Peut-on se servir de n’importe quelle image pour illustrer n’importe quel article ? Evidemment, non.
Ou, moins grave, mais tout aussi significatif, peut-on détourner une image sans préciser ce qu’elle montre pour illustrer un article sur un sujet qui semble proche ? Le Figaro répond positivement.
Soit la « Une » du Figaro du 3 octobre 2006 :
Photojournaliste, Pierre-Emmanuel Weck (que nous remercions pour nous avoir communiqué son article que nous utilisons ici avec son accord), précise :
« Quand j’ai vu cette image, je me suis souvenu du visage du CRS parce que j’étais là lorsqu’il a reçu un pavé dans la tête. La photo a été prise pendant les manifestations du CPE ou les après-manifs, en fin de journée quand les étudiants se rassemblaient pour aller à la Sorbonne qui venait d’être évacuée. [...] Après quelques échauffourées, les CRS avaient dégagé la place de la Sorbonne pour que les manifestants n’aient plus accès au sol fait de plaques de marbre qu’ils descellaient et envoyaient sur les policiers. [...]Après avoir pris la même photo, j’ai quitté la manif, écœuré. Je craignais que les médias en profitent pour décrédibiliser le mouvement mais étrangement, cette image ne sortit jamais dans la presse. »
La photo prise par Pierre-Emmanuel Weck. On remarquera, identique à celui de la photo publiée par Le Figaro, le tag sur le sol...
Afin de mieux se rendre compte, la totalité du reportage est visible sur 1d-photo.org
Un policier blessé est un policier blessé, dira-t-on peut-être. Mais quelle confiance peut-on accorder à un journal qui se préoccupe plus du « choc des photos » que de ce qu’elles représentent précisément ?
La photo telle qu’elle est publiée par Le Figaro est « légendée » ainsi : « Les interventions des forces de l’ordre sont souvent vécues comme des provocations ». Certaines pratiques journalistiques aussi...