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Quand Serge July et Marie Drucker papotent sur 68 (vidéo)

Privé de sa participation permanente à l’émission « France Europe Express », pour cause de suppression de cette émission patronnée par Christine Ockrent (remplacée par « Duel sur la 3 » patronnée par la même), Serge July est revenu sur France 3 : pour se livrer à une brillante prestation le 23 octobre 2007, à l’invitation de la rédaction du Soir 3 et parler de 68… et de n’importe quoi.

Nul ne lui en contestera le droit. Mais que Marie Drucker lui serve la soupe pour l’aider à enfouir la révolte étudiante et, surtout, le plus grand mouvement gréviste de l’histoire de France, fallait le faire !

Extraits du papotage :

Enfin la lumière fut !

À l’ombre de « l’insurrection »

- Marie Drucker  : - « Vous êtes là parce que vous publiez demain avec Jean-Louis Marzorati chez Hoëbeke « La France en 1968 ». Pourquoi un livre sur 68 ? »
- Serge July : - « (...) C’est Lionel Hoëbeke qui a eu cette idée. D’abord, c’est une jolie idée de pas faire un livre sur 68, mais un livre sur... de photos sur comment était la France il y a 40 ans. A quoi elle ressemblait : la mode, les boutiques... la vie quotidienne, tout ça. Donc c’était une jolie idée, et il m’a demandé de faire un texte pour l’introduire. Voilà donc c’est ce que j’ai fait et je trouvais que c’était une bonne occasion, un peu si j’ose dire avant les cérémonies, avant qu’il arrive… ».
- Marie Drucker : - « Voilà, comme ça c’est fait ! » (rire)
- Serge July : - « Oui, c’était une bonne occasion, j’avais un certain nombre de choses à dire, voilà ! »
- Marie Drucker : - « Oui, vous dites : « la vie en 68 », parce que c’est vrai que les images des émeutes, de l’insurrection [sic] , souvent font de l’ombre... »
- Serge July : - « ... et ses clichés ! »
- Marie Drucker : - « ... font de l’ombre à la vie à ce moment-là : la musique, le cinéma, la mode, etc. Que reste-t-il de cet aspect-là aujourd’hui ? »

Ce qui reste de 68 ? Le divorce de Sarkozy

- Serge July : - «  Pfff !!! J’ai envie de vous dire : 1000 choses, mais il reste... Je pense par exemple au divorce de Nicolas Sarkozy, je trouve ça formidable que ça se passe comme ça ! »
- Marie Drucker : - « Formidable, c’est-à-dire ? »
- Serge July : - « Ben, qu’un président de la République puisse divorcer ! Que ce soit finalement un homme comme tout le monde ! »
- Marie Drucker (incrédule ?) : - « Ça, c’est un héritage de 68 ? »
- Serge July : - « Alors, est-ce que c’est grâce à 68 ? Non, faudrait pas exagérer, mais les Américains n’en reviennent pas finalement que ça se passe... même les Britanniques. Donc il doit y avoir quelque chose comme ça, un... Non, moi, j’ai pas l’idée que 68 à... c’est la source de... du bonheur absolu dans toute la société. J’ai fait le texte, je vais vous dire : la première chose c’était de dire que 68 c’est mondial, c’est pas français. […] »

De la musique (et Johnny Hallyday) avant toutes choses

- Serge July : - « […] L’année 68... 68... il se passe énormément de choses. M’enfin, ça commence aux Etats-Unis, au début des années 60. Voilà. La musique joue un rôle énorme là-dedans. Les visionnaires, les révolutionnaires... des années 60, parce qu’il faut plutôt parler des sixties plutôt que (...) de 68 en particulier, c’est Bob Dylan, ce sont les Beatles, les Stones, beaucoup d’autres... Mais c’est aussi en France. C’est moins la musique, même si on a Johnny Hallyday , et d’autres, mais on voit bien que le jazz joue un rôle très important dans la fin des années 50, début 60. Et puis en France on a la nouvelle vague ! On a le nouveau roman, la nouvelle vague... C’est ça les révolutionnaires de 68, si on veut, des années 60 ! Jean-Luc Godard l’est assurément plus que d’autres. »

Papy fait de la résistance contre Sarkozy

- Marie Drucker : - « Vous dites qu’à chaque campagne on reparle de 68, que la gauche et la droite chacun à sa façon tirent à boulets rouges sur 68. Même Nicolas Sarkozy a voulu prendre de l’avance. C’est pas Mai 68, c’était mai dernier pendant la campagne présidentielle (...) »

Nicolas Sarkozy, meeting du 29 avril (et non pas mai) 2007 : « Les héritiers de mai 68 avaient imposé l’idée que tout se valait. Qu’il n y avait donc désormais aucune différence entre le bien et le mal. Aucune différence entre le vrai et le faux, entre le beau et le laid. Ils avaient cherché à faire croire que l’élève valait le maître. La victime comptait moins que le délinquant. Ils avaient cherché à faire croire qu’il ne pouvait exister aucune hiérarchie de valeurs. D’ailleurs il n’y avait plus de valeurs, plus de hiérarchie. Ils avaient réussi, il n’y avait plus rien du tout, et même eux, c’était pas grand-chose ! »

- Serge July (après une évocation du Général de Gaulle dont le rapport avec le discours de Sarkozy nous est resté incompréhensible, réplique sur le fond) : - « C’est un vieux réflexe dans la politique française, qui consiste à brandir Mai 68 pour faire voter les plus de 60 ans. Mais il se trouve que les soixante-huitards ont 60 ans maintenant ! Depuis le temps qu’ils étaient le baby-boom, ils sont le papy-boom ! (...) Et donc ils vont partir à la retraite. Et j’ai noté que Nicolas Sarkozy avait très envie qu’ils partent pas tout de suite à la retraite puisqu’il voudrait qu’on cotise plusieurs années supplémentaires – ce que je trouve normal par ailleurs. Mais donc on va pas partir ! (...) ».

Ce qui reste de 68 ? Serge July aussi...

 Avec Ricar à la vidéo et Johann à la transcription.

 
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