 par ... Claire Chazal.
Jean-Louis Debré désavoue Bayrou dans « Le Grand rendez-vous » Europe 1 / TV5, le 3 septembre 2006.
- Christian de Villeneuve : « Que vous inspire la déclaration de François Bayrou qui dénonce l’attitude des medias et des groupes industriels, la collusion, cette collusion qui favoriserait l’émergence de Sarko, de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal ?
- Jean-Louis Debré : Cher monsieur, moi je suis un magistrat. Alors si cette collusion existait euh je la dénoncerais mais qu’on me la prouve.
- C de V : Hmm il la prouve pas ? (petit rire)
- JLD : Simplement, Monsieur Sarkozy me semble avoir plus de talent que Monsieur Bayrou et c’est ça qui fait, qui attriste Monsieur Bayrou.
- C de V : Vous voulez dire que c’est du dépit de la part de M. Bayrou ?
- JLD : Un peu, parce qu’il n’arrive pas à trouver sa place.
François Hollande interrogé par Jean-Michel Aphatie, RTL, 4 septembre 2006.
- Jean-Michel Aphatie : Il y a en France aujourd’hui des puissances très importantes qui, en particulier, ont des intérêts dans les médias et qui poussent au choix qu’ils ont fait eux-mêmes : Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal. Nicolas Sarkozy d’un côté, Ségolène Royal de l’autre. C’est François Bayrou qui dit ça. Vous avez l’impression que le choix est fait par les médias et que ça fausse la compétition politique, François Hollande ?
- François Hollande : Vous êtes un représentant des médias...
- J.-M. A. : Et bien, je vous pose la question à vous...
- F. H. : Je suis ici dans une grande station...
- J.-M. A. : Je vous pose la question. Pensez-vous que le débat est biaisé, que le choix est imposé ?
- F. H. : Donc, je ne peux pas imaginer que vous, Jean-Michel Aphatie, que d’autres ici, auraient prédisposé d’un choix.
- J.-M. A. : Donc, non.
- F. H. : Donc, je crois que les médias s’intéressent plus particulièrement à telle ou telle personnalité, c’est un fait. Qu’il y ait des puissances d’argent, ça me paraît être un autre fait incontestable.
- J.-M. A. :C’est normal.
- F. H. : Que Nicolas Sarkozy ait été acclamé, non pas par les jeunes simplement de l’UMP, mais par l’ensemble des participants du MEDEF, lors de leur université d’été. Qu’on lui ait même fait, ce qu’on a appelé une standing ovation quand il est venu par l’hélicoptère de la protection civile de Troyes, où il y avait un séminaire gouvernemental, au MEDEF. Ça, je crois que c’est le signe d’un lien évident entre le pouvoir, le MEDEF et Nicolas Sarkozy.
- J.-M. A. : Mais le MEDEF, François Hollande, ce sont des citoyens français.
- F. H. : Je ne les mets pas en cause, les journalistes aussi. Les médias sont également des individus.
- J.-M. A. : Donc, ils ont bien le droit de faire des standing-ovation.
- F. H. : Je ne veux pas croire qu’il y ait là, de la part des médias, un choix. Et, je veux croire, en revanche, hélas, c’est la réalité dans notre pays, que les puissances d’argent ont choisi Nicolas Sarkozy. Alors, est-ce qu’il y a des liens entre les puissances d’argent et les médias ? Eh bien écoutez. Poser la question, c’est y répondre. Mais, vous savez, ce sont les Français qui décident, et chaque fois que, finalement, ils sont consultés, c’est eux, en conscience, qui font la décision.
Lundi 4 septembre 2006 à 10h30, dans « J’ai mes sources » sur France Inter.
- Colombe Schneck : ... En clair François Bayrou parlait de Martin Bouygues, Arnaud Lagardère et Serge Dassault, vous êtes d’accord, Jérôme Bureau [directeur de l’info à M6] avec cette analyse, en tant que journaliste ?
- Jérôme Bureau : (...) Je l’ai trouvé très offensif, je pense qu’il pose une vraie question, voilà. En l’occurrence il était là plutôt dans le registre, un peu, de la provoc, y compris vis-à-vis de Claire Chazal, mais c’est une vraie question.
- CS : Jean-Christophe Lagarde, vous êtes Député-Maire UDF de Drancy...
