Une concentration en cache une autre
Alors que les regards sont tournés vers le Midi de la France et la vente des quotidiens de l’arc méditerranéen, le groupe Sipa Ouest-France poursuit tranquillement sa mainmise sur l’information dans une bonne vingtaine de départements.
Sa branche Publihebdos vient d’annoncer son intention de racheter seize hebdomadaires locaux, ce qui portera à cinquante-sept le nombre de journaux de ce type détenus par une même entité. Tous sont situés dans une zone géographique s’étendant de Dieppe à La Rochelle et de Brest à la Seine-et-Marne, là où le groupe Sipa Ouest-France possède également cinq quotidiens régionaux, des parts dans trois télévisions locales (à Nantes, Rennes et Angers), un réseau de radio (Hitwest) et affiche une présence soutenue sur Internet, via les sites Ouest-France.fr et maville.com.
Le Syndicat National des Journalistes, premier syndicat de la profession, estime que cette réunion, au sein d’un même groupe, de médias différents et de titres dont certains en concurrence directe, constitue une nouvelle atteinte au pluralisme dans l’Ouest. Il y voit le risque d’un appauvrissement de l’offre de lecture, de réduction des emplois et d’une perte de crédibilité des rédactions.
Majoritaire chez les journalistes du groupe Sipa Ouest-France, le SNJ s’attachera à ce que cette nouvelle opération de concentration ne se fasse pas au détriment des contenus rédactionnels, de l’emploi et de l’indépendance éditoriale de chaque titre, qu’il soit visé par le rachat ou déjà présent au sein de Publihebdos.
Face aux appétits des nouveaux papivores, la reconnaissance par la loi de l’indépendance des équipes rédactionnelles vis-à-vis des propriétaires des entreprises de presse, réclamée par toute une profession et sur laquelle les Pouvoirs publics restent hélas muets, est une priorité qui s’applique à tous les journaux, quelle que soit leur taille.
Paris, le 30 août 2007