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L’actualité des médias n° 53 (24 oct. - 24 novembre 2006)

par William Salama,

Le numérique... Le Web, le Web, Le Web !... Gratuité, publicité, précarité...

I. Chroniques de la mutation numérique

1. La « Télévision du futur » aux opérateurs mobiles

La loi sur la télévision du futur multiplie les cadeaux aux investisseurs privés, notamment ceux issus des télécoms. Lire ici même, publiée en « tribune », l’ intervention du Sénateur Jack Ralite]

- Loi sur la Télévision du futur (1) : Mode d’emploi(s). Renaud Donnedieu de Vabres entendait « boucler la loi [de la télévision du futur] avant fin février 2007  » (Les Echos du 9 novembre 2006), mais entre « consensus de façade » (Les Echos, 20 novembre) ou « convoitises et polémiques » (Le Monde du 22 novembre).

En arrière-fond, le conflit territorial dessinant les rapports de forces et leur issue, contre les envahissants opérateurs télécoms (qui ont de bons amis au Palais Bourbon) mais aussi les grosses chaînes que les petites thématiques jugent trop bien servies par le projet de loi (Le Figaro, 25 octobre 2006).

Il a fallu recourir au « scrutin public » (Les Echos, 22 novembre 2006) au Sénat du 21 au 22 novembre, qui a penser régler la question des chaînes bonus (avant qu’elle ne soit sitôt « contestée par les groupes PS, PCF et UDF », Le Monde du 25 novembre 2006) qui faisait débat en octroyant des « chaînes supplémentaires, sur la TNT, à TF1, M6, Canal+  » (Le Nouvel Observateur du 16 novembre) en contrepartie de leur souscription « à des obligations supplémentaires en matière de production  ».

Surtout, peut-être, « la nouvelle loi prépare l’arrivée de la télévision sur les mobiles  » et fixe la question des relations entre chaînes de télévision et opérateurs mobiles : «  si le texte ne prévoit pas de reprise de la numérotation des chaînes de la TNT sur les autres supports de diffusion, il introduit des critères de non-discrimination  » (Le Figaro, 23 novembre 2006).

De fait, la question de la répartition du « dividende entre l’audiovisuel et les télécommunications a été éludée » car il aurait « immanquablement entraîné une réflexion sur la fusion du CSA et de l’Arcep. Sujet tabou avant les élections » [1].

- Loi sur la Télévision du futur (2) : Courses onéreuses à l’équipement. Dans La Tribune le 20 novembre 2006, Renaud Donnedieu de Vabres portait sa main sur le cœur : « " La TV numérique est une chance " », elle «  n’est pas un sujet de politique politicienne. Cela relève de l’intérêt général et de la viabilité des entreprises au moment d’un rendez-vous technologique. »

Avant que cette idée-force passe comme une lettre à la poste lors des discussions au Sénat du projet de loi, La Tribune, (27 octobre 2006) annonçait déjà « LA TV numérique pour 95 % des Français en 2011 ». Et déjà également, pour établir son champs de valeur « TDF et NPA Conseil lancent le premier baromètre de la télévision numérique » (Les Echos, 23 novembre).

Bien ... sauf que, manière de rappeler que s’équiper n’est pas un don du ciel, Le Figaro 2 novembre 2006 relaie une étude du « cabinet de conseil en stratégie Arthur D. Little », au titre « surprenant » - « la facture cachée de la future télévision gratuite ». Ainsi, « le coût de la TNT par voie hertzienne » serait « moins élevé » et donc moins « onéreux pour les ménages » que celui par satellite, moyen que le gouvernement semble pourtant vouloir « privilégier ».

Au moment, il faut le préciser, où « les opérateurs européens de satellites SES Global et Eutelsat  » créent une « société commune  » dans le but de réaliser « la première infrastructure satellitaire européenne pour la diffusion de contenus audiovisuels vers les terminaux mobiles et les véhicules  », (Le Monde 31 octobre) [2].

Reste que la réalité nous douche : « Un Français sur trois sans accès à un ordinateur » (La Tribune, 23 novembre 2006), et l’on s’en doute, « ce sont surtout les plus de 70 ans et les personnes défavorisées  ».

- Conflit territorial : l’envahisseur s’est fait partenaire. « Tentés dans un premier temps » de « segmenter [le marché des droits sportifs ...] pour maximiser leurs recettes », « les opérateurs télécoms et les nouveaux médias » semblent aujourd’hui « vouloir ménager leur premier client, les télévisions traditionnelles » (Le Figaro, 30 octobre 2006).

