Confronté à Denis Balbir et d’autres spécialistes de l’arbitrage, Didier Roustan a bravement livré bataille… Encore un document « Cahiers du football » pour les archéologues du futur.
Didier Roustan, on l’aime encore ou on ne l’aime plus, mais force est de reconnaître que par les temps qui courent, il dégage les bronches. Après sa bonne performance lors de l’Euro sur W9, nous devons de nouveau lui taper affectueusement dans le dos pour sa saine interpellation de ses confrères dans le studio d’Europe Foot, sur Europe 1 lundi soir [15 septembre].
Round 1 [3]
On écoute (Acrimed), avant une transcription partielle.
- Denis Balbir : - « Ben d’abord, je dirais que les bons arbitres sont partis, ou il en reste très très peu, à mon sens, même s’ils peuvent encore se tromper, les Layec, Bré, Ennjimi, qui sont les trois meilleurs, c’est ce qui reste comme arbitres de haut niveau en Ligue 1… »
- Alexandre Delpérier : - « Mais tu te rends compte ! Il y a dix matches de Ligue 1 chaque week-end ! Trois sur dix matches, ben inch’allah ! T’as plus qu’à prier en début de match". »
- Denis Balbir : - « Tout à fait ! Ben c’est ce qu’on fait ! C’est ce qu’on fait ! On prie au début de chaque match, enfin surtout les entraîneurs, j’imagine, et les joueurs, parce que ce qui s’est passé à Lyon, moi, de mémoire de fan de foot ou de journaliste, peut-être Étienne peut en témoigner, j’ai jamais vu L’Équipe titrer comme ça : ‘Nice a été volé’ aussi crûment, et de manière aussi véritable, de manière aussi véritable parce que c’est la vérité… »
- Didier Roustan : - « Ça, c’est un signe des temps, et je trouve que c’est honteux ce titre de L’Équipe. »
- Denis Balbir : - « Ah ben non ! Non, non ! C’est la vérité ! »
- Didier Roustan : - « Ben je trouve que c’est honteux. »
- Denis Balbir : - « Ben c’est la vérité ! Si la vérité est honteuse, ben c’est honteux alors ! »
- Didier Roustan : - « C’est beaucoup trop facile… »
- Denis Balbir : - « Ben c’est trop facile, Didier, attend, arrête un peu ! »
- Didier Roustan : - « Mais laisse-moi terminer Denis, je vais t’expliquer pourquoi c’est trop facile ! »
- Denis Balbir : - « Ben d’accord alors, vas-y ! »
- Didier Roustan : - « Pourquoi c’est trop facile ? Parce que si tu dis que Nice a été volé à Lyon, il a été volé par qui ? C’est pas par le moineau ou le gardien du stade, c’est par l’arbitre ! »
- Denis Balbir : - « Ouais. »
- Didier Roustan : - « Donc l’arbitre est un voleur. »
- Denis Balbir : - « Ben sur ce coup-là, oui, tout à fait ! »
- Didier Roustan : - « C’est logique : l’arbitre est un voleur. Donc toi, tu pars du principe que l’arbitre a été un voleur. Eh bien je ne suis pas d’accord. »
- Denis Balbir : - « Ben c’est bien. »
- Didier Roustan : - « Et je trouve que ce titre est scandaleux, parce qu’à ce rythme-là, dans deux trois ans, on dira… »
- Denis Balbir : - « Meuuuh non ! Arrête un peu ! »
- Didier Roustan : - « ...On dira pas ‘Nice a été volé à Lyon’ on dira ‘L’arbitre a volé Nice’… »
- Denis Balbir : - « Mais arrête un peu ! Pour une fois que la presse française dit la vérité, se met au diapason des presses étrangères… »
- Didier Roustan : - « Mais c’est pas la vérité ! L’arbitre n’est pas un voleur ! Non ! Non, non, non, non ! »
