Le Syndicat National de Radiodiffusion et de Télévision-CGT, Les salariés des entreprises Numéricable et UPC/Noos, Les abonnés malheureux du câble en France, Les contribuables en général pour leur générosité depuis le début des années 80, ont la tristesse de vous annoncer la mort à petit feu et le départ pour d’autres sphères économiques étrangères du Câble en France Tout comme l’état français qui laisse près de 1600 salariés sans emploi et un patrimoine national aux mains sales d’un fonds d’investissement, ne laissez ni fleurs, ni couronnes... Ayez une pensée seulement. }
Le Plan Câble en France
Dans les années 80, l’État français a entrepris une vaste opération de construction d’un réseau câblé fiable en France.
D’un investissement initial de 20 milliards de francs (soit 3 milliards d’euros), nous pouvons considérer aujourd’hui avec la mise à niveau des réseaux, l’incompressible entretien de ces derniers et l’extension par les collectivités locales, comme les Conseils Généraux, que ce chiffre a été multiplié par cinq.
Cet argent public issu des impôts de nos concitoyens a permis à la France de développer un réseau de communication innovant. Ce faisant la ville de Paris a, par exemple, acquis le plus gros réseau câblé du monde. Pour autant, malgré le travail de nombreux salariés, l’État a décidé de se séparer de la gestion de cette technologie. D’abord en le cédant à des entreprises françaises puis laissant celles-ci revendre le bien à des sociétés européennes pour, au final, dans un avenir proche, laisser des sociétés américaines s’en saisir pour une somme misérable.
Car, bien sûr, tout est là. L’État français souhaitait se séparer du câble et pour ce faire organiser les différentes vente de sociétés du secteur. Ceci fait pour cacher la revente d’un bien national, appartenant aux contribuables, à d’autres sphères économiques d’abord européennes, puis américaines.
Ainsi, ce déguisement aura coûté la bagatelle de plusieurs milliards d’euros et de près de 1600 salariés devenus chômeurs en deux ans de reprises par le fonds d’investissement CINVEN et l’opérationnel ALTICE des sociétés Numéricable et UPC/Noos.
Les LBO dans le câble
Les sociétés Numéricable et UPC/Noos ont été rachetées, toutes les deux, grâce à un système économique apparu dans les années 70 : le LBO ou Leverage Buy Out ou encore rachat d’une société avec effet de levier.
Derrière la terminologie barbare du grand capital, se cache en fait un vaste système où les actionnaires apportent une partie des fonds nécessaire au rachat d’une société via une holding. Le reste des fonds est amené par un organisme bancaire. Dans ce genre de cas, c’est la société achetée via la holding qui devra grâce à ses bénéfices et son cash-flow rembourser l’emprunt des investisseurs.
Non seulement les salariés doivent produire plus, mais avec moins de monde puisque des économies d’échelle doivent être faites au maximum pour une rentabilité exemplaire et immédiate. Encore une fois dans ce genre de cas, ce sont les employés qui trinquent et les employeurs qui boivent !
Les investisseurs de Numéricable sont CINVEN (fonds d’investissement européen) et ALTICE (opérationnel composé d’anciens du câble en France) via une Holding implantée au Luxembourg : YPSO. Sa filiale française YPSO France a donc racheté plusieurs sociétés dont les deux principales : France Télécom Câble et NCnumériCABLE. Pour ce qui est de Noos/UPC, CINVEN a racheté à LibertyGlobal ses parts en France pour une somme exorbitante de 1,2 milliards d’euros.
Aujourd’hui, CINVEN et ALTICE sont donc propriétaires de la quasi intégralité des réseaux français financée par le contribuable et développée par les salariés de ces entreprises. Toutefois, le profit est plus fort que le service et depuis le 12 juillet 2005 pour Numéricable et le 25 octobre 2006 pour Noos/UPC, des plans de sauvegarde de l’emploi ont été actés par les CE de ces entreprises.
Au final, près de 1600 salariés soit presque 60% des effectifs seront touchés par ces LBO successifs.
Les Plans Sociaux
Tout d’abord effectué chez Numéricable (depuis le 12 juillet 2005), un plan social a été acté le 25 octobre dernier par le comité d’entreprise de Noos/UPC.
Ces plans sociaux ne reposent sur aucun fondement économique comme le martèlent les experts des deux sociétés. La conclusion est donc simple et sans appel : l’enrichissement des actionnaires est la seule raison à la casse sociale organisée depuis plus d’un an.
Sur l’ensemble des sociétés, ce ne sont pas moins de 1600 salariés qui seront au final touchés par les mesures de restructuration de la direction et des actionnaires.
