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PRESIDENTIELLE 2007

M. Sarkozy déjà couronné par les oligarques des médias ?

par Marie Bénilde,

Avec l’accord du mensuel, nous reproduisons ci-dessous le début d’un article de Marie Bénilde paru dans Le Monde Diplomatique (septembre 2006), suivi du lien vers l’intégralité de l’article. (Acrimed)

Adossés à des sondages dont la fiabilité est pourtant nulle plusieurs mois avant l’échéance, les principaux médias français présentent comme jouée l’élection présidentielle du printemps prochain : son second tour opposerait donc M. Nicolas Sarkozy à Mme Ségolène Royal. Si tous deux tirent un même profit de la personnalisation inouïe des enjeux, M. Sarkozy dispose d’un atout spécial. Jamais dirigeant politique n’avait bénéficié autant que lui de l’appui des patrons de presse.

La courte défaite électorale de M. Silvio Berlusconi, en avril 2006, a porté un coup au système clanique italien, bien déterminé à contrôler l’opinion grâce à un mélange de marketing politique, d’intérêts croisés avec la presse et l’édition, et de mainmise directe ou indirecte sur le paysage audiovisuel. Certes, un an plus tôt, en France, le référendum sur la Constitution européenne établissait qu’il ne suffisait pas de disposer de la quasi-totalité de l’espace médiatique pour convaincre une majorité de citoyens. Toutefois, la perspective de l’élection présidentielle, au printemps 2007, va permettre d’apprécier si un laborieux travail de domestication des médias ne finit pas, malgré tout, par se révéler payant. N’est-ce pas ainsi que certains ont interprété la réélection à la tête de l’Etat de M. Jacques Chirac en 2002, sur fond de campagne de presse matraquant le thème de l’insécurité ?

Tout est en place, en tout cas, pour favoriser l’intronisation de M. Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Chef du principal parti de droite, l’Union pour un mouvement populaire (UMP), ministre de l’intérieur et président du conseil général du département le plus riche de France, les Hauts-de-Seine, l’homme s’est employé à construire depuis vingt ans un étonnant réseau d’influence dans les médias. Au service de ses ambitions suprêmes. Ce réseau a une nouvelle fois donné sa mesure pendant l’été 2006. Le nouveau livre de M. Sarkozy, Témoignage (Xo, Paris), paru en juillet, fut aussitôt salué par une couverture souriante du Point (la troisième en quatre mois) et, entre autres exemples, par un entretien d’une complaisance presque burlesque avec Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1. Pour l’intervieweur et patron de la radio privée appartenant au groupe Lagardère - qui comprend aussi Paris Match, Le Journal du dimanche, Elle... -, M. Sarkozy a cette qualité remarquable qu’il refuse la « docilité ». Une vertu qu’on sait très prisée par M. Arnaud Lagardère, dont Jean-Pierre Elkabbach est aussi le conseiller : en juin 2006, l’éviction d’Alain Genestar, directeur de Paris Match, coupable d’avoir publié en couverture une photo de l’épouse du président de l’UMP avec son compagnon de l’époque, démontra les limites de l’indocilité permise aux médias du groupe en question. Un patron de presse limogé pour complaire à un ministre et chef de parti ? Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas connu pareille marque d’allégeance journalistique au pouvoir politique...

Il y a là le résultat d’un long et patient travail entrepris par le candidat de l’UMP pour se rapprocher des grands patrons propriétaires de médias. M. Sarkozy possède un épais carnet d’adresses d’amis influents dans la presse et l’audiovisuel. On y remarque d’abord les familiers, comme M. Martin Bouygues, actionnaire de TF1 et parrain de son fils, ou M. Bernard Arnault (La Tribune, Investir, Radio Classique), dont la fille Delphine se maria en présence de M. Sarkozy. Habitant Neuilly, MM. Bouygues et Arnault furent tous deux témoins aux épousailles du maire de la ville.

Lire la suite de l’article de Marie Bénilde.

 
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