Ainsi, Patricia Langrand - directrice du pôle « contenus » de France Télécom (maison mère d’Orange, faut-il le rappeler ?) - déclare à La Tribune (19 octobre 2006) : « Nous sommes pour une segmentation croisée des droits à la fois par modes de diffusion (TV, mobile, ADSL, Net) et par formats (direct, léger différé...) pour permettre aux nouvelles plates-formes de naître  ».

France Télécom ménage par exemple l’industrie de la création audiovisuelle (« France Télécom se lance dans le financement du cinéma  », Le Figaro du 8 novembre 2006) : « dans le droit fil de [sa] stratégie », souligne encore Patricia Langrand, suscitant un bel accueil des professionnels, toutefois prudents : «  nous resterons vigilants sur la mise en oeuvre  », prévient Marc-Olivier Sebag du Syndicat des producteurs indépendants.

De la même façon, Bertrand Méheut, patron du groupe Canal, pointe que « la concurrence la plus redoutable vient désormais des opérateurs de télécommunications et d’ADSL  » (Le Monde du 24 novembre 2006, lire aussi plus bas : « La Ligue de Football s’inquiète et Canal Plus s’étonne »).

Le schéma n’est donc plus concurrentiel, mais désormais de type partenarial (la domination du numérique effective - lire plus bas : « Le Web, le Web, Le Web ! » ) comme le diffuse la belle analyse de Dominique Baudis, le président du CSA, qui envisage des « champs de développement et d’expansion  », voire « une conjugaison de moyens qui permet de sortir d’une situation où le téléspectateur est pénalisé en termes de choix selon la région où il se trouve  » (La Tribune du 9 novembre). Très beau.


2- Le Web, le Web, Le Web !

- La mort de la crise de la Presse Quotidienne Nationale. Selon une enquête sur « les priorités des éditeurs de presse », réalisée par le cabinet Seprem pour la Fédération nationale de la presse française (FNPF) : 34,7 % des « 480 éditeurs interrogés » citaient les « nouvelles technologies » comme « défi le plus important à relever » [3].

« Une majorité des Français (53 %) pense qu’à l’avenir toute l’information dont ils ont besoin sera accessible gratuitement », et « 47 % déclarent que c’est "dans les journaux [...] et les sites Internet payants qu’ils continueront à trouver l’information qu’ils cherchent » (La Tribune du 24 novembre 2006) Equilibre dangereux ? Pas tant que cela, ce sondage Ipsos Médias publié à l’occasion du 15e congrès de la Fédération nationale de la presse française n’est pas catastrophique, car nos quotidiens ont des billes dans le gratuit et misent sur le Net.

Par ailleurs, dans une campagne de publicité, les quotidiens regroupés en lobby dans le Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN) montraient leur « puissance », dont celle de monnayer leurs lecteurs (« lu par 8 millions de personnes »). Ils signent ainsi « leur raison d’être » en la lançant « à destination des annonceurs ».

Le discours publicitaire du SPQN exprimé par son président Francis Morel, le directeur général du Figaro consiste à nier la « crise » de la Presse Quotidienne Nationale (Libération appréciera), quitte à pointer un problème de distribution (« la disparition de 1.500 points de vente sur 30.000 en sept ans  »), pour l’expliquer comme une mutation naturelle, en fustigeant « l’idée selon laquelle Internet est en train de tuer le papier ».

Il ne l’a pas tué, en effet, mais avalé : « Cinq sites de Presse Quotidienne Nationale figurent dans le Top 15 [et] totalisent environ 9 millions de visiteurs uniques » (Newsletter de CB News du 27 octobre 2006).

- Illustrations triviales (1) : Presse écrite. L’acte d’achat d’un quotidien et sa lecture est plutôt unique et figée, celui de sa consultation sur le web est multiple, répétée, dynamique ... Autant de rendez-vous possibles entre annonceurs et consommateurs, le média devenant un produit d’appel. Illustrations triviales ...

Edouard de Rothschild affirme : « On m’accuse de vouloir vendre le Web, de vouloir réaliser une opération financière, de raisonner strictement en financier. Tout cela est calomnie », (Les Echos du 2 novembre 2006). Tu parles ... Le Nouvel Observateur du 2 novembre 2006 écrit que le même Libération conserve « une vraie valeur » : « Certes, le journal perd 1 million d’euros par mois, mais son site web est, lui, bénéficiaire et peut donc valoir cher. »

La Tribune (groupe LVMH) en lançant le 20 novembre une nouvelle formule a pris soin de communiquer sur sa mise « en commun du travail des journalistes papier et Web - 120 au total ». Le quotidien veut « offrir une information en temps réel et toujours de qualité » et annonce « réactualiser les informations parues le matin même dans le journal » (Le Figaro du 17 novembre).

