A peine nommé par Rothschild, le patron du quotidien fondé par Jean-Paul Sartre annonce qu’il veut que Libération se démarque de ces « médias [qui] donnent souvent le sentiment de se conduire avec arrogance ou cynisme vis-à-vis des citoyens » et (re)devienne « le porte-parole de la société [1]. » Les proclamations du nouveau patron seraient-elles plus crédibles que celles du ministre de l’Intérieur ? Il est sans doute trop tôt pour le dire. Un faisceau d’indices incite, tout de même, à en douter.
La « maison commune de la gauche » ?
Le 28 novembre 2006, en fonction depuis quelques jours, Laurent Joffrin explique sur France Culture que, dorénavant, Libération serait « la maison commune de la gauche. Toutes les sensibilités doivent s’y retrouver. » La maison commune de la gauche ? En tout cas, la maison commune de la gauche moins les « trotskistes à la triste figure », selon l’expression utilisée dans son éditorial du 22 janvier 2007. A « Mots croisés », sur France 2, (le 5 février 2007), il renchérit : « Le problème, c’est les trotskistes. Y a trop de trotskistes. Combien y en a ? 5, 6, 7, 8 ? » Et, comme on lui répond trois : « C’est trois de trop. » Avant d’ajouter : « Et une stalinienne... Gentille mais stalinienne, heu, comment elle s’appelle ? Buffet ! » Une gauche non communiste donc. Mais également débarrassée des socialistes « archaïques » stigmatisés dans son éditorial du 21 février 2007 : « S’il y a une bécassine, c’est la vieille gauche étatiste, dépensière, irréaliste et « européolâtre » (sic). (...) C’est la vieille gauche qui plombe la candidate nouvelle. Difficile de danser le rock avec des éléphants... »
Dans un livre publié en mars 2007 et intitulé La Gauche bécassine (Robert Laffont), Laurent Joffrin résume ainsi sa conception intensive du progressisme : « le socialisme moderne ne peut pas revenir aux idées anciennes. S’il veut épouser son temps, loin de revivre avec Besancenot ou Emmanuelli les emportements du temps passé, il doit devenir un socialisme de l’individu. » (p. 18) A la lecture de ce même ouvrage, on comprend également que la plupart des syndicats resteront à la porte de la « maison commune de la gauche » : « La CGT, grosse centrale contrôlée jusqu’à une date récente par le Parti communiste, prône toujours un anticapitalisme de principe. Force ouvrière (...) oppose au changement une résistance agressive qui en fait un autre adversaire de l’économie de marché. Les syndicats d’enseignants vivent dans la phobie du capitalisme et dans la détestation des valeurs de l’entreprise privée. Un nouveau syndicat, SUD, trouvant les autres trop mous, en rajoute dans la rigidité conservatrice et la raideur anti-marché. Seules la CFDT et la CFTC, l’une clairement réformiste, l’autre chrétienne et adepte du compromis, soutiennent à l’échelle nationale une politique de réforme de type social-démocrate. [2] » (p.56). Laurent Joffrin rêve-t-il que Libération « pense » comme lui ?
Des syndicats rigides et conservateurs, des communistes « de trop », des « éléphants » qui ne savent pas danser le rock... La « maison » n’est finalement commune qu’au « socialisme moderne » et (pour combien de temps ?) à José Bové... parce qu’il était « ami avec Mitterrand » comme l’a expliqué Laurent Joffrin sur France 2 le 5 février 2007 : « Le mieux, c’est Bové, de loin. Pourquoi ? (...) Il était ami avec Mitterrand. C’est quand même un bon signe, non ? (...) Entre Bové et la gauche, c’est pas du tout incompatible. En fait, il s’arrange toujours à la fin et donc ils vont se désister pour les socialistes et c’est très bien. »
Joffrin, Dély, Thénard : les « éléphants » de Libération
Les options politiques de Laurent Joffrin pourraient ne pas se confondre avec l’orientation éditoriale du journal qu’il dirige. Et celle-ci rester librement ce qu’elle fut. Ce qui est en question, c’est la crédibilité du projet de la nouvelle équipe. Est-ce que Libération change ? Est-ce que Libération peut changer et cesser de donner « le sentiment de se conduire avec arrogance » ? Evolution ou faux-semblant, voire tromperie, un tantinet mercantile, sur la marchandise ?
