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Sur BFM, les aboiements de Philippe Manière, porte-voix de l’Institut Montaigne

par Henri Maler,

Chaque semaine sur BFM, l’émission « Les Grands Débats du mardi » donne l’occasion à Philippe Manière, directeur général de l’Institut Montaigne - présenté comme tel - de s’entourer « d’experts, d’acteurs politiques et de contributeurs de l’Institut Montaigne » et d’interroger « ses » invités sur les réformes nécessaires. Cela s’intitule « Les politiques publiques passées au crible... » [1]

Le mardi 28 novembre, de 10 à 11h l’émission avait pour titre : « Que proposent la gauche et la droite pour redynamiser la recherche ? », avec Daniel Garrigue, Député UMP de la Dordogne ; Yves Durand, Député PS du Nord, Secrétaire national chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ; Georges Debrégeas, Vice-président du collectif « Sauvons la Recherche ».

Ce que l’on va lire (et entendre) est d’une telle grossièreté que nous avons interrogé le convive qui, invité non à participer à un débat, mais à passer les plats, a eu l’outrecuidance de sortir du rôle qui lui était assigné par le maître de maison.


- Acrimed : - Dans quelles conditions avez-vous accepté de participer à l’émission ?
- Georges Debrégeas : - Je n’avais aucune idée de ce qu’était BFM, et encore moins l’émission “ les Grands Débats du mardi ” de Philippe Manière, lorsque j’ai reçu il y a une semaine une invitation à y participer en tant que membre de l’association Sauvons la Recherche. J’ai cependant suggéré à la personne qui m’invitait de me faire débattre dans la première heure d’émission, avec deux députés PS et UMP, de la recherche française, plutôt que dans la seconde heure consacrée à la comparaison des systèmes français... et belge. Quelques jours après, je me renseigne néanmoins sur BFM, et sur Philippe Manière. Je connaissais déjà de réputation l’Institut Montaigne, ce think-tank très libéral dirigé par le “ patron du capitalisme français ” (dixit Libé) Claude Bébéar, PDG d’AXA. J’apprends alors que Philippe Manière en est le directeur général, et que cette officine vient de commettre un rapport sur l’enseignement supérieur intitulé “ avoir des leaders dans la compétition universitaire mondiale”, dont le titre lui-même donne une idée assez précise du genre de “ réformes ” qui y sont proposées. En arrivant dans le studio le mardi matin, je croise Alain Madelin - il a beaucoup vieilli... - qui, me glisse-t-on, a annoncé il y a peu son intention de ne pas se présenter aux présidentielles. Ca rigole, ça se tape dans le dos avec Philippe Manière et les deux députés. Madelin me serre la main comme à tous les gens qu’il croise, et j’hésite alors à lui signaler nos 2 points communs : (1) je ne me présente pas aux élections (2) tout le monde s’en fout... Mais je fais profil bas.

L’émission commence...

La rébellion du thermomètre

Après nous avoir fait subir les actualités économiques essentielles à l’avenir de l’humanité - les fluctuations horaires du CAC-40 - Philippe Manière, puis Graziella Rodriguez peuvent commencer leur topo introductif au “ grand débat ”. Il y est question d’“ une recherche qui se sent mal aimée, et que beaucoup disent désorganisée et inefficace car “ ce n’est pas nouveau en matière de recherche, la France est loin d’être un pays modèle. Un constat que confirme d’ailleurs la chute régulière de la France dans les classements internationaux ”. Il y est question du programme de la droite qui “ souhaite proposer des vrais contrats de recherche d’une durée minimale de 5 ans ”. De “ vrais contrats ”, pas des rentes de situation auxquelles les fonctionnaires statutaires sont habitués.

Après cette introduction qui est, comme on va le voir, soustraite à tout débat, Philippe Manière donne immédiatement la parole à Georges Debrégeas

- Philippe Manière : - On va regarder un petit peu où on en est sur cette histoire de recherche. Georges Debrégeas, ça a été une espèce de crispation nationale , comme la France en a le secret, il y a un an à peu près, et maintenant on en parle beaucoup moins, [...] c’est plus des débats académiques et théoriques sur la recherche. Les chercheurs sont-ils calmés, sont-ils contents de ce qu’on a fait pour eux ? Dites-nous un petit peu où en sont les chercheurs, où en est leur vision du monde et de leur avenir.