Avec pour objectif de « développer un nouveau standard dans l’éditorial féminin online », selon un communiqué du groupe » (en clair, se mettre en concurrence avec aufeminin.com), Le Figaro a lancé une offre éditoriale baptisée figaro.fr madame dont « le contenu rédactionnel se distingue du magazine homonyme » (Stratégies Newsletter du 21 novembre 2006).


La Croix, fraîchement remaquettée joue le contre-pied, quoique mettant toutefois « des blogs sur son site » (Les Echos, 17 novembre).

Pendant trois mois, « Google teste la vente de publicité pour les quotidiens aux Etats-Unis » relaye Le Monde du 8 novembre 2006 : « dont le New York Times et le Washington Post ». Ces derniers « souhaitent voir si cette nouvelle méthode de vente publicitaire amène vers eux de nouveaux annonceurs. En particulier les petites entreprises qui ne s’imaginent pas pouvoir s’offrir des campagnes dans la presse. »

De son côté, « Yahoo ! annonce avoir signé un partenariat stratégique avec plus de 150 quotidiens régionaux aux Etats-Unis, dans des domaines tels que les petites annonces, la recherche sur Internet et l’information locale. » (Les Echos du 21 novembre 2006).

- Illustrations triviales (2) : Audiovisuel. Le Web 2.0 (ou communautaire) est la plus belle réussite ou « phénomène » d’audience de la toile de ces dernières années. Le chapô de Télérama (23 novembre 2006 : « Télé le Net plus Ultra - le monde des télénautes [sic] ») en témoigne : « feuilletons à télécharger, scènes inédites, extraits du JT, perles rares : la télévision sur le Web génère un impressionnant flot d’images et suscite l’interactivité totale, de passif, le spectateur devient maître de sa programmation ». Parmi ses avatars, la mise en ligne de vidéos, une « télé à la carte » qui « change la donne  » (CB News, 23 octobre 2006).

Or, phénomène spontané = récupération pécuniaire... Logiquement, en rachetant Myspace l’année dernière Murdoch, a sifflé le coup d’envoi de la mainmise industrielle sur cette niche devenue chenil, Google mettant par la suite la main sur Youtube. « Impressionné » par son « succès [...] TF1 lance une émission hebdomadaire constituée de Web-vidéos d’internautes. W9 a un projet similaire pour 2007 et France Télévisions réfléchit à une émission politique » (Les Echos du 22 novembre 2006).


II. Brèves en tous genres

- Politis sauvé. Politis qui cherchait un million d’euros (lire ici-même « Sauvons Politis » et L’Actualité des médias n°52) les a trouvés dont 832 000 de « Jean-Louis Gueydon de Dives (fondation Pour une Terre humaine), Laurent Chemla et Valentin Lacambre (associés dans l’hébergeur de noms de domaines Gandi.net) [...] Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques, [et...] Marianne qui n’apparaîtra pas au capital » (Libération du 3 novembre 2006). Et le reste vraisemblablement par la « générosité financière [et militante, ndrl] de ses lecteurs » (lemonde.fr, 16 novembre 2006). Lire dans Politis du 23 septembre
« Politis sauvé ! » et « Politis, l’histoire d’une crise » par Denis Sieffert

1. Presse écrite

- Publicité (1) : Ça va s’en aller ... « La distribution va bientôt faire sa publicité à la télévision » écrivent Les Echos 7 novembre (au 1er janvier, plus précisément), prévoyant que « le marché [publicitaire] va durablement et structurellement être transformé. » Il n’empêche que, selon le quotidien, « Pas de catastrophisme  » : « les médias menacés [d’être délestés de cette manne par les télévisions], radio, affichage et presse, estiment être prêts.  » Les Echos ne donnent aucuns détails pour la presse écrite, mais ceux des afficheurs et radios dont le dispositif est détaillé [4].

- Publicité (2) ... Et ça peut revenir. « Les médias raflent la mise  », écrit La Tribune (2 novembre 2006) pour désigner l’« effet d’aubaine  », stupidement offerts pars les successeurs du 12 qui « pour imposer leur marque, [...] ont dépensé en spot télé et autres encarts de presse 247 millions d’euros " bruts " 240 millions en publicité  », soit « 11 % des investissements publicitaires globaux estimés à 2,1 milliards d’euros  » [5].