La CGT considère là qu’il s’agit d’un échec pour toutes les organisations syndicales représentatives du personnel dans ces sociétés. Bien qu’ayant défendu devant les membres des différents CE l’utilisation de l’arsenal légal comme le droit d’alerte ou des dépôts de plainte pour délits d’entrave des dirigeants, les autres syndicats ont préféré une voie délétère pour les salariés, celle de l’accompagnement, autrement dit les soins palliatifs.
Aujourd’hui, ce comportement voit ses premiers résultats apparaître : conditions de reclassement impossibles pour les salariés, nombreuses personnes en procès pour licenciement abusif, services fermés alors qu’indispensables à l’activité de l’entreprise, clients mécontents tant au point de vue technique que de l’accueil clientèle qui leur est réservé par le sous-traitant désormais en charge de réceptionner leurs demandes, collectivités locales trompées...
Tout porte à croire aujourd’hui que les actionnaires ne s’arrêteront pas là ! Bien au contraire ! Si nous considérons leurs envies de profit et la revente rapide et prévisible des sociétés, nous voyons arriver encore 500 suppressions d’emplois dans les années à venir. Ce chiffre n’est pas une illusion, il permettra aux actionnaires de revendre une société exsangue de salariés et ses réseaux pour une bouchée de pain...
Des In - conséquences
« Les abonnés sont des blaireaux ! » Cette phrase de Patrick Drahy, président du conseil d’administration de Ypso Luxembourg, devant le comité d’entreprise de Numéricable laisse un arrière goût désagréable quand on connaît le personnage.
Car au final, si les abonnés sont ce qu’il dit, il est facile d’imaginer ce que pense Monsieur Drahy de ses propres salariés.
Cet ancien du câble, transfuge de UPC, s’est autoproclamé « professionnel » des câblo-opérateurs mais c’est une catastrophe économique et sociale à laquelle il nous condamne.
Par des choix douteux et des motifs fallacieux en terme d’emplois, de marketing, de relation clientèle etc., le patron des actionnaires chargés de l’opérationnel a plombé pour longtemps ce que des salariés avaient mis tant de temps à bâtir.
Les modifications techniques, les ouvertures de boutiques ainsi que les décisions stratégiques de l’entreprise se sont faites sans information/consultation des instances représentatives du personnel.
Pire encore, même les recommandations ou injonctions de l’inspection du travail sont traitées comme secondaires par les directions des sociétés Numéricable et Noos/UPC relayées par certains syndicats qui préfèrent conserver leurs petites baronnies plutôt que penser au bien-être des salariés et de l’entreprise.
Au final, Numéricable et Noos/UPC sont des sociétés où les instances et les salariés sont bâillonnés et où la direction et les actionnaires agissent en seigneur au mépris des règles élémentaires du droit du Travail.
Un peu plus d’infos
Seule contre tous ! br>
Il n’existe pas de chevalier blanc sans cavalier noir. Aujourd’hui, la CGT ne se trompe pas d’ennemis quand elle voit les retombées catastrophiques pour les salariés, les clients, les contribuables et les collectivités locales ! Ces ennemis, ce sont CINVEN et ALTICE et par extension le management commun des sociétés Numéricable et Noos/UPC. De plus, dans ces périodes troublées, il faut aussi savoir dire “non” aux compromissions. C’est pourquoi, la CGT s’est retirée des différentes intersyndicales sur les questions économiques et sociales. En effet, la CGT ne peut cautionner le double voire triple discours : celui tenu aux salariés, celui à la direction et enfin les prises de positions faites devant la presse et les élus. Il nous est insupportable de voir aujourd’hui des syndicats hurler au scandale sur ce qui se passe dans leur société mais signer quand même des accords dangereux pour les salariés de leurs entreprises.
Discrimination syndicale ! br>
Vendredi 29 septembre dernier, le tribunal de Prud’hommes de Lyon a condamné en première instance la société Numéricable à une revalorisation de la carrière du délégué syndical central du SNRT-CGT, Pascal Prenez, ainsi qu’à verser à l’intéressé une somme de cent mille euros au titre des dommages et intérêts, équivalent à près de soixante-huit mois de salaires nets.
Cette décision historique à Lyon n’est que l’aboutissement logique d’un dossier solide suivi par Maître Nallet, avocate au barreau de Lyon, qui concède volontiers qu’une telle victoire n’est que justice. Deux autres procès sont en cours, initiés par d’autres mandants issus du SNRT-CGT et portant sur des dossiers similaires de discrimination et de harcèlement.
Le SNRT-CGT, fort de cette condamnation qu’il interprète comme une reconnaissance de la justesse des positions défendues par ses représentants, continuera ses actions de contre-pouvoir envers la direction de Numéricable qui joue la casse sociale et le délit d’entrave syndicale aux seules fins mercantiles de ses actionnaires : le fond d’investissement CINVEN et l’opérationnel ALTICE.