Certes, tous les articles d’information - notamment sur la campagne électorale - ne sont pas imprégnés par les leçons [3] que les éditorialistes de Libération infligent à leurs lecteurs. Et l’on peut lire, annoncé par la « une », un dossier consacré à « la gauche de la gauche » (le 17 mars 2007) par-ci [4], une enquête sociale à Vierzon, « ancienne cité ouvrière communiste » (le 19 janvier 2007) par-là... Mais cela ne suffit guère à convaincre d’une rupture avec la condescendance dénoncée par Laurent Joffrin lui-même quand il écrit au sujet du référendum : « Beaucoup de journaux, y compris le nôtre, ont voté oui avec de bonnes raisons. Mais en donnant le sentiment de mépriser les partisans du non c’est-à-dire une bonne partie du peuple et des lecteurs » ? A dire vrai, l’impression dominante reste quand même le maintien de cette « ligne rédactionnelle qui mêle conformisme politique, orthodoxie économique et excentricité culturelle [5] » en vigueur depuis 1981 et décrite par Pierre Rimbert dans son ouvrage sur le quotidien, Libération de Sartre à Rothschild.
La nomination de Renaud Dély au poste de directeur adjoint de la rédaction conforte cette impression. Celui qui n’était alors que rédacteur au service politique de Libération a publié en 2006 un livre intitulé Les Tabous de la gauche (Ed. Bourrin) qui vise à « dépoussiérer le logiciel socialiste » et à permettre à la gauche de « rompre avec le mythe de la rupture ». Dély écrit, par exemple : « En 2006, (...) le marxisme et tous ses lointains adeptes continuent d’obstruer les consciences (sic) de la gauche française. Après avoir cautionné tant et tant d’erreurs, justifié de si graves fautes, validé d’innombrables revirements, les communistes et assimilés (trotskistes, gauchistes, altermondialistes, etc.) non seulement n’ont pas “fait repentance”, pratique collective devenue ordinaire dans l’histoire politique contemporaine, mais continuent d’exercer un magistère - discret mais bien réel - sur la conscience de la gauche française. Une sorte de surmoi marxiste se permet de prétendre encore régenter, ou du moins juger, voire invalider, pensées et attitudes du camp réformiste. » ? [6] Le directeur-éditorialiste saura-t-il se démarquer du penseur-essayiste ? On peut s’interroger...
Les éditorialistes de Libération ne se contentent pas de donner des conseils à la gauche socialiste. Ils peuvent aussi donner des coups de griffe à la gauche de gauche. Ainsi Jean-Michel Thénard qui dans son éditorial daté du 16 mars 2007 explique : « Quant aux protestataires, de tradition fixés aux extrêmes, ils sont boudés depuis le début, ils ont trop habitué leur public à leur inutilité pour vraiment intéresser. » L’éditorialiste récidive le lendemain : « Pour n’avoir pas su tirer les dividendes de leurs succès électoraux, les antilibéraux sont aujourd’hui comme les éléphants socialistes : ils peuvent faire perdre Royal mais difficilement l’aider à gagner. » Thénard n’a, semble-t-il, pas entendu le nouveau mot d’ordre du patron, ressassé dans un débat public à Clermont-Ferrand le 9 février : « Y faut pas être arrogant, en surplomb et tutti quanti [7]. » Pour ce qui concerne le « logiciel » (comme dirait Renaud Dély) de sa chefferie éditoriale, on ne peut pas vraiment dire que Libération évolue...
