De la même manière, dans Le Monde du 6 septembre, on retrouve :
- L’absence de contradiction. Comme si le champ de la science économique se réduisait au Cercle. Christian Saint-Etienne défend ainsi, une réforme des retraites qui « combinerait un allongement de la durée de cotisation (43 ans en 2020, 44 en 2030 et 45 en 2040), la suppression progressive de la retraite à taux plein automatique à 65 ans entre 2008 et 2012, une augmentation de deux points des cotisations, mais aussi un système de retraite à la carte très souple ». Aucun point de vue divergeant ne lui est opposé. Les mobilisations massives de 2003 contre les lois Fillon ont pourtant montré que ce sujet ne fait pas l’objet d’un consensus au sein de la population française.
- L’encadrement du débat politique sur l’économie. Dans le « Cahier » du Cercle, les « propositions sont modulables en fonction de la majorité qui sortira des urnes en 2007. » Avec les « experts », Claire Guélaud prescrit ainsi : « alors que les plus de 60 ans représenteront plus de 30 % de la population en 2030, cette réforme [du système de retraite par répartition dans la continuité des réformes Balladur et Fillon] devrait être complétée par le développement de la capitalisation. Un gouvernement de gauche pourrait rendre les fonds de capitalisation obligatoires avec un abondement des employeurs pour les bas salaires. Un gouvernement de droite pourra lui augmenter très fortement l’abattement fiscal sur les cotisations sans rendre le système obligatoire. » Dans les limites du « politiquement pensable », une faible marge de manœuvre en somme...
- Le point de vue des « experts » érigé en vérité incontestable. Claire Guélaud explique, par exemple, sans citer que « la France est en difficulté avec ses taux d’imposition pour les trois premiers impôts - impôts sur les sociétés (IS), sur le revenu (IR) et sur l’épargne - deux fois plus élevés, jusqu’en 2006, que les objectifs de la majorité des pays de l’Union. »
Ne donnant pas la parole à des économistes moins orthodoxes, à quelques mois de la présidentielle, Le Monde a choisi de ne pas débattre des questions économiques. Ou plutôt d’en débattre au sein du « Cercle des économistes »...