C’est donc à titre de témoin que Georges Debrégeas est présent dans le studio : une sorte de thermomètre qui doit livrer les variations de la température de la « grogne » et de la « crispation » chercheuse.

Mais Georges Debrégeas n’entend manifestement pas être confiné dans ce rôle et accepter les termes dans lesquels le problème de la recherche a été posé. En aura-t-il le droit ?

- Georges Debrégeas : - [...] Vous avez parlé d’une recherche désorganisée, inefficace, mal aimée, d’une chute régulière dans les classements, et c’est vrai que c’est un discours que l’on entend particulièrement à droite, que l’on entend particulièrement à l’Institut Montaigne dont vous êtes le Directeur général. J’ai ici le rapport de l’Institut Montaigne sur l’Université où vous dites par exemple que la France est au quinzième rang en termes de publications scientifiques. C’est faux, elle est au cinquième rang...

A l’évidence, le thermomètre est déréglé, et il est urgent d’interrompre ses facéties avant qu’il ne commence à argumenter :

- Philippe Manière : - Pardonnez-moi mais vous êtes le premier qui me dit ça et ça me paraît difficile de contester des classements qui sont absolument reconnus comme tels. Ce n’est pas “ l’opinion ” de l’Institut Montaigne.

Que des classements soient reconnus comme des classements, c’est effectivement incontestable. Et quoi qu’il en soit, l’Institut Montaigne, comme on l’apprendra plus tard, n’a pas d’opinion. Georges Debrégeas reprend alors la parole :

- Georges Debrégeas : - Laissez-moi finir, j’ai ici un texte de l’Observatoire des Sciences et Technologies qui dit “ à l’intérieur de l’Union, la France s’installe sur la troisième marche du podium précédée par l’Allemagne et le Royaume Uni et elle pèse 5,2% de la production scientifique mondiale, niveau quasi-stable depuis 1995 ” [...]
- Philippe Manière : - Vous avez trouvé une source qui diverge. [...] C’est peut-être vous qui avez raison mais vous conviendrez que c’est une source bien divergente. Tout ce qu’on lit et écrit sur le sujet, et tous les gens qui travaillent sur le sujet depuis 5 ou 6 ans constatent que il y a un vrai retard de la France, faut qu’on parle de ces documents que vous avez en main.

Manifestement, l’invité de Philippe Manière n’y connaît rien : il ne fait pas partie de « tous ces gens qui travaillent sur le sujet » ni du « on » qui lit et écrit - ou pérore à la radio - et ressemble étrangement au cercle très fermé des “ experts ” de l’Institut Montaigne : on lit ce qu’on (ou ses amis) écrivent, et on écrit ce qu’on (ou ses amis) liront. Hors de ce cercle, point de salut !

Suivent quelques échanges sur la valeur relative de ce qu’ « on » écrit dans Le Figaro et à l’Institut Montaigne et de ce qu’écrit dans son rapport officiel l’Observatoire des Sciences et Technologies. Jusqu’au moment où Philippe Manière tente de trouver une échappatoire : tout dépendrait de la « manière dont on compte », dans la mesure où, dit-il, « quand un chercheur signe, il ne signe pas toujours au nom de l’Université dans laquelle il est quand il est rattaché à une université, il signe parfois CNRS, il signe parfois pour un organisme de recherche [...] »

Le crime de lèse-Institut Montaigne

Mais le « témoin » invité par Philippe Manière n’est pas d’accord, entend le faire savoir et commet l’irréparable : le crime de lèse-Institut Montaigne.