Haro sur les « tabous »
D’autant plus que dans l’ouvrage déjà mentionné (La Gauche bécassine) de Laurent Joffrin (patron, directeur de la rédaction... mais aussi éditorialiste), on retrouve des considérations très semblables à celles du livre de Dély : haro sur les « tabous » (« cette reconnaissance de l’économie de marché, la gauche se refuse toujours à la proclamer. Elle aurait le sentiment de trahir, de se dédire, de se renier. On préfère le double langage et les prosternations. Tabou ! », p.58), haro sur la dépense publique (« Que prévoient les socialistes pour améliorer le fonctionnement de l’école en France ? Toujours plus ! » , p.21) et vive l’entreprise (« les socialistes auront intérêt, le cas échéant, à faciliter la vie des entrepreneurs, par exemple en allégeant certains impôts, en assouplissant certaines procédures. La création et le développement des entreprises sont de l’intérêt bien compris des travailleurs. Pourquoi ne pas simplifier radicalement les procédures administratives imposées aux créateurs ? », p. 69) ! Ce positionnement hyper orthodoxe augure mal de la prise de distance vis-à-vis des « pouvoirs » souhaitée par Joffrin sur France Inter le 17 novembre 2006. Invité de « J’ai mes sources », il explique ce jour-là que, dorénavant, Libération sera « le porte-parole de la société face aux pouvoirs, à tous les pouvoirs, le pouvoir économique, le pouvoir politique, et donc ce journal-là doit exprimer la colère de la société française contre les injustices, les duretés du marché, contre les élites qui se sont abstraites - qui disent qu’il faut toujours moderniser le pays mais qui se sont abstraites des sacrifices à faire. »
Qui croire ? Joffrin-qui-parle ou Joffrin-qui-écrit ? Le pourfendeur des « élites abstraites » ou l’admirateur de la « gauche caviar » ? Le PDG ou l’auteur d’une Histoire de la gauche caviar (Seuil, 2006) ? Un lecteur un peu naïf aurait pu croire que cette « Histoire » présentait une autocritique virulente et sans concession de Joffrin [8]. Une citation extraite du Parisien et reproduite en quatrième de couverture expose le vrai sujet du livre : « Laurent Joffrin retrace l’histoire des aristocrates, grands bourgeois et intellectuels qui ont pris fait et cause pour les plus humbles au risque d’être dénoncés comme traîtres à leur classe. Passionnant. » Jack Lang, Strauss-Kahn et Julliard maquillés en Talleyrand, en Zola, et même en Jaurès : passionnant, vraiment ? Quoi qu’il en soit les amateurs d’essais pourront toujours se délecter de la fin de l’ouvrage qui, après l’étalage de ses états d’âme, se termine... par une saillie contre l’extrême gauche (déjà !) et un éloge du rapport Camdessus, le « livre de chevet » de Sarkozy préconisant pour la France une série de réformes libérales et conservatrices [9].
De « Vive la crise ! » à « Vive l’impôt ! » : d’un « coup » à l’autre »
En février 1984, Laurent Joffrin était journaliste économique à Libération. En février 1984, le quotidien alors dirigé par Serge July publie un supplément intitulé « Vive la crise ! » qui accompagne la diffusion d’une émission d’Antenne 2 présentée par Yves Montand. Celle-ci visait à expliquer que « la crise permettrait de casser les acquis sociaux, de stimuler les jeunes entrepreneurs (Philippe de Villiers fut cité en modèle) [10] ». En février 2007 (le 6), le journal dont Joffrin est devenu le patron titre « Vive l’impôt ! » et s’associe à une pétition contre « la démagogie fiscale ». Celui qui s’est vanté d’avoir été un des « instruments de la victoire du capitalisme dans la gauche [11] » se serait-il tardivement réconcilié avec la dépense publique ? Pas tout à fait.
Il s’agit d’abord d’un coup. Un coup comme ceux que le nouveau patron recherche, ainsi qu’il l’a expliqué à Stratégies (le 1er février) : « Ma stratégie est de continuer à faire des coups, avec des "unes" fortes. Il faut que nous soyons plus agressifs. » Au premier trimestre 2007, en plus de « Vive l’impôt ! », on recense par exemple un numéro spécial Charlie Hebdo - Libération à l’occasion du procès des caricatures (le 07 février), avec des dessins des collaborateurs de Charlie Hebdo et un éditorial de Philippe Val, ou, plus récemment, le 22 mars 2007, à l’occasion du Salon du livre, une édition entière rédigée par des écrivains pour médias (Frédéric Beigbeder, Yann Moix) et des philosophes branchés (comme Slavoj Zizek).