- Marketing : Les NMPP inventent la laisse du lecteur. Inventée par la grande distribution, la carte de fidélité destinée aux lecteurs arrive, à l’initiative des Nouvelles Messageries de la presse parisienne (NMPP). Son principe : « permettre aux lecteurs de 5 quotidiens nationaux, « 14 hebdomadaires et les principaux magazines, de bénéficier d’offres promotionnelles récompensant leur fidélité, à leur journal mais aussi à leur point de vente  ». Elle sera progressivement testée en région Rhône-Alpes au printemps 2007, puis « 8 000 diffuseurs actifs dans toute la France en 2008  ».
Premier prix, « 700 000 euros » : le coût de cette opération (toutes citations : Le Monde du 22 novembre).

- Précarité : Revendications au Parisien . Les syndicats CFDT, FO et SNJ du Parisien, demandent « un plan de régularisation pour cinquante pigistes permanents, rédacteurs ou photographes ». En effet, le groupe gagne de l’argent : « Amaury a dégagé un résultat net positif de 38 millions d’euros en 2005, en forte hausse sur l’année précédente (26 millions) » mais préfère « devoir améliorer sa productivité "de 15 à 30 %" » (Libération, 24 octobre 2006).

- Le gouvernement aide la presse sélectivement. D’un côté, Thierry Breton (« Bercy  ») a « annoncé le dépôt par le gouvernement de trois amendements au projet de loi de finances 2007 pour soutenir les entreprises de presse  » [6]. A la fois assurément parce que c’est insulter les règles du marché que de priver une telle « puissance » d’annonceurs et au passage de fâcher les grands amis patrons de presse.

De l’autre côté, voilà que la Fédération de la presse magazine régionale (FPMR) dénonce des décisions de la commission paritaire des publications, qui procèderait à une « vague de radiations », avec la « caution » du gouvernement (« Des magazines régionaux privés d’aides à la presse », La Tribune, 3 novembre 2006).

- Presse magazine : Plan de rigueur, avant augmentation de capital. « Pour restaurer sa rentabilité », le groupe de presse spécialisée Cyber Press Publishing a annoncé, «  la prochaine mise en place d’une augmentation de capital et la cession d’un actif non stratégique  » et, pour draguer le fonds, la poursuite de «  plan de rigueur », des efforts de rationalisation des coûts (charges locatives, frais de personnel) » (Newsletter de CB News, 6 novembre 2006).

- Presse Quotidienne nationale : un nouveau « populaire » arrive. Comme le numéro zéro « semble avoir séduit les annonceurs et le lectorat potentiel  » [sic], Axel Springer va consacrer au moins 120 millions d’euros en trois ans à un «  Bild à la française ». Et, bien que national, il « risque de concurrencer sérieusement les grands quotidiens régionaux, au moins en ce qui concerne le marché publicitaire  » (Les Echos, 23 novembre 2006).

- Gratuits (1) : Un Bolloré le Dimanche ? Si « rien n’est tranché : il s’agit juste d’une idée  », l’hyperactif Bolloré préparerait un gratuit du dimanche, décide tout de même de relayer (Libération, 22 novembre 2006).


- Gratuits (2) : Le lancement de Paris Plus sous la Houlette de Labro ? En retard sur le calendrier, Paris Plus, le deuxième gratuit de Bolloré et le premier du Monde devrait sortir le 6 décembre 2006 (Newsletter de CB News du 10 novembre 2006), mais des désaccords liés à la difficulté de « trouver un compromis entre deux cultures différentes, l’une publicitaire [Le Monde ou Bolloré ?] et l’autre journalistique [idem] » ont retardé son lancement. L’investissement prévoyait la somme d’une « quinzaine de millions d’euros » et « devait se faire sur la base de la parité » entre les deux partenaires. Finalement, tout bénef.’, Bolloré en détiendra 70 %, la gestion de la régie publicitaire (il est - que la nature fait bien les choses - le premier actionnaire d’Havas et du spécialiste de l’achat d’espace d’Aegis) et « logera » dans ces locaux « l’équipe éditoriale ». Le Monde garde la « gestion » de ligne éditoriale (et 30 % des recettes publicitaires ?), et l’impression du gratuit, écrit Le Figaro du 25 octobre 2006, (dont le projet de gratuit est dans les limbes et qui voit le gâteau crémeux des annonceurs s’émietter plus encore vers la concurrence ...). Une « rumeur » (Newsletter de CB News du 10 novembre 2006 d’après Presse News) annonce qu’il « devrait être placé sous la houlette de Philippe Labro  ».