- Georges Debrégeas : - Là n’est pas la question, est-ce que la façon de compter...
- Philippe Manière [coupe] : - Tout le monde trouve que ça baisse sauf vous...
- Georges Debrégeas [coupe] : - Non, pas tout le monde : l’Institut Montaigne dirigé par Claude Bébéar, président d’AXA, qui lui-même a des intérêts particuliers à l’Université puisqu’un de ses principaux conseillers vient de déclarer qu’il souhaiterait “ faire de chaque étudiant un apprenti ” afin en particulier d’avoir des filières de formations propres à chaque métier.

Philippe Manière n’aime pas que l’on touche à son maître. Les premiers jappements n’ayant pas suffi, il sort les crocs :

- Philippe Manière [énervé] : - Normalement, dans ces Grands Débats, on ne fait pas ce genre de choses alors je peux pas vous laisser faire. L’institut Montaigne, puisque vous voulez que je plaide, est une organisation indépendante...
- Georges Debrégeas : - Mais indépendante de quoi ?
- Philippe Manière : - ...Avec dans le comité directeur autant de gens de gauche et de droite qui n’a jamais pris de positions politiques et si vous, vous en prenez, vous allez me trouver.
- Georges Debrégeas : - Claude Bébéar ne prend pas de position politique ?
- Philippe Manière [simultanément] : - Donc s’il vous plaît vous restez sur le fond du sujet et vous n’attaquez personne sinon je vais m’occuper du cas de votre organisation ! Parlons calmement [sic], vous représentez les chercheurs, je vous invite en tant que représentant des chercheurs, vous parlez comme représentant des chercheurs. Vous n’attaquez pas : on n’en est plus au moment de “ d’où parles-tu camarade ? ” sauf vous peut-être.

Tout y est. Le rappel des règles de la bienséance que l’on édicte soi-même (mais sans les respecter) pour les imposer aux contradicteurs : « On ne fait pas ce genre de choses ». Les menaces : si l’interlocuteur n’est pas là pour ça et prend une position politique (quelle horreur !), il va « trouver  » l’animateur ... apolitique. Et s’il conteste les « expertises » de l’Institut Montaigne, son porte-voix va « s’occuper du cas de [son] organisation ».

Georges Debrégeas est invité comme « représentant des chercheurs », mais uniquement pour témoigner. Et un « représentant des chercheurs », ça ne s’occupe pas des rapports de l’Institut Montaigne sur l’université, ça ne fait pas de politique, ça parle de pipettes et de signatures sur des articles. Parfois, ça grogne, puis ça se calme.

- Georges Debrégeas : - Vous comprenez, vous nous faites une analyse de la situation de la recherche.
- Philippe Manière [en même temps] : - Moi je fais rien, je vous invite ...

Il ne fait rien du tout, pas de politique, il invite des gens de droite et de gauche, il est gentil lui, il aime la démocratie, il n’a rien demandé à personne, il fait juste son boulot de caniche, pourquoi on l’embête...

- Georges Debrégeas : - Mais non vous avez fait une introduction en disant “ tout le monde reconnaît que ”. Je dis que, avant de pouvoir parler de réforme, il faut pouvoir poser des diagnostics. Je dis que ces diagnostics sont orientés. Je dis que l’Institut Montaigne sur ses diagnostics est orienté. Je suis à une radio et à un débat dont l’animateur fait partie de cet Institut, donc je dois d’abord poser les bases...
- Philippe Manière [coupe] : - Mais j’ai jamais dit que j’en faisais pas partie. Je voudrais simplement que vous répondiez aux questions et que l’on parle calmement [sic].
- Georges Debrégeas [simultanément]  : - Il y a un mensonge sur ...
- Philippe Manière [coupe]  : - Si vous êtes là c’est précisément que le débat est contradictoire.
- Georges Debrégeas : - Ne vous énervez pas.
- Philippe Manière : - Ce qu’il faudrait, ce qui serait bien, c’est que vous nous disiez ce que vous pensez au fond plutôt que d’essayer de discréditer les gens qui ne pensent pas comme vous, ce que MOI, je ne fais jamais.

En général, il n’a pas à les discréditer, il a juste à ne pas les inviter, à ne pas en parler.