Ce « coup » de « une » est adossé à la pétition « Pourquoi nous consentons à l’impôt [12] » que soutient le journal de Laurent Joffrin. Une pétition qui a été initiée par la « maison commune de la gauche modérée » : Alternatives économiques et « La Républiques des idées », le « think tank » de Pierre Rosanvallon. De ce groupe, on retrouve, parmi les premiers signataires : Philippe Askenazy, Louis Chauvel, François Dubet, Wojtek Kalinowski, Eric Maurin, Dominique Méda, Thierry Pech, Patrick Weil et Pierre Rosanvallon. Un « think tank » qui a les faveurs des médias [13] et qui ne se caractérise pas particulièrement par son hétérodoxie. Le texte de la pétition est ainsi conforme à la modération « bien-pensante » de « La République des idées » : « Le marché est facteur de progrès parce qu’il permet à l’esprit d’entreprise de s’exprimer. Mais les inégalités qu’il engendre sont mortifères pour la démocratie si aucune limite n’est mise à la transmission héréditaire de la richesse. (...) L’Etat doit bien sûr savoir se réformer. Augmenter les impôts n’est pas une fin en soi et la liberté de chacun passe par la libre disposition d’une large part du fruit de son travail. »
De « Vive la crise ! » à « Vive l’impôt ! », il n’y a donc pas exactement rupture. Plutôt un ravalement de façade par temps de campagne électorale. Il s’agit de la même gauche « moderne », celle que Libération accompagne depuis maintenant plus de vingt-cinq ans... Pierre Rosanvallon était, en effet, éditorialiste du journal de Serge July... en 1982. Il y publie alors « tous les quinze jours une pleine page de réflexions économiques en phase avec la conception ‘‘moderne’’ qu’il se fait du syndicalisme : ‘‘Effets pervers des législations sociales’’ (03.02.1982), ‘‘Apprendre l’austérité’’ (03.03.1982), ‘‘Repenser les finalités de la protection sociale’’ (06.10.1982), ‘‘Avez-vous lu Hayek ?’’ (17.03.1982) [14]. »
« C’est fini, il n’y a plus d’autogestion »
La continuité dans le changement se constate également dans le libéralisme managérial de Joffrin Laurent. En 2003, celui-ci se vantait : « Au Nouvel Observateur, je suis le seul à avoir licencié des salariés. A Libération, j’ai résisté à trois grèves générales [15]. » Aujourd’hui, avec son retour comme PDG, « c’est fini, il n’y a plus d’autogestion » explique-t-il au Nouvelobs.com [16] (le 2 février 2007). De fait, le plan Rothschild mis en œuvre par le nouveau PDG et voté par les personnels prévoit l’abandon par la Société civile des personnels de Libération (SCPL) de son droit de veto concernant les grandes décisions touchant au journal : augmentation du capital, filialisation et nomination du PDG.
Les Inrockuptibles ont, par ailleurs, relaté à deux reprises des « incidents » qui semblent révéler le tempérament de manager de Laurent Joffrin.