- JCL : Non je ne crois pas du tout qu’il était dans le registre de la provoc, il était dans le registre de la République. Parce que le problème qui se pose à nous est un problème de République. Tout se passe comme si on choisissait d’éliminer le premier tour pour ne faire qu’un second tour. Cela dans l’intérêt de tous les médias confondus d’ailleurs, qui ont intérêt à vendre du papier et qui, comme la dernière fois, nous avaient annoncé Jospin-Chirac, on a vu le résultat. [...] Le deuxième élément, qui est plus grave encore en termes de démocratie, c’est effectivement l’intrusion dans le monde des médias, la toute puissance dans le monde des médias des grands groupes industriels qui, en plus, vivent des commandes de l’Etat. Serge Dassault, les avions Marcel Dassault, ça vit des commandes de l’Etat. Martin Bouygues, pendant des décennies, enfin son père pendant des années et des années, ils vivent des commandes de l’Etat. Lagardère, avec toute sa branche armement, ils vivent des commandes de l’Etat. Et donc ils ont intérêt à influer sur l’élection présidentielle pour pouvoir avoir un ami au pouvoir. On se retrouve dans la situation des Etats-Unis, où les grands groupes veulent faire les élections. Mais rassurez-vous ça ne vise pas que Nicolas Sarkozy. Je ne doute pas une seconde que dès que le candidat socialiste sera connu, que ce soit Jospin ou que ce soit Royal, ils mettront également un peu d’œufs dans ce panier-là pour être sûrs d’être ceux qui influenceront les commandes de l’Etat demain. Et bien ça c’est priver les citoyens de leur autonomie, et ce que dit François Bayrou, c’est pas de la provoc, c’est de la république qu’il s’agit quand on se retrouve dans cette situation. Moi comme député je suis en train de préparer une loi interdisant aux groupes vivant largement des commandes de l’Etat de pouvoir intervenir dans la presse, dans les capitaux de presse. Ils n’ont rien à faire là.
- CS : Ca va être compliqué parce qu’ils sont tous là [rires]
- JCL : Mais justement il faut qu’ils en sortent, ils n’y ont pas toujours été. Et c’est pas parce qu’aujourd’hui chacun veut son petit bout de pouvoir... Je vous ferai remarquer accessoirement que Bolloré est en train de monter son propre média c’est pas pour des critères de rentabilité, c’est bien pour peser sur des choix politiques. Et donc la presse elle ne peut pas être conditionnée uniquement par les intérêts de ces groupes sachant qu’on sait aujourd’hui que l’opinion publique est largement faite par ce type de média. Et si vous le permettez, la dernière dérive, et c’est pour ça que la politique n’a pas besoin forcément qu’on change les tuyaux, elle a besoin qu’on accepte à un moment donné de changer le contenu. En plus de tout ça, en plus de ce contrôle par ces grands groupes, on se retrouve maintenant dans l’obsession du paraître, le concours du meilleur maillot de bain qu’on a eu cet été, où on cherche à savoir avec qui les hommes politiques ont passé leurs vacances, il paraît qu’il y a un bouquin maintenant qui va parler de leur histoire de fesses, mais très franchement avec qui j’ai passé, enfin avec qui ... je ... et où j’ai passé mes vacances ne regarde personne. Ca ne change rien à ma capacité à dire des choses pour la France, à gérer ma ville. C’était une exception française qui était saine, on est en train de virer dans le malsain parce qu’il faut vendre du papelard, et de préférence, faire en sorte d’organiser les élections dans le dos des électeurs. Si c’est ça la république française, alors oui les jeunes ne s’intéresseront plus longtemps, c’est pas parce que Chirac n’y comprendra rien, c’est simplement parce qu’on parle plus de ce qui fait la vie, et la politique, c’est la vie.
[...]
- CS : Claude Cabanes [chroniqueur de l’émission de Colombe Schneck, elle-même ancienne chroniqueuse de ... Stéphane Bern] juste vous rappeler que l’Humanité vous avez un actionnaire qui est TF1, qui est Martin Bouygues, hein. [rires]
- CC : Oui, oh, c’est un ...actionnaire très très symbolique... voyez c’est...
- CS : [rires] il est là quand même ...
- CC : Nous ne sommes pas cotés en bourse ... oui Lagardère aussi mais...
- CS : [rires]
- JCL : Tous les œufs dans tous les paniers, c’est le principe des groupes financiers ...
- CC : ... Ils se sont donnés un peu le beau rôle pour dire « il faut que la presse française soit pluraliste. » Mais ce que je veux dire c’est qu’il y a un divorce profond entre le peuple français et la politique, et un divorce profond entre le peuple français et les médias qui s’occupent de politique. Le peuple français a besoin de vérité politique et je crains de ne pas voir s’installer aujourd’hui dans les médias de la vérité politique voilà alors je crois que ... rappelons-nous, hein, tous les médias ont roulé pour le OUI au référendum sur la constitution européenne, ça a été un fiasco absolu.
- CS : On va voir pour qui ils vont rouler cette fois-ci.
- CC : Je serais Sarkozy, je m’inquièterai de ...
- CS : [le coupant] Attendez là j’ai le grand plaisir de vous lancer un disque. »
Pour conclure, rappelons ce que François Bayrou disait sur LCI, le 26 mars 2002 : « Les médias en France, c’est ce qui équilibre les excès des pouvoirs. » (cité par PLPL n°9)
Travail de transcription collectif orchestré par Acrimed et Le Plan B.
N.B. Nous rendrons compte ici des nouvelles interventions de l’UDF sur le thème des médias, dans les médias.