Philippe Manière est alors sauvé par le gong. C’est la première pause, qui permettra de connaître l’évolution palpitante du CAC-40 dans les dernières 10 minutes. Il en profite pour un petit rappel à l’ordre.

- Philippe Manière : - On va marquer une pause [...] Je vais juste vous demander SVP de cesser les attaques personnelles et d’aller au fond, comme moi je le fais , toutes les semaines, vous allez le faire avec nous... Dans un instant on donne la parole à nos amis représentants des partis politiques, Yves Durand et Daniel Garrigue après cette entrée en matière.

Des attaques personnelles ? Il n’y en a eu aucune. Une simple mise en question de la présentation de l’émission et de l’Institut Montaigne qui la patronne. Heureusement, il y a les « amis représentants des partis politiques », certainement mieux intentionnés que l’importun de service, qui calmement, lui, refuse de servir de potiche décorative.

Une pause et un tunnel

Puisque c’est la « pause », marquons nous aussi une pause. En réécoutant (presque) tout depuis le début : même partielle la transcription a affadi l’étrange agitation de l’animateur de « Grands débats ». Six minutes de bonheur radiophonique [2].

Attention lien erroné. Mais le téléchargement, marche

http://www.acrimed.org/IMG/mp3/bfm_grands_debats_mardi_281106_1.mp3


Format mp3 - Durée : 6’ 15" - Téléchargeable ici

De quoi poser une deuxième question à Georges Debrégeas :


- Acrimed : - Avez-vous été pris au dépourvu par cette attitude ? Cette mobilisation « crescendo » d’interruptions et de menaces, ce comportement colérique assorti d’appels au calme, alors que vous n’en avez jamais manqué.
- Georges Debrégeas : - Surpris du ton, oui. Mais hors antenne, c’est encore mieux : pendant la pause, en off, Philippe Manière se fait de nouveau menaçant : “ ça va mal se passer, si vous me demandez pour qui je vote !. Bizarrement, cette question ne m’était jamais venue à l’esprit. A plusieurs reprises, il me parle de “ vous et vos amis ”, allusion que je saisis mal, mais qui doit être limpide dans le CA de l’Institut Montaigne. Il me signale également, triomphateur, que ce fameux rapport a été rédigé par “ quelqu’un de [mon] bord ” : Philippe Val. Je me demande comment l’infatigable défenseur de la liberté d’expression (de Philippe Val) a pu tomber si bas, mais renseignement pris, il s’agit de Philippe Wahl, l’un des proches “ conseillers ” de Vincent Bolloré... Je n’avais aucune idée que mon “ bord ” allait si loin.

A la reprise, et jusqu’à la pause suivante (le CAC a beaucoup baissé dans cette période), Georges Debrégeas n’aura pas la parole. Philippe Manière la donne à ses « amis représentants des partis politiques. » [3]

Après ce long tunnel, nouvelle pause et nouvel intermède de CAC-40.

Où l’on touche le fond

Philippe Manière est tout requinqué, et prêt à redonner la parole au thermomètre déréglé. Il s’adresse à lui, décidé cette fois à dresser de hauts murs autour de sa prochaine intervention. Il lui faudra une bonne minute pour énoncer la question... et la réponse :

- Philippe Manière : - Alors je voudrais qu’on revienne sur la question que vous avez tous abordée qui est la question de l’articulation recherche/université [...] D’abord je voudrais demander à Georges Debrégeas ce qu’il pense de ce sujet. Y a un diagnostic - vous allez me dire c’est peut-être encore un diagnostic fantasmatique - mais y a des gens qui disent “ un des problèmes qu’on a c’est qu’à la différence de beaucoup d’autres pays du monde, on n’a pas des chercheurs attachés à une université [...] et on n’a pas du coup de pôles universitaires majeurs qui apparaissent, c’était d’ailleurs un peu le point du document que vous avez fustigé tout à l’heure , c’est-à-dire qu’on a peut-être de très bons universitaires, peut-être de très bons chercheurs mais du coup on n’a pas de pôles visibles au niveau mondial [...] Qu’est-ce que vous pensez de cette analyse Georges Debrégeas ?