- Ainsi, le 30 janvier 2007 : « Pierre Marcelle qui n’a pas souhaité profiter du guichet de départ pour quitter le journal, a été publiquement pris à partie par son nouveau directeur : ‘‘ Tu seras un Duhamel populiste, puisqu’il en faut un’’. Et s’est vu signifier que le contenu de sa chronique serait surveillé par la rédaction en chef, ‘‘ censure ou pas ’’. L’affaire a provoqué la colère des syndicats qui ont protesté contre ces ‘‘pressions’’. »
- Ainsi le 6 février 2007, sur une dispute qui aurait opposé le PDG au syndicaliste Karl Laske :« L’inspection du travail s’est saisie de l’affaire et a envoyé un courrier à Laurent Joffrin faisant état de ‘‘ convocations ’’, d’‘‘ envois de courriels ’’, de ‘‘ remises en cause voire d’attaques publiques lors des comités de rédaction ’’, de ‘‘ reproches publics mettant en cause le professionnalisme de certains salariés ’’, de ‘‘ dévalorisations et de harcèlement ’’. Elle s’inquiète de méthodes visant à exercer ‘‘ une pression telle (sur les salariés) qu’ils finissent par partir ‘‘ volontairement ’’ de l’entreprise ’’. Des poursuites pourraient être engagées contre le PDG. »
Le style managérial du patron Joffrin est en phase avec le discours sur la flexibilité et la liberté entreprenariale de l’essayiste Joffrin : « S’il suffisait d’opposer des obstacles au licenciement pour réduire le chômage, la chose serait faite depuis longtemps. La France, qui freine par toutes sortes de mesures la liberté des entreprises dans ce domaine, serait le pays où le chômage sévirait le moins. C’est le contraire qui est vrai : les pays les plus flexibles, en moyenne, sont ceux où la situation de l’emploi est la meilleure. » (La Gauche Bécassine, p. 97)
Il est évidemment trop tôt pour faire le bilan du retour de Laurent Joffrin à la tête de Libération. Les évolutions du quotidien, quelles qu’elles soient, s’apprécieront dans la durée. Mais le changement annoncé semble assez peu vraisemblable tant Joffrin et ses lieutenants ont incarné jusque-là, et encore très récemment, cela même à quoi ils prétendent aujourd’hui vouloir tourner le dos. Dans la mesure aussi où l’« interdépendance entre, d’une part, l’ancrage politique du journal, dont la chefferie éditoriale est fière d’avoir contribué à réhabiliter l’économie de marché dans sa version la plus rude et, d’autre part, les options économiques de l’entreprise, dont la capitainerie gestionnaire a largement ouvert la porte à des capitaux privés [17] » n’est nullement remise en cause par la nouvelle équipe de direction. Bien au contraire.
Grégory Rzepski
Annexe : Laurent Joffrin s’engage...
« J’ai mes sources », France Inter, vendredi 17 novembre 2006, 10h30-11h00, animé par Colombe Schneck, avec Claude Cabanes et Elsa Boublil. Invité : Laurent Joffrin (Transcription : Jean-Michel Perchet & Marcel Cassoudebat)
Après la présentation de Laurent Joffrin en putatif « homme providentiel, sauveur de Libération », l’entretien commence.
- Laurent Joffrin : « Il faut attaquer de front la crise de confiance qui s’est instaurée entre les médias et la population, le peuple si vous voulez. Pour les gens, les médias aujourd’hui c’est devenu une région du pouvoir, ils voient les médias comme quelque chose qui les surplombe. Claude Cabanes parlait par exemple du référendum sur l’Europe. Moi j’ai voté Oui, je ne vais pas m’en cacher... mais les médias ont commis à cette époque-là une erreur tragique, puisqu’ils ont donné le sentiment, même s’ils n’ont pas eu l’intention de le faire, mais ils ont donné le sentiment de mépriser ceux qui n’étaient pas d’accord avec eux. Et donc c’est ça la première chose à faire, c’est de rétablir une confiance. Libération, c’est un journal qui est le mieux placé pour être le porte-parole de la société face aux pouvoirs, à tous les pouvoirs, le pouvoir économique, le pouvoir politique, et donc ce journal-là doit exprimer la colère de la société française contre les injustices, les duretés du marché, contre les élites qui se sont abstraites - qui disent qu’il faut toujours moderniser le pays mais qui se sont abstraites des sacrifices à faire. Et donc là, il y a une mission politique, si vous voulez, qui n’est pas une mission partisane, Libération ça n’a jamais été un journal de parti, ça a toujours été un journal critique à l’égard de... »
- Colombe Schneck : « Ça restera un journal de gauche, engagé à gauche en tous cas ? »
- Laurent Joffrin : « Oh oui, bien sûr, Libération ne va pas mettre son drapeau dans sa poche, ce sera un journal virulent, un journal de combat à certains égards. »