Jeudi 7 septembre 2006, sur RTL. François Bayrou est l’invité de Jean-Michel Aphatie.
- Jean-Michel Aphatie : Vous avez dénoncé les puissances économiques qui détiennent de très grands médias. Jean Pierre Elkabbach, président d’Europe 1, propriété du groupe Lagardère, vous conseille de tourner sept fois votre langue dans votre bouche avant de parler de ce sujet.
- François Bayrou : Eh bien, eh bien...
- Jean-Michel Aphatie : Une fois que la langue est tournée sept fois, vous dites quoi ?
- François Bayrou : Une fois que la langue est tournée, je dis un : qu’il y ait une immense pression médiatique pour faire croire aux Français de force qu’ils n’ont le choix qu’entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Tous ceux qui nous écoutent, le savent, parce qu’ils le vivent depuis des mois.
- Jean-Michel Aphatie : C’est le choix des médias. Allez !
- François Bayrou : Deux : qu’il y ait une intimité très grande entre l’un des candidats au moins, et les propriétaires de ces groupes, c’est écrit dans tous les journaux. Et on en fait des échos du genre "people" ! Et troisièmement : qu’il y ait de très grands intérêts derrière tout ça entre certains groupes et l’Etat, alors il suffit d’ouvrir les yeux pour le voir. C’est pourquoi je dis : il y a, en effet, un sujet de société dans cette affaire. Il y a ceux qui veulent de plus en plus d’intimité entre l’argent et la politique et le pouvoir. Et je propose, moi, qu’au contraire, on mette de la distance entre l’argent et la politique. Je suis pour l’économie libre mais je ne suis pas pour que l’argent domine nos choix de société.
31 Août 2006, dans Le Parisien/Aujourd’hui en France. Marielle de Sarnez, UDF, proche de François Bayrou. (ajouté le 8 septembre 2006)
- Le Parisien : Mais a-t-il [François Bayrou] été entendu ?
- Marielle de Sarnez : Oui. Rien n’est joué. Les Français ne se laissent pas enfermer. Elections après élections, on voit bien que tous les pronostics sur la présidentielle ont été démentis et renvoyés à la figure de leurs auteurs. A chaque fois que l’on a voulu faire croire que les jeux étaient faits, on s’est trompé.
- Le Parisien : Il fait des déclarations quasiment révolutionnaires sur les forces de l’argent et les médias, fustige le « système ». Que lui arrive-t-il ?
- Marielle de Sarnez : Il y a en France une collusion entre pouvoir et médias unique en Europe, puisque de très grands groupes industriels propriétaires de médias dépendent de l’Etat pour leurs marchés. C’est un système malsain, impensable dans les grandes démocraties où les médias ne dépendent de personne et sont à même d’exercer un vrai contre-pouvoir.
- Le Parisien : C’est presque une thématique d’extrême gauche. Ou veut-il en venir ?
- Marielle de Sarnez : De temps en temps, mettre un coup de pied dans la fourmilière est une bonne chose, et dire que la pensée unique ça suffit également. (...) Nous voulons un Etat impartial qui ne soit au service d’aucun clan, de nouvelles institutions avec une Assemblée représentant vraiment les Français et de vrais contre-pouvoirs. (...) Nous ne renoncerons jamais à notre liberté de parole.
Jeudi 7 septembre 2006, sur France Inter.(ajouté le 8 septembre 2006)
Colombe Schneck tente aujourd’hui de savoir pourquoi et comment TF1, notamment avec ses JT, écrase tous les autres. En compagnie de Robert Namias (Directeur général adjoint en charge de l’information de TF1) et Pierre Lescure, elle revient sur la rentrée de la première chaîne du PAF. En toute fin d’émission...
- CS : ...Robert Namias, quelque chose qui fait peur toujours : quand la puissance de TF1 , en 94 vous avez été accusés de faire le jeu de Balladur, là François vous accuse de faire le jeu sciemment de Nicolas Sarkozy ...
- Robert Namias : C’est incroyable !
- CS : ...et de Ségolène
- Robert Namias : Je voudrais répondre deux choses, la première c’est que, c’est quand même très désagréable pour ne pas dire insultant à l’égard de, des rédactions d’une manière générale, des journalistes en particulier, qui ont un souci de leur indépendance et de leur liberté que personne ne peut nier .
Deuxièmement, en ce qui concerne les propos de François Bayrou, malheureusement nous n’avons pas le temps de développer la réponse. Mais, c’est vraiment ne rien connaître à l’économie de l’information car, effectivement, on parlait du Monde il y a un instant : ils ont dû aller chercher le groupe Lagardère pour survivre, on parlait de Libé, ils ont dû aller chercher Rotschild pour survivre. A tort ou à raison, peu importe !
Mais je dirai absolument l’inverse, c’est- à-dire que, il faut des groupes financiers qui puissent permettre aux journalistes de s’exprimer librement, charge à eux en suite de gérer en interne leur liberté.