Une « analyse », rien que ça... Mais au passage Philippe Manière cite enfin ses sources. La réponse figurant dans la « question », Georges Debrégeas tente alors d’orienter la discussion vers le problème des modes de financements. Sans doute pour essayer de montrer les risques d’une prise de contrôle sur la recherche par l’Etat et les entreprises, que défend l’Institut Montaigne. Mais l’animateur, tenace, tente une nouvelle fois de le ramener sur LA question qui le préoccupe au plus haut point : faut-il que les chercheurs signent ou non au nom de leur université...

- Philippe Manière : - Je voudrais qu’on revienne à la question que je posais, est-ce que ce serait mieux, moins bien, d’évoluer vers un système qui est plutôt le système qui existe à l’étranger, où les chercheurs non seulement comme vous le disiez vous-même sont localisés dans l’université mais sont en quelque sorte salariés des universités et portent haut les couleurs de l’Université de telle manière qu’elles aient une visibilité mondiale. Vous avez raison y a des agences partout mais généralement on signe pas au nom de l’agence et on est rattaché d’abord à une université. Le système français de ce point de vue là est assez différent, en quoi ça peut être un avantage ou un inconvénient. Brièvement si vous le voulez bien.

Ce doit être l’un de ces questions « de fond » qui passionnent Philippe Manière, au point que toute tentative de poser les problèmes différemment soulève une colère tout à fait conforme à son rôle d’animateur de « Grands débats ».

- Georges Debrégeas : - Très brièvement, on est tout à fait favorable à ce que l’Université se développe, on veut qu’elle se développe avec une certaine autonomie, autonomie ne voulant pas dire par exemple ce que nous dit le patron d’AXA à savoir que les industriels rentrent dedans et définissent des filières. On veut une vraie autonomie scientifique...
- Philippe Manière [coupe] : - Je ne crois pas avoir entendu ça.
- Georges Debrégeas : - Il l’a dit dans Le Figaro [4]. Le problème n’est pas là, le problème est un problème de principe, est-ce qu’on veut comme vous le dites, une recherche qui soit directement contrôlée par l’Etat et les industriels, ou est-ce qu’on veut une recherche qui soit...

Philippe Manière [coupe] : - J’ai pas dit ça, je vous ai demandé si ...

Georges Debrégeas n’a pas attribué un quelconque propos à Philippe Manière ; il a simplement essayé de poser ce qui est à ses yeux le vrai problème. Mais c’en était trop. A cet instant, tout bascule. L’animateur se redresse sur sa chaise, tire très fort sur sa laisse, et aboie...

- Philippe Manière [très violemment] : - Ecoutez, faut que vous arrêtiez de déformer tout ce qu’on dit sinon on va pas arriver à parler. Je n’ai jamais dit ça, je vous demande s’il est préférable de signer au nom d’une université comme c’est le cas mondial, ou dans le cadre d’une agence comme c’est principalement le cas français. [...] c’est quand même fâcheux que vous essayiez de ne pas répondre aux questions et seulement de discréditer l’interlocuteur .
- Georges Debrégeas (calmement) : - Non, mais je n’ai pas fini...
- Philippe Manière [coupe] : - Ouais, mais le problème c’est que je ne veux pas vous laisser finir. [...]

Vous n’en croyez pas vos yeux ? Alors écoutez :

Attention lien erroné. Mais le téléchargement, marche

http://www.acrimed.org/IMG/mp3/bfm_grands_debats_mardi_281106_2.mp3


Format mp3 - Durée : 1’ 27" - Téléchargeable ici

Comme à l’armée, le chef a toujours raison ! Surtout face à un invité qui refuse de répondre à une question stupide, alors que ça fait cinq fois qu’on lui donne la réponse. Et qui, comble d’outrecuidance, répond politiquement aux prétentions du porte-voix de l’Institut Montaigne dont le caractère apolitique est avéré. C’est ce que Philippe Manière appelle « essayer de discréditer l’interlocuteur » !