- Denis Balbir : - « Sur ce coup-là il a été mauvais, et tout ce qu’il est capable de faire, c’est de dire ce matin dans la même journal : ‘le penalty ne s’imposait pas’, ben merci ! Alors qu’hier soir, il refuse de s’exprimer ! La moindre des choses, c’aurait été de dire : ‘J’attends les images, je m’exprimerais après, mais je n’ai rien à dire pour l’instant‘ ! Le gars, il passe dans le couloir en baissant les yeux, ben oui, bien sûr ! »
- Didier Roustan : « Putain, mais va arbitrer ! Putain, mais va arbitrer ! C’est facile ! Va arbitrer ! »
- Denis Balbir : - « Justement Didier, tu te trompes parce que j’arbitre ! J’arbitre des équipes de jeunes, et j’ai arbitré les équipes de Canal quand j’y étais… »
- Didier Roustan (mort de rire) : « C’est un peu différent, les équipes de Canal ! »
- Denis Balbir : - « Ben tu me dis va arbitrer, c’est pas différent, parce que quand tu arbitres José Touré, et quand tu arbitres des anciens professionnels, c’est pareil ! C’est pareil, les mecs ils veulent gagner ! Tu me dis va arbitrer ! Tu me dis va arbitrer ! »
- Didier Roustan : - « Mais ça n’a rien à voir ! »
- Denis Balbir : - « Mais ça n’a rien à voir ?! Mais moi je suis pas payé pour arbitrer ! Je suis pas payé pour arbitrer ! Ben non, mais c’est facile de dire ‘fais ci, fais ça’ donc euh, voilà ! Moi je suis pas payé pour arbitrer ! »
- Didier Roustan : - « Mais c’est pas facile ! C’est simplement pour que tu réalises l’ampleur… »
- Denis Balbir : - « C’est pas facile d’être à trois mètres du joueur qui fait soi-disant main volontaire ?! C’est pas facile de dire y’a pas penalty ?! Mais arrête un peu ! Arrête un peu ! C’est pas facile ?! »
- Didier Roustan : - « Mais tu crois que c’est si facile, quand tu es à la quatre-vingt douzième minute, et cætera !? Mais alors vas-y ! »
- Denis Balbir : - « Mais allez, arrête ! Arrête ! Mais arrête un peu ! Arrête ! Arrête ! »
- Didier Roustan : - « Mais alors c’est tous des abrutis ! C’est tous des aveugles ! »
- Denis Balbir : - « J’ai pas dit que c’étaient tous des abrutis ! Sauf que lui, il s’est trompé… »
- Didier Roustan : - « En tout cas c’est des voleurs… »
- Etienne Moatti : - « Si on a titré de manière aussi claire… »
- Didier Roustan : - « Oui, défends ton journal, défends-le, t’as raison… »
- Etienne Moatti : - « Je défends mon journal, et en plus je le fais avec facilité. Tout le monde a bien vu sur ce match, que c’est venu après une série de problèmes dans l’arbitrage français qui date d’il y a assez longtemps ; il y a eu trois erreurs grossières dans ce match, donc si on peut pas considérer que Nice… »
- Didier Roustan : - « L’arbitre est donc un voleur. »
- Etienne Moatti : - « L’arbitre n’est pas un voleur, c’est la situation qui fait que Nice a été en position d’être spolié, d’être volé, dans ce match ! Je crois que c’est tout à fait clair, tout le monde l’a vu ! »
- Didier Roustan : - « Non : l’arbitre est un voleur. Nice a été volé à Lyon. Par qui ? Par l’arbitre. »
- Etienne Moatti : - « On n’a jamais écrit que l’arbitre était un voleur. »
- Didier Roustan : - « Laisse tomber ! Parce que vous n’avez pas encore les couilles pour aller jusqu’au bout de votre logique ! Et dans trois ans vous l’écrirez ! »
[…]
Round 2 [4]
- Denis Balbir : - « C’est un problème de compétence, on y revient toujours. Moi je pense que les choses ont changé, et pas en bien parce que c’est vrai qu’il y a quand même eu des arbitres, des Vessière, Garibian, Sars… »
- Alexandre Delpérier : - « Ca fait combien de temps que tu commentes, Denis, combien d’années ? »
- Denis Balbir : - « Dix-sept. »
- Alexandre Delpérier : - « T’as pas le sentiment que c’est de pire en pire ? »
- Denis Balbir : - « Si, ben si, moi je le dis clairement, je pense que c’est de pire en pire. »
- Alexandre Delpérier : - « Didier, pour toi est ce que c’est pire qu’avant, et qu’est ce qui ferait que c’est pire aujourd’hui ? »
- Didier Roustan : - « Je voudrais juste revenir sur la finale de la coupe de France 73, ou Robert Wurtz, notre meilleur arbitre français, et qui était quelqu’un qui était proche des joueurs, il y a eu trois buts, et sur les trois buts, il y en a deux qui ont été marqués avec l’aide de la main. Donc ce que je veux dire, c’est que des erreurs comme ça qui peuvent te paraître grotesques… »
- Denis Balbir : - « Ben y’en a depuis 1940 ! Quel intérêt de ressortir 73 j’veux dire ?! Tu veux dire qu’il y a des erreurs tous les ans ? Ben oui ! »
Nouvel extrait sonore [5], suivi de sa transcription partielle.
- Didier Roustan : - « C’était une finale de Coupe de France. Tu as vu le tollé de la finale de la Coupe de la Ligue, qui n’est pas une finale de Coupe de France, avec ce penalty, où il y a peut être une petite faute, où on pouvait ou pas l’accorder ? Imagine si en 73 il y avait les mêmes médias, les mêmes émissions, si L’Équipe était comme ça… Parce que là, c’est Wurtz qui était un voleur, tu comprends ce que je veux dire… »
- Denis Balbir : [Soupir de désapprobation].
[...]
- Didier Roustan : - « Tout est beaucoup plus compliqué, et tout est observé à la loupe. »
Round 3 [6]
- Didier Roustan : - « Tu peux pas être un grand journal de football et dire ‘Nice volé à Lyon’ ; mais c’est bien, ça fait vendre, y a du sang, du truc et tout… Et puis un de ces quatre matin… Non, c’est bien, continuez, super ! »
[…]
Dernier extrait sonore (Acrimed), suivi de sa transcription partielle.
- Didier Roustan : - « L’arbitre se trompe sur des faits de jeu, mais là, jamais L’Équipe ne va dire : ’Juninho est un voleur’. Parce que Juninho est un voleur, et volontairement ! Alors c’est dans le jeu et tout, mais lui il n’y a pas de problème, lui, il passe entre les gouttes. »
- Etienne Moatti : - « Mais comment tu peux dire : L’Equipe ne va jamais dire ?! Est-ce que tu lis vraiment l’Equipe ? Il était écrit tout le week-end que Juninho est un habitué des simulations… »
- Didier Roustan : - « Oui, en petit… »
- Etienne Moatti : - « Mais non pas en petit. »
- Didier Roustan : - « Mais bien sûr que c’est en petit ! Jamais j’ai vu ‘Juninho est un voleur’ à la Une, et Juninho est un voleur ! »
- Denis Balbir : - « C’est dans le compte-rendu du match que ça a été écrit. »
[…]
- Didier Roustan : - « Vous avez raison sur certains points, mais je trouve que vous êtes très racoleurs et tout, mais ça c’est votre problème, y’a pas de souci… »
- Denis Balbir : - « Y’a pas de racolage en disant la vérité ! »
- Didier Roustan : - « Non, en disant ‘Nice volé à Lyon’… »
- Denis Balbir : - « Ben non, y’a pas de racolage ! Aucun ! »
– Transcription par les Cahiers du football. Illustrations sonores par Michel d’Acrimed
– On trouve, sur le site des Cahiers du football, deux rubriques souvent très intéressantes br>
- Le journalisme sportif en 10 leçons br>
- Les médias et les journalistes