L’association « Action-Critique-Médias » - Acrimed -, observatoire des médias constitué notamment de journalistes et de syndicalistes, de chercheurs et d’universitaires s’insurge contre la décision de suppression de l’émission « Staccato » animée par Antoine Spire et diffusée sur France Culture.
Quoi que l’on pense de la formule même de cette émission et de ses limites, ses mérites sont indiscutables : la diversité des thèmes qu’elle aborde et des intervenants qu’elle sollicite, ainsi que le refus des débats convenus - réservés à des interlocuteurs triés d’avance - témoignent d’une intention profondément démocratique. C’est une des rares émissions de radio et de télévision qui se soucie de donner la parole au delà du cercle restreint des habitués des plateaux. C’est une des rares émissions où l’impertinence trouve encore à s’exprimer.
La brutalité de la décision prise fait corps avec l’indécence des motifs invoqués : reprocher à son animateur son « engagement idéologique » (selon les déclarations de Laure Adler rapportées par Libération, le 10 juin) laisse présager une tentative de normalisation et de neutralisation toujours plus prononcée du débat public. La décision et ses motifs, survenant après les menaces qui pèsent sur l’émission « Qu’est-ce qu’elle dit Zazie ? », ne peuvent qu’inquiéter. Comme si « l’engagement idéologique », mais à sens unique cette fois, de la plupart des animateurs de radio et de télévision n’était pas une évidence.
L’Acrimed invite tous ceux qui sont attachés aux formes les plus élémentaires du pluralisme (notamment les artistes et les créateurs, les chercheurs et les universitaires qui ont été invités à « Staccato ») à faire connaître à Jean-Marie Cavada leur indignation contre cette forme de censure à peine masquée.