Les médias ne sont pas tout-puissants et n’exercent pas leur puissance, quand elle existe, comme on l’entend généralement. Le sempiternel débat sur « le pouvoir des médias » - parce qu’il n’est ni mécanique, ni autonome ni indifférencié - charrie plus de fausses questions qu’il ne permet d’apporter de bonnes réponses. Mais surtout il masque la diversité des publics, des formes et des pratiques de réception, notamment de la télévision.
Le principal mérite du livre de Brigitte Le Grignou est de proposer non seulement une synthèse très complète des travaux qui se situent « du côté du public », mettant en valeur la multiplicité des approches existantes et leur fécondité, mais aussi une discussion des problèmes qu’ils soulèvent. Un livre de référence, donc.
– Une première partie – « Des publics » - parcourt les principales traditions de recherche sur les figures du public ou des publics, hormis le ou les publics de la télévision. Point de départ de ce premier parcours : les études sur le public de masse. Ou, plus exactement, les représentations du public comme « masse », dont la recherche contemporaine travaille à se défaire : Le public refoulé des “massmédiologues” (Chapitre 1). Puis, l’auteure résume et évalue successivement :
- les recherches sur les publics de lecteur : Lecteurs et lectures (Chapitre 2),
- les publics d’usagers des objets culturels et des « machines à communiquer » : Usagers et usages (Chapitre 3),
- et, enfin les « pratiquants » des cultures populaires : Cultural studies et cultures populaires (Chapitre 4).
– La deuxième partie – « Des téléspectateurs » - est consacrée aux principales traditions de recherche sur les réceptions de la télévision :
- les mesures d’audience : L’audience mesurée (Chapitre 5),
- les observations ethnographiques : Le tournant ethnographique (Chapitre 6),
- les études sur la construction des interprétations des téléspectateurs : Téléspectateurs interprètes (Chapitre 7),
- les études sur les contextes domestiques de la réception : Téléspectateurs à domicile (chapitre 8),
- les études sur les usages sociaux des expériences de la télévision : Télévision en société (Chapitre 9),
- et, enfin, les études sur la réception de la politique télévisée : Téléspectateurs citoyens (Chapitre 10).
– La troisième partie – « Des profanes » - porte sur « la fertilité de la problématique de la réception » dans les domaines
- de la sociologie des pratiques culturelles : L’expérience des profanes (Chapitre11),
- de la sociologie politique : La politique par le bas (Chapitre 12),
- et de l’histoire des idées politiques : « Les livres font-ils les révolutions ? », Retour sur les effets (Chapitre 13).
Henri Maler