- Presse régionale : La Tribune de Lyon en phase de relance. « La publicité a constamment manqué [...], un bon produit (sic), [...] mais trop de frais, trop d’ambition », deux millions d’euros de pertes, et la jeune Tribune de Lyon, née en 2005, en est à son premier plan de sauvegarde (Libération, 31 octobre 2006). Le projet de relance la rédaction ? Un hebdo « plus artisanal », qui « reposera sur l’imagination de ses journalistes et leurs capacités de reportage, d’enquête et d’écriture », une équipe réduite à la portion congrue dans une Sarl « constituée, avec un actionnariat plus émietté » (Libération, 31 octobre 2006).

- Business : Mouvements internationaux en perspectives. Le groupe Telefonica veut se payer en cédant Endemol dont il détient 75 %. La société de production « intéresserait le groupe italien de télévision Mediaset, détenu par la holding Fininvest de Silvio Berlusconi  », en mesure de « débourser de 1 à 1,4 milliard d’euros » pour Endemol en cas de mise en vente par, son propriétaire à 75%. » (Stratégies Newsletter du 20 novembre 2006).

2. Audiovisuel

- Noos-Upc licencie et se projette en opérateur. Il a fallu 20 heures de négociations des syndicats d’UPC-Noos pour ne sauver que 40 « postes » du projet de suppression qui en prévoyait 822. Soit, 40 - 822 = - 792, le compte est bon et validé « à l’unanimité des élus » pour le Comité d’entreprise (Newsletter de CB News du 27 octobre 2006). Lire : « Ce qui se passe derrière le câble (Snrt-CGT »). Les vases communiquent : le même Noos Numéricâble (et l’opérateur internet Free) ayant déclaré son « intérêt pour la quatrième licence UMTS  » (Les Echos, 20 novembre 2006).

_ - RFI : Une attaque à peine silencieuse contre le service public. Une grève lancée à l’initiative de la CGT, mais soutenue par l’ensemble des syndicats, a tué dans le tuner, le déploiement de la grille d’hiver de RFI (Radio France Internationale). La raison à ce mouvement découle d’un acte politique : « la baisse de sa dotation budgétaire en 2007 [...] de près de 2 millions d’euros », « " l’abandon de RFI au profit d’une télévision internationale en partenariat avec TF1 " » (France 24), et - surtout - la suspicion, d’un « " plan social déguisé " » (Le Monde du 31 octobre 2006) sur le bon dos de la « numérisation et Internet », « ces nouvelles possibilités technologiques » : « fini le modèle radiophonique unique pour une radio écoutée par 44 millions d’auditeurs à travers le monde, dont 25 millions pour sa version française. Quand on veut toucher plus de public, la radio a ses limites » Les Echos, 3 novembre 2006).

- Droits sportifs (1) : La Ligue de Football s’inquiète et Canal Plus s’étonne. La Ligue de Football Professionnel (LFP) fait un intense lobbying auprès des pouvoirs publics pour « la suppression du décret n 2004-699, du 15 juillet 2004, qui régit la vente de ses droits de télévision. » (L’Equipe, 22 novembre 2006). Elle s’inquiète en effet, de la fusion entre Canal + et TPS, qui va « modifier les règles du jeu » en changeant la donne en sa « défaveur » face à la puissance du nouvel ensemble [7]. Bertrand Meheut « s’étonne » et affirme « Nous sommes prêts à remettre des moyens très importants dans l’acquisition des droits ». Sans aucun rapport, semble-t-il, le patron du groupe Canal annonce : « nous avons des sureffectifs. Nous entendons les résorber sur la base de plans de départs volontaires. » (Le Monde, 24 novembre 2006).

- Droits sportifs (2) : Lagardère achète Sportfive. Au moment où la distribution des contenus se multiplie comme des petits pains et tend les relations, Lagardère paye cher - 865 millions d’euros - l’agence de marketing sportif Sportfive. mais ce n’est que stratégie (on reste dans le sport) Il « s’offre ainsi l’accès à une ressource rare et convoitée : le contenu audiovisuel d’événements sportifs » (Reuters, 20 novembre 2006).

- Médiamétrie : Un peu de nouvelles mesures et des emplois ... Bruno Chetaille, est président du conseil de surveillance de Tower Participations (holding du groupe TDF), mais aussi de l’Institut pythique Médiamétrie depuis le 29 octobre 2006. Il aura en charge de mettre en place les sacro-saints outils de mesure « pour les nouveaux modes de consommation de la radio et de la télévision, notamment via Internet » que les tenanciers du progrès réclament [8] (La Tribune, 30 octobre 2006). Par ailleurs, l’institut « prévoit d’ouvrir début 2007 dans la banlieue de Rouen un centre de recueil de l’information qui comptera 110 télé-enquêteurs » (Newsletter de CB News 2 novembre 2006).


- Le service public de TF1 est de droite. À qui profite le sondage le Baromètre annuel TNS-Sofres, « les français et la télévision » de (Télérama du 25 octobre 2006) qui fait dire à la majorité (37 %) des personnes interrogées que TF1 est une chaîne « orientée à droite » et, plus inquiétant, qu’elle « "incarne le mieux le service public" » devant France 2 (24 %) et France 3 (22 %) ? Bonne nouvelle aux annonceurs : les « 18-24 ans [...] plébiscitent sans états d’âmes les chaînes commerciales »...

54 % Français sont satisfaits de la télévision retient La Tribune (27 octobre 2006), qui s’embrouille un peu en précisant : « même si 55 % jugent que son niveau est " moins bon qu’avant " ».

Et pour finir...

- L’UDF s’entête... « Le député UDF Jean-Christophe Lagarde a déposé vendredi une proposition de loi destinée à empêcher les groupes industriels dont l’activité dépend des commandes de l’Etat à plus de 20% de leur chiffre d’affaires, de détenir directement ou indirectement plus de 3% du capital d’un média.  » (AFP, 17 novembre.)

- Le fatum des civilisations selon Rocard. Discours fataliste de Michel Rocard sur les médias (à consulter sur le site de la revue Sens public. À deux reprises, l’homme qui va chez Ardisson répondre à des questions sur sa vie intime, qualifie le traitement anticipé des élections par les médias de forfaiture : «  Je pense qu’ils ont gagné. Nous vivons la décadence du bas empire romain. La démocratie est menacée. C’est irrémédiable. [...] L’issue ne peut venir que des seuls médias, mais la liberté de la presse est trop récente. Le pouvoir est fragile. Jouer à le délégitimer est suicidaire pour nos civilisations... « Nous nous amusons à en mourir ». Ainsi, même lorsque nous les critiquons en direct, les médias s’en amusent. Cela fait partie de leur jeu.  ».

 
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Notes

[1Pour le passage au numérique et dans le schéma actuel, ce sera au Premier ministre en poste lors de l’arrêt de l’analogique en 2011 ou 2012, de décider de la répartition du « dividende numérique » entre les services de télévision et ceux des télécoms. (Les Echos du 25 octobre 2006)

[2Lire en corrélation, cet article de Challenges (16 novembre) intitulé « La vérité sur... l’enterrement du câble en France » : « un beau ratage [...] énorme gâchis. [...] longue agonie » qui a permis aux fonds d’investissement comme Cinven de ramasser, restructurer, dégraisser (plan social de Noos, TDF, etc...)

[330,5% se soucient « pour leur entreprise » de la « problématique de la gratuité de l’information » et décence oblige, nos éditeurs de presse ont tout de même placés « l’évolution des contenus rédactionnels » à 25,3% de leur priorité (Newsletter de CB News du 27 octobre 2006)

[4les principales régies (IP, NRJ Régies et Lagardère Active Publicité) anticipent un manque à gagner de 50 à 70 millions pour le chiffre d’affaires des radios l’année prochaine

[5Soit dit en passant, les plus généreuses ont survécu dans le fiasco ; alors il faut se rembourser « discrètement  » : deux « viennent de relever leurs prix pour les appels passés depuis un mobile », (Les Echos, 27 octobre)

[6En voici deux : une « réduction d’impôt correspondant à 25% des sommes versées entre le 1er janvier 2007 et le 31 décembre 2009 » (Newsletter de CB News du 19 octobre 2006) et une « baisse de la TVA pour la presse en ligne »,(Libération, 1er novembre 2006). Voir plus haut : « Le Web ! Le Web ! Le Web ! »)

[7Rappel : le groupe Canal Plus au terme d’une âpre négociation contre son ancien rival TPS avait déboursé 600 millions d’euros l’année dernière et certainement pour la dernière fois.

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