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Lorsque EADS communique dans les JT de France 3

Nous publions ci-dessous un communiqué du SNJ-CGT de France 3 (Acrimed)

Les 4 et 9 octobre, dans Soir 3, deux reportages ont été diffusés sur EADS. Le premier annonçait le plan de restructuration, suite aux difficultés de livraison de l’Airbus A380 ; le second, le remplacement de Christian Streiff par Louis Gallois et la poursuite du plan.
Jusque là rien que de très normal.

Ce qui l’est moins est que dans ces deux reportages, les « interviews » diffusées de Louis Gallois avaient été réalisées ... par le service communication d’EADS !

Or, le 9 octobre, la première dépêche annonçant que Gallois pourrait succéder à Streiff est tombée à 8h14.

36 dépêches ont suivi jusqu’au remplacement, effectif à 18h48, dont celle de 15h39 annonçant que Villepin avait reçu Gallois...

Certes, l’origine des documents était signalée dans les reportages : « Document EADS ». Mais cette utilisation de vidéos, réalisées par des services de communications d’entreprises, pose le problème de la conception même que nous nous faisons de notre profession.


Dans ce cas d’école, les journalistes de France 3, chaîne de service public, n’ont pas pu réaliser l’interview et poser les questions qu’ils auraient souhaitées à Louis Gallois. Ils étaient totalement dépendants du message que voulait faire passer l’entreprise.

Qu’avait donc de si important à dire Louis Gallois, qui nécessitait absolument de reprendre ces documents ?

Dans le premier reportage, le Pdg annonçait : « Le plan se fera en dialogue avec les partenaires sociaux. Les efforts seront répartis équitablement entre les pays partenaires ».

Dans le second, il évoquait la poursuite du plan de restructuration : « Ce programme de très grande envergure doit rapporter plus de 2 milliards d’euros en 2010. C’est un programme qui sera mené dans les temps ». Vraiment rien de nouveau et d’exceptionnel !

Les journalistes pouvaient reprendre à leur compte ces déclarations dans leur commentaire, en citant la source, comme cela se fait quotidiennement avec les dépêches de l’AFP.

Le SNJ-CGT dénonce ces dérives qui visent à faire de France 3 et de ses journalistes de simples relais des services de communication des entreprises. Il appelle les journalistes à refuser d’utiliser ce type de document, et les cadres à leur donner les moyens de réaliser par eux-mêmes ces interviews.

Paris le 16 octobre 2006.

 
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