A partir de cet instant, Georges Debrégeas n’aura plus la parole : il est au piquet.

Epilogue

Mais, « le Grand Débat » étant une émission moderne, les auditeurs sont invités eux aussi à s’y exprimer. Par une sorte de miracle, tous ces messages confirment les thèses de tous ces “ gens ” qui disent ces choses si raisonnables - et sur lesquelles Philippe Manière n’a aucun avis [5]


- Acrimed : - Et comment s’est achevé ce « Grand débat » ?
- Georges Debrégeas : - En quittant le studio, j’ai eu droit à quelques noms d’oiseaux de l’animateur-think-tanker et en guise de salut, un chaleureux : “ maintenant, vous dégagez tout de suite, dehors ! ”. Je suis alors parti, laissant Philippe Manière reprendre ses esprits pour affronter la question épineuse des intérêts comparés des systèmes de recherche belge et français. Quelques heures après cette émission, Philippe Manière a appelé Alain Trautmann, ancien porte-parole de Sauvons la Recherche, pour lui demander de condamner mon attitude et de prendre des mesures à mon encontre. Sur ce point, je lui reconnais une qualité : il a le sens de la hiérarchie. »

« [...] aller au fond, comme moi je le fais », déclarait Philippe Manière...

Henri Maler

 
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Notes

[1Le site de BFM présente ainsi l’émission : « Pendant 2 heures, avec le directeur général de l’Institut Montaigne, brain-storming, controverse et pédagogie autour de sujets liés aux politiques publiques. De 10h à 11h Philippe Manière et ses invités se posent cette question : « Faut-il réformer ? » et proposent leurs solutions. De 11h à 12h Philippe Manière et ses invités se demandent « Comment font les autres ? », et évaluent les politiques publiques menées à l’étranger. Pour débattre de ces sujets Philippe Manière est entouré d’experts, d’acteurs politiques et de contributeurs de l’Institut Montaigne. ». Le logo de l’Institut Montaigne trône sur la page.

[2A noter que, au cours de « l’échange », Georges Debrégeas confond Caroline Demalet avec Caroline Fourrest.

[3Il tente vainement de faire dire au député UMP que son parti souhaite faire disparaître le CNRS, à coup de “ il y a des gens qui disent ”, “ il y a des pays où ”. Après moult acquiescements et encouragements, la parole est donnée à “ la gauche ” (=le PS). Acquiescements serviles, là encore, de Philippe Manière, qui parvient à illustrer (sans prendre parti) les dires de Yves Durand sur la fuite des cerveaux en jetant à la volée : “ j’ai un mail d’un auditeur qui va exactement dans ce sens ”.

[4Claude Bébéar a effectivement dit cela par la voix de son conseiller Daniel Laurent, dans Le Figaro du 3 octobre : « Au-delà du mécénat qui ferait que le Crédit Agricole financerait une licence en comptabilité analytique ou Nouvelles Frontières un mastère en tourisme, le conseiller de Claude Bébéar pense qu’il faudrait commencer par transformer les étudiants en apprentis. » Il est étonnant que Philippe Manière ne l’ait jamais entendu, Daniel Laurent étant lui-même membre de l’Institut Montaigne.

[5N’ayant aucun avis, il se borne à traduire le sentiment de l’opinion publique sur le débat, en lisant quelques-uns des “ très nombreux messages ” qui lui sont parvenus sur ce sujet “ qui passionne ”. Par une sorte de miracle, tous ces messages confirment les thèses de tous ces “ gens ” qui disent ces choses si raisonnables. L’un des messages - celui de Bruno, ingénieur de recherche - vient même répondre à cette fameuse question qu’il a posée pendant près d’une heure : “ nous sommes freinés par les multiples tutelles ”. Un autre fervent auditeur dont le message a été tiré au sort, suggère à Philippe Manière : “ N’insistez pas, vous ne ferez jamais reconnaître à un fonctionnaire du CNRS que le système français n’est pas le meilleur, et que c’est pour ça que tout le monde nous